Saints Pierre et Paul

Pierre avait reçu plusieurs faveurs de Jésus, et se croyait au-dessus de la mêlée :
Pêcheur du lac de Galilée, c’est dans sa maison que Jésus se sentait chez lui.
Avec Jacques et Jean, les deux autres disciples préférés, ils reçurent la grâce de la Transfiguration.
Nous venons d’entendre dans l’évangile Jésus demandant « pour vous, qui suis-je ? » Pierre répond le premier et reçoit les clés du Royaume dans une annonce solennelle : Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église.

Paul faisait un bon pharisien, modèle de rigueur religieuse et de pratique  consciencieuse de toute la Loi.  Il énumère ses titres de gloire lorsqu’il écrit aux Philippiens (3,5) :
Circoncis le huitième jour, de la race d’Israël, de la tribu de Benjamin,
Hébreu, fils d’Hébreux ;
pour l’observance de la loi de Moïse, j’étais pharisien ;
pour ce qui est du zèle, j’étais persécuteur de l’Église ;
pour la justice que donne la Loi, j’étais irréprochable.

Tels furent les deux saints que nous célébrons aujourd’hui.  Telle leur face humaine glorieuse.  Mais il y eut également la face plus sombre.

De suite après avoir reçu les clés du Royaume, Pierre se croit autoriser à reprendre Jésus lorsqu’Il annonce pour la première fois sa mort prochaine, au point que Jésus le tance vertement : Arrière Satan… (Mt 16,22-23).
Pierre fut toujours le premier à intervenir, le premier à affirmer son attachement à Jésus, le premier à promettre qu’il restera fidèle.  Il fut le premier à dégainer son épée pour protéger Jésus de la milice envoyée par les prêtres et les scribes.  C’est lui qui coupa l’oreille d’un des soldats… Mais il n’était pas meilleur que les autres… lorsque Jésus fut arrêté en emmené, Pierre aussi s’enfuit piteusement.  Même s’il revint ensuite, par curiosité pour voir comment tout cela se terminerait.  C’est ainsi qu’il fut le premier à renier le maître, et par trois fois.  Mais aussi le premier à pleurer amèrement.

Paul, combattit avec toute la force de son caractère et toute la conviction de son bon droit les premiers disciples de cette nouvelle « voie » qui faisait déjà des émules.  Alors qu’il terminait sa formation pharisienne aux pieds de Gamaliel (Ac 22,3), lorsqu’Étienne fut lapidé, les Juifs avaient déposé leurs vêtements au pied de ce jeune homme qui approuvait le meurtre (Ac 7,58 ; 8,1).  Après ces événements une persécution féroce éclata contre l’Église de Jérusalem.  Les Actes des Apôtres nous rapportent comment Paul fut un des leaders de ce mouvement de défense de la vraie religion juive.  Mais, après sa conversion, Paul n’hésite pas à affirmer :
Et en tout dernier lieu, il (le Christ) est même apparu à l’avorton que je suis(à moi qui) ai persécuté l’Église de Dieu (1Co 15,8-9).
Lorsque Paul se définit comme l’avorton, il utilise un terme inconnu en français.  Alors qu’il n’était pas encore né à la foi en Jésus,  essaya par tous les moyens de tuer l’Église, tel l’enfant dans le sein de sa mère voulant tuer celle qui le porte et le nourrit… L’enfant à naître assassin de sa mère…

Les fautes des deux apôtres n’empêcha pas Jésus de leur donner une tâche bien précise.  Rappelons-nous le repas sur les bords du Lac de Galilée où Jésus par trois fois demande : Pierre m’aimes-tu ?  puis lui donne sa tâche : sois le berger de mes brebis (Jn 21,15-19).
De même pour Paul dont Jésus veut faire une cheville ouvrière de l’Église naissante ;   Le Seigneur dit à Ananie : Va ! car cet homme est l’instrument que j’ai choisi pour faire parvenir mon nom auprès des nations, des rois et des fils d’Israël (Ac 9,15).

Ils furent de grands apôtres de l’Église naissante, mais avec des souffrances, des persécutions, comme le dit encore Jésus :
à Pierre : quand tu seras vieux, tu étendras les mains, et c’est un autre qui te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller (Jean 21,18).
à Paul : je lui montrerai tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom (Ac 9,18).

C’est ce que Paul rapporte lui-même dans la seconde épître aux Corinthiens :
Cinq fois, j’ai reçu des Juifs les trente-neuf coups de fouet ;
trois fois, j’ai subi la bastonnade ; (et la suite)  (2Co 11,25-26).

Plus loin dans la même épître, il dit avoir supplié le Seigneur de lui ôter l’écharde dans la chair, il lui fut répondu : Ma grâce te suffit, car ma puissance s’accomplit dans la faiblesse (2Co 12,9).

L’extrait de la seconde épître à Timothée que nous avons entendu en seconde lecture, Paul fait le bilan de sa vie, sachant que sa fin est proche, en écrivant :
le moment de mon départ est venu.  Je me suis bien battu,
j’ai tenu jusqu’au bout de la course, je suis resté fidèle (2Tim 4,6-7).

Pierre et Paul rendirent finalement le plus grand témoignage, le  témoignage du martyre, à Rome, comme couronnement d’une vie bien remplie, comme nous le rappellera la préface de ce jour.

Nous qui sommes pécheurs comme les apôtres, appelés à faire des choses moins grandes que les apôtres, invités à partager la gloire de tous les saints avec les apôtres, demandons dans cette eucharistie la grâce de la persévérance dans les moments difficiles.  Le Seigneur exauce toujours, mais pas nécessairement comme nous le demandons.

Frère Bernard-Marie

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