Quatorzième Dimanche du Temps Ordinaire

Pas aux sages ni aux savants, mais aux tout petits : à qui donc Dieu veut-il se révéler ? N’est-ce pas pourtant à tout homme ? N’est-ce pas chacun de nous qui est visé sous le mot « tout petit » ? N’est-ce pas le cœur de tout homme que Jésus « doux et humble de cœur » vient rencontrer ?
Le point où Dieu nous rejoint n’est pas l’exercice de notre intelligence ou de notre intuition. Et pas davantage dans le remue-ménage de tous nos sentiments. Le point où il nous rejoint est, si l’on peut dire, ailleurs. Non pas que ce soit autre chose que tout cela, mais çà en est comme la racine simple et unique. C’est le point qui fait que nous sommes celle ou celui que nous sommes, le point qui fait que nous sommes une personne, un tel, une telle. C’est le centre, le nœud de  tout notre être. C’est ce point nu, porteur de tout ce que nous sommes et qui, pourtant, n’est rien de tous les éléments qui nous composent. Ce point, on peut l’appeler « le cœur ».
C’est à ce « cœur » que Dieu s’adresse. Il le fait par son Fils, par Jésus : par le cœur de Jésus. Jésus est « doux et humble de cœur ».
Cette « douceur », quelle est-elle ? La « douceur » de Jésus ne serait-elle pas cette ‘douceur’ qui a intégré la colère, qui l’a vaincue en elle et s’est comme nourrie de toute sa force ? Etre doux, ce serait alors avoir en soi-même amené à la paix toutes ces forces peu connues, et même inconnues, ces forces qui risquent toujours de nous déborder et de nous entraîner Dieu sait où. Dans la douceur, les voilà comme toutes mises en ordre et mises à disposition, toutes disponibles. Cette douceur intègre toutes les forces de l’être.
Mais Jésus n’est pas seulement « doux » ; il est aussi « humble de cœur ». Son humilité n’est pas une modestie de façade, ou un penchant trouble pour les places arrières ou pour les humiliations. Ne serait-ce pas un cœur doux, fort de tant de richesses et sans désaccord ni trouble aucun, mais qui serait pourtant tout à fait oublieux de soi-même ? Un cœur vraiment détaché de soi, désoccupé de soi, plus du tout replié sur soi. Un cœur vraiment ouvert, tout disponible et tout disposé à la relation, tout disponible et tout disposé à entrer en relation avec un autre cœur.
C’est la manière selon laquelle Jésus vit avec le Père, dans la communion et l’unité de l’Esprit Saint. Et c’est ainsi que Jésus a vécu au milieu de ses disciples et ne cesse de vivre au milieu de nous aujourd’hui. Son cœur est ouvert à toute personne qu’il rencontre. A travers tout ce qui fait notre vie et notre être même, il appelle le fond de notre être. Puissions-nous avoir le cœur assez simple, le cœur d’un enfant, d’un tout petit, pour l’entendre et pour lui répondre.

Père Abbé

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