Premier Dimanche du Carême, Année C

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Dt 26, 4-10; Rom 10, 8-13; Lc 4, 1-13.
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En s’enfonçant dans le désert, après le baptême reçu de Jean- Baptiste, sur les bords du Jourdain, Jésus vient à la rencontre du mystère du mal, le Satan, qui déchire et aliène l’existence humaine. Le combat, qui se livre sous nos yeux, est comme un résumé de toutes nos tentations, de toutes les épreuves qui traversent nos vies. Jésus n’a pas cherché à y échapper. Au contraire, en affrontant la tentation, Il nous en a dévoilé les ressorts secrets, Il nous donné la clé pour les reconnaître et les traverser.
Mais avant d’entrer au coeur du récit, que nous en donne Saint Luc, il est bon de noter tout d’abord que c’est l’Esprit Saint, l’Esprit de Dieu Lui-même, qui conduit Jésus au désert. La tentation fait donc partie du chemin de tous ceux qui s’engagent dans la vie spirituelle, dans une vie conduite par l’Esprit. Si nous voulons suivre Jésus, nous passerons, nous aussi, par le désert de l’épreuve, comme Lui. La première lecture nous rappelait que le peuple d’Israël avait également connu ce passage à travers le désert, avant de parvenir à la terre promise, « ce pays ruisselant de lait et de miel ».

Jésus va donc au désert, poussé par l’Esprit, et c’est là, dans le vide du désert, où les sens sont mis à nus par l’absence de toute satisfaction, de toute compensation, que la faim commence à tenailler son corps. Lorsque tout manque, la moindre chose, aussi infime soit- elle, devient objet de tentation. Une simple pierre, qui en a peut- être vaguement la forme, évoque le pain qui manque et fait saliver. Comme tout homme, Jésus a faim. Comme nous, Il est sensible à cette image du pain évoquée par cette pierre, au hasard du chemin.

Mais c’est une autre faim qui lui permet de sortir de l’impasse. Il nous dévoile ainsi l’un des mystères de nos désirs. En effet, alors que nous n’avons plus faim, quand nous sommes rassasiés de pain, alors que la satisfaction des plaisirs nous conduit parfois même jusqu’au dégoût, à l’inverse, plus nous lisons la Parole de Dieu, plus nous la méditons, plus nous y trouvons du goût, plus notre désir grandit et s’intensifie.

Ainsi, Jésus nous enseigne que seul un désir plus grand, un désir plus fort, peut venir à bout de toutes ces faims et toutes ces soifs qui encombrent nos vies, nous aliènent et nous laissent vides et insatisfaits. C’est parce qu’Il est rempli de la Parole de Dieu que Jésus est libre de toutes ces autres faims. La Parole de Dieu revient, comme un refrain, dans chacune des tentations qui suivent. Elle est la clé de ces tentations du désert. C’est en elle que Jésus nous dévoile le chemin de liberté qui est le sien, et qu’Il nous invite à emprunter à sa suite.

Car c’est la méditation quotidienne de la Parole de Dieu qui permettra, à chacun d’entre nous, de reconnaître la tentation, quand elle survient, et de l’affronter en pleine lumière. Conduits par l’Esprit, soutenus par la grâce, nous pourrons alors trouver en elle les secours dont nous avons besoin, la douceur qui nous manque, la force qui nous fait défaut. Elle viendra réjouir notre coeur, apaiser nos doutes et nos inquiétudes, raffermir notre esprit. Et c’est alors que nous découvrirons, émerveillés, que « l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute Parole venant de la bouche de Dieu ».

 

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