Dimanche Octave de Pâques

La paix soit avec vous

Lorsque Jésus entama sa montée à Jérusalem qui se termina par la mort sur la croix, Il avait prévenu ses disciples de ce qui l’attendait.  Pierre venait d’affirmer à Jésus : « Tu es le Christ ».  Après la première annonce de la Passion il se rebiffe et reçoit l’injonction cinglante de Jésus : « Arrière Satan » (Mc 8,29.33).  Il est facile, oui, de croire en la messianité de Jésus lorsque tout va bien et que les foules accourent et L’acclament.
Après la Transfiguration, où Jésus dévoile sa gloire à ses disciples préférés Pierre, Jacques et Jean, vient la seconde annonce de la mort prochaine de Jésus.  Les apôtres assimilent l’annonce mais en tirent une conclusion erronée : Ils se mettent à se quereller pour savoir « qui est le plus grand » (Mc 9,7.34). Qui sera à même de succéder au Maître lorsque celui-ci nous aura quittés ?  Voilà la question qui hante les disciples…
Au moment de la troisième annonce de sa mort prochaine, Saint Marc précise que Jésus avait durci son regard et que les foules qui le suivaient étaient saisies de frayeur et de crainte.  C’est à ce moment-là que Jacques et Jean, les fils de Zébédée, demandent d’être assis l’un à sa droite et l’autre à sa gauche dans le Royaume (Mc 10,32.37).
Le contraste est frappant, entre les annonces que fait Jésus et la réaction des apôtres.  On peut continuer la litanie avec les événements dans le Jardin de Gethsémani où les apôtres s’enfuient, avec Pierre qui renie par trois fois son Maître bien-aimé.  Au pied de la Croix et devant le tombeau, ce ne sont pas les apôtres qui se pressent, mais quelques femmes et « le disciple que Jésus aimait ».  Les autres, où sont-ils ?  Ils continuent à se terrer de frousse, certains ont probablement fui la ville de Jérusalem, de peur d’être à leur tour arrêtés.
Cette peur d’une autre catastrophe est celle que dépeint Saint Jean dans l’Évangile de ce matin.  Les apôtres, réunis dans la Chambre Haute, attendent fébrilement confirmation de la Bonne Nouvelle que leur ont annoncée les femmes au retour du tombeau au lever du jour.  Mais Jésus, ils ne l’ont pas vu et ne savent que penser.  Jusqu’à ce que Jésus lui-même fasse irruption au milieu des disciples, alors que portes et fenêtres étaient verrouillées.
Du haut de la croix Jésus avait dit : Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.  Cette parole s’adressait aussi aux disciples, aux apôtres, aux femmes, à tous ceux qui l’avaient suivi depuis la Galilée et qui maintenant… ne savaient pas qui croire ni que croire.  C’est pourquoi, au soir de ce premier jour de la semaine, Jésus ne regarde pas en arrière, mais en avant.  La paix soit avec vous !  puis Je vous envoie ou encore chez Saint Matthieu Je suis avec vous !  (Mt 28,20).
Rappelons également ce que Jésus a dit à Pierre durant le dernier repas qu’Il prit avant sa passion : j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas. Toi donc, quand tu seras revenu, affermis tes frères (Lc 22,31).
Ce qui était vrai pour les premiers disciples l’est encore aujourd’hui pour nous.  Affirmer sa foi, déclarer que l’on est chrétien pratiquant, c’est assez aisé lorsque tout va bien et que la religion est reconnue.  Mais par les temps qui courent, lorsque les chrétiens sont assimilés à des ringards, à des ‘tradis’, voire à des extrémistes, combien d’entre nous font tout pour cacher leur ‘croyances d’un autre âge’ pour faire bonne figure ?  C’est pour nous également que Jésus a dit, sur la croix Père pardonne-leur… et qu’Il a dit à Pierre : affermis tes frères.  C’est en lien avec ce message de l’évangile du Jour que l’on appelle désormais le dimanche de l’Octave de Pâques le Dimanche de la Divine Miséricorde.
Lorsque Jésus, en ce premier jour de la semaine, retrouve les disciples, Il leur parle de l’avenir.  La page de sa vie terrestre est tournée, maintenant il leur est demandé de proclamer la Bonne Nouvelle par toute la terre.  Jésus ne pouvant se montrer à tous pour qu’ils croient, Il dit à Thomas, comme nous l’avons entendu il y a un instant : heureux ceux qui croient sans avoir vu.  La parole des témoins, la parole des croyants à travers les siècles, doit nous suffire pour croire à notre tour.
Comme du temps des Apôtres, nous ne sommes pas seuls à croire, nous ne sommes pas seuls à vivre notre foi, nous ne sommes pas seuls parfois à douter de notre foi.  Mais nous pouvons nous référer à d’autres croyants qui, à l’exemple de Pierre pour les Apôtres, ont la capacité d’affermir leurs frères.
Par la participation à l’eucharistie, par la communion avec d’autres croyants, demandons à Dieu la force d’être, les uns pour les autres, des soutiens dans notre foi aux moments de doute et de peine.  Que Jésus ressuscité nous comble de sa grâce et nous fasse grandir en foi et en amour sur cette terre avant le festin des noces dans le ciel.

Frère Bernard-Marie

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