Pierre et Paul
C’était après la mort de Jésus. Les disciples ne restèrent pas en un groupe compact à Jérusalem comme les Actes des Apôtres le laissent entendre. Tout comme du temps où Jésus était avec eux, la vie quotidienne s’organisa selon les affinités de disciples. Jean-Marc avait une maison à Jérusalem, non loin de la Chambre Haute, maison qu’il mettait à la disposition des disciples lorsqu’ils montaient à Jérusalem.
Pierre, Thomas, Nathanaël et les fils de Zébédée retournèrent aux bords du lac de Galilée et élièrent domicile dans la maison de la belle-mère de Pierre. C’est ainsi qu’on retrouve ces disciples, avec deux autres, partis à la pêche comme à leur habitude. Cette fois encore, ils ne prirent rien de la nuit, jusqu’à ce que Jésus leur apparut sur le rivage et leur procura une pêche miraculeuse (Jn 21,1-6).
La maison de Pierre au bord du lac devint rapidement un lieu-souvenir de la vie de Jésus. Les croyants prirent l’habitude de s’y réunir pour rompre le pain (Ac 2,46) en communion avec le Ressuscité, tout comme en d’autres lieux que Jésus avait fréquentés.
En l’an 41, comme nous le rapporte la première lecture de ce matin, Pierre fut emprisonné à Jérusalem à l’occasion de la fête de la Pâque, après la mise à mort de Jacques, l’un des fils de Zébédée. Après sa libération miraculeuse, Pierre s’en alla, comme beaucoup d’autres disciples, loin de Jérusalem et de ceux qui voulaient la mort de la nouvelle religion, pour n’y revenir que pour quelques grandes occasions.
Paul quant à lui faisait partie de la frange juive la plus radicale qui voulait à tout prix éradiquer cette nouvelle croyance autour de Jésus le Nazaréen. Sur la route qui devait le conduire à Damas pour y sévir, il fut interpellé par Jésus lui-même et se mit immédiatement au service du Christ.
Pierre et Paul, grands pécheurs devant l’Éternel, ont longtemps médité leurs actes et la réponse personnelle reçue du Ressuscité. Sur les bords du lac de Galilée Pierre reçut l’ordre de paître les brebis de Jésus. Mais ensuite Jésus lui prédit :
Quand tu étais jeune, tu nouais ta ceinture et tu allais où tu voulais ; lorsque tu seras devenu vieux, tu étendras les mains et c’est un autre qui nouera ta ceinture et qui te conduira là où tu ne voudrais pas. (Jn 21,18)
De même pour Paul qui reçut cette parole énigmatique d’Ananie :
Va, car cet homme m’est un instrument de choix pour porter mon nom devant les nations païennes, les rois et les Israélites. Moi-même, en effet, je lui montrerai tout ce qu’il lui faudra souffrir pour mon nom. (Ac 9,15-16)
Tous deux se rappelèrent leur faute antérieure. Pierre le triple reniement la nuit de l’arrestation de Jésus, malgré la parole prophétique de Jésus le concernant que nous avons entendue dans l’Évangile de ce matin. Paul quant à lui ne se remit jamais d’avoir persécuté l’Église, lui qui s’appelle « le matriciel » ou « le matricide », celui qui voulait assassiner sa mère alors qu’il était encore dans son sein… (1Co 15,18)
Pierre que Jésus institua pasteur de ses brebis (Jn 21,15-17), détenteur des clés du Royaume (Mt 16,19). Paul qui fut envoyé annoncer la Bonne Nouvelle aux nations païennes (Ac 9,15)… Chacun subit la persécution, de ses coreligionnaires d’abord, des païens ensuite. Tellement différents à certains points de vue, tellement similaires sous l’action de la grâce du Christ qui les a appelés… tous deux rendirent le plus beau témoignage, le témoignage du martyre (Préface pour les Martyrs). Enfin, c’est à Rome qu’ils furent suppliciés sous le même empereur sanguinaire, Néron.
Jusqu’à ce jour, à Rome, tous deux sont vénérés, et les croyants des siècles successifs s’en sont donné à cœur joie de bâtir sur leur tombe une basilique magnifiant la grandeur de la foi au Christ. Pierre repose sous l’autel majeur de la Basilique Saint Pierre au Vatican, tandis que Paul repose, lui, sous l’autel majeur de la Basilique Saint Paul hors les Murs, également à Rome.
Que l’intercession des saints apôtres Pierre et Paul nous donnent la confiance, la persévérance à répondre à notre vocation malgré nos fautes, malgré nos lâchetés. Dieu est glorifié dans ses saints.
Frère Bernard-Marie