Quatrième Dimanche de l’Avent, Année A

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Is 7, 10-16; Rom 1, 1-7; Mt 1, 18-24.
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Si Dieu venait nous proposer un signe, comme il le fit par l’intermédiaire du prophète Isaïe, dans la première lecture, nous n’aurions certainement pas les hésitations du roi Acaz! Lequel d’entre nous, en effet, n’a, un jour ou l’autre, réclamé un signe du ciel, pour reprendre confiance dans un moment d’épreuve, ou plus simplement, pour accomplir la chose difficile qui lui était demandée? Comme tous nos contemporains, nous sommes avides de signes, de prodiges, de merveilleux. Le quotidien nous fait peur, nous ennuie.

Sans doute est-ce la raison pour laquelle nous sommes tellement fascinés par tout ce qui sort un peu de l’ordinaire, tous ces gens qui ont un destin hors du commun, qui s’étale dans nos journaux et nos revues. Et, d’une certaine façon, la sainteté elle-même n’échappe pas à ce besoin de merveilleux, de sensationnel, qui nous détourne un instant du simple déroulement de nos journées. La fête de Noël, avec tout ce qui l’entoure, s’est parée elle aussi de cette aura scintillante et exceptionnelle.

Et pourtant, lorsque nous relisons les passages des Evangiles qui nous annoncent la naissance du Fils de Dieu en ce monde, quelle n’est pas notre surprise! En effet, nous sommes plongés dans un univers presque confidentiel, où tout se passe à demi-mots, sans bruit, sans éclat. Dieu parle au coeur de Joseph, dans un songe. Le signe promis par le prophète Isaïe est tout aussi secret. Suprême paradoxe, c’est loin de la rumeur, des lieux de pouvoir et de décision, que se joue le destin du monde.

Qui, en effet, se souvient encore de ceux qui régnaient en ce temps là, de ceux qui comptaient, de ceux qui avaient de la notoriété, de la richesse, du prestige? Si quelues noms sont restés dans notre mémoire, c’est simplement pour venir situer le nom de Jésus dans l’histoire humaine. Quel paradoxe! Lorsque Dieu vient, cela passe inaperçu, mais pourtant, avec le recul du temps, c’est le seul événement qui demeure, lorsque tout le reste s’est évanoui.

N’en faisons-nous pas nous-mêmes parfois l’expérience, dans notre propre vie? Avec le recul du temps, ce qui nous paraissait important, essentiel, vital, sombre dans l’oubli le plus total, alors que des choses infimes, des rencontres très brèves, de simples paroles, nous marquent pour la vie! Nous L’attendions dans le bruit du tonnerre et le tremblement de terre, et voilà que Dieu vient à nous dans les petites choses de la vie, un regard, un sourire, un silence.

La fête de Noël est en quelque sorte la répétition annuelle de cette grâce des petites choses. Bien vite, très vite, seront oubliés les cadeaux les plus originaux, les menus les plus inattendus, les décors les plus somptueux. Notre coeur se lasse vite de ces choses. Mais il y a une grâce de Noël, plus subtile, plus légère, infiniment plus douce et plus profonde, qui demeure, lorsque les rumeurs de la fête se sont tues. Cette grâce de Noël, Dieu la pose sur notre route comme ces petits cailloux blancs qui finissent par tracer un chemin, dans le dédale et le chaos de nos vies.

Chaque année, à travers le chant de la divine liturgie, le Seigneur nous enseigne ce chemin des petites choses, des signes secrets et pourtant si familiers, qui mènent à Lui. En cette veille de Noël, laissons-nous guider par Lui sur cette voie où toute chose ne cesse de proclamer Son Nom, au Ciel et sur la terre!

 

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