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Act 3, 1-10; Lc 24, 13-35.
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On pourrait presque dire que nous sommes venus, aujourd’hui, pour une seconde consécration de cette nouvelle Eglise. Cela ne signifie pas, bien sûr, que la première consécration ait été incomplète! Je suis sûr que notre Evêque n’a rien omis, en donnant l’onction à chacune des pierres de cette Eglise. Mais ce que j’ose appeler une seconde consécration, c’est l’Eglise du Désert, celle des moines et des moniales, qui vient la célébrer.Au seuil de cette Eucharistie, demandons au Seigneur de faire de chacune de nos vies un chant de louange à son oeuvre de Salut, et demandons-Lui humblement pardon pour tout ce qui nous empêche de Le suivre et de Le reconnaître.
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Malgré la diversité des situations et des personnages, les premiers récits de la Résurrection ont tous en commun trois éléments caractéristiques. Je voudrais les parcourir rapidement avec vous ce matin.Ces récits commencent d’abord par un sentiment de tristesse, d’impuissance, pour se transformer en une course folle, pleine de joie. On court beaucoup dans les Evangiles, après la Résurrection. Mais au début, il n’en était pas ainsi. Dans le récit des disciples d’Emmaüs, on sent les kilomètres dans les jambes des deux compagnons, lorsqu’ils soupirent, d’une voix lasse: « et nous qui espérions ». Ainsi, l’expérience de la Résurrection commence toujours avec un parfum d’amertume, un goût d’échec, d’espérance déçue. Et, le grand paradoxe, c’est qu’après la disparition de Jésus, ils sont capables de rentrer, d’une traite, sans fatigue, en pleine nuit, à Jérusalem, alors que la route grimpe terriblement, à cet endroit!Le second élément que l’on retrouve toujours, c’est l’absence de Jésus. Le premier signe de la Résurrection de Jésus, c’est qu’Il n’est pas là où le cherchent Marie-Madeleine et les saintes femmes, qu’Il est absent du linceul que Pierre et Jean contemplent d’un oeil stupéfait. Ou encore, comme dans le récit que nous venons d’entendre, Il disparaît quand les deux disciples Le reconnaissent enfin. La Résurrection ressemble bien souvent à un jeu de cache cache, et Dieu semble bien s’amuser à échapper ainsi à ceux qui voudraient mettre la main sur Lui.Enfin, le troisième élément que l’on retrouve, c’est que les disciples deviennent terriblement bavards! Ils relisent, à haute voix, ce qu’ils ont vécu, ils réinterprètent le passé, leurs yeux et leur intelligence s’ouvrent. La Résurrection les rend intelligents et convaincants. Et c’est cela qui attire de nouveaux disciples à leur suite. Leur joie est en elle-même un témoignage. Ces trois éléments, je crois que nous les retrouvons dans toute expérience monastique véritable. Après les premières années, où nous sommes portés par les grâces d’illusion, vient le temps des pieds qui traînent, des bruits de pantoufles: on s’installe, on rumine ses illusions perdues, on devient grincheux. Et puis, parfois très tôt, parfois juste avant de passer de l’autre côté de ce monde, quelque chose change. Un autre joie est donnée, comme le dit Saint Benoît, et l’on se met à courir, même avec des béquilles, sur la voie des commandements de Dieu.Nos Pères Cisterciens ne s’y étaient pas trompés, ils avaient reconnu dans le Cantique des Cantiques cet humour tout particulier de Dieu, qui est bien là, quand nous avons l’impression d’être tout seuls, dans l’obscurité et nous échappe, juste au moment où enfin, nous Le reconnaissons. Enfin, il est inutile de dire que, plus les moines vieillissent, plus ils deviennent bavards! Je ne sais pas si c’est vrai aussi pour les moniales? Je veux croire que c’est pour témoigner de la Résurrection, mais je n’en suis pas trop sûr! Mais ce dont j’ai été témoin, très souvent, c’est qu’avec le temps, c’est une intelligence nouvelle de la vie qui est donnée. Nous comprenons que tout ce qui nous est advenu, même les potions les plus amères, avaient, sans que nous nous en doutions alors, un parfum de Résurrection.Cette expérience là, celle de cette vie nouvelle qui prend peu à peu possession de l’homme ancien, qui s’en va en ruines, c’est dans la vie commune, dans la liturgie, que nous sommes appelés à la vivre. Nos monastères, nos Eglises, sont à la fois des tombeaux ouverts, des chemins d’Emmaüs, des chambres hautes, des collines de Galilée et des chemins de Damas! Et, dans cette géographie spirituelle, une Eglise monastique tient une place tout à fait particulière. Elle est, en concentré, un lieu de combat et de désolation, d’ennui et de Révélation, de Présence et de vide. C’est pourquoi ce lieu a tant de place dans notre vie de moines et de moniales. C’est pourquoi nous sommes venus, aujourd’hui, dans cette Eglise, parabole de toutes nos histoires saintes.