Deuxième Dimanche du Temps Ordinaire, Année B

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1 Sam 3, 3-19; 1 Cor 6, 13-20; Jn 1, 35-42.

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Les lectures de ce jour établissent un étonnant parallèle entre Eli, le Prêtre du sanctuaire de Silo, qui enseignait au jeune Samuel à recevoir la Parole de Dieu, et Jean-Baptiste, le Prophète du désert, qui désigna à ses disciples « l’agneau de Dieu »!  Pour l’un comme pour l’autre, il s’agissait de montrer à leurs disciples comment s’ouvrir à la parole de Dieu, comment apprendre à La recevoir, à L’écouter, à en devenir les témoins fidèles.

Comme le prêtre Eli, Jean-Baptiste va devoir s’effacer, à son tour, laissant ses disciples suivre Celui qu’il leur avait annoncé. Après les avoir introduits au seuil de la Parole, leur avoir dévoilé le chemin qui y conduit, il doit se retirer. Sa mission se termine sur le seuil. Il suffit qu’il leur ait montré le chemin, et qu’il leur ait ouvert la porte. Désormais, c’est Dieu Lui-même qui prend le relais, et qui parle au coeur des disciples.

Telle est bien la mission de tout serviteur de la Parole. Le prédicateur, le commentateur de la Parole a pour mission de conduire les disciples au seuil du sanctuaire, à la porte de leur propre coeur, là où Dieu est venu demeurer comme en un Temple sacré. Saint Augustin le disait d’une manière admirable, lorsqu’il évoquait ce maître extérieur, qui, en frappant nos oreilles de chair, nous invite à tendre l’oreille de notre coeur au Maître Intérieur, qui habite au plus intime de nous-mêmes.

Il ne faisait en cela que reprendre les termes mêmes de Saint Paul qui, dans sa première Epître aux Corinthiens, insistait sur le fait que nous sommes le « Temple de l’Esprit », ce sanctuaire sacré où Dieu est venu demeurer. Inutile donc de courir le monde et de chercher au dehors Celui qui nous est plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes. C’est désormais là, au plus profond de l’être humain, en cet espace inviolable et secret, que commence la plus merveilleuse aventure que l’on puisse imaginer. Dieu est là, au centre de nous-mêmes.

A l’exploration de ce monde intérieur, de cet espace sacré, au coeur de l’homme, des générations de chercheurs de Dieu, de mystiques, ont consacré toute  leur existence. Et pourtant, bien rares sont ceux qui ont pu en trouver le chemin, y entrer et y demeurer. Sans doute parce que cette route ne ressemble à aucune autre de ces voies qui s’offrent à l’aventure humaine, et qu’elle demeure voilée aux sages et aux orgueilleux de ce monde.

Les lectures de ce jour nous offrent cependant quelques conseils simples pour pouvoir accéder, à notre tour, à ce trésor caché, à cette source scellée.

La première lecture, à travers le récit de la vocation de Samuel, nous montre d’abord que c’est parce qu’il avait l’âme d’un véritable disciple, que Samuel put entendre la Parole de Dieu, qui lui était adressée.

Dans la seconde lecture, Saint Paul, quant à lui, insiste sur le lien mystérieux qui  unit l’aventure intérieure à notre manière de vivre. Notre corps est ce temple sacré où Dieu a choisi d’établir sa demeure. Il serait donc vain de prétendre chercher Dieu sans mettre notre existence concrète en harmonie avec notre recherche spirituelle. La spiritualité chrétienne est une spiritualité de l’incarnation!

Dans son Evangile, enfin, Saint Jean nous affirme que c’est en interrogeant Jésus, en scrutant Sa Parole, et en Le suivant, que nous pourrons découvrir ce lieu où Il demeure déjà, au plus profond de nous-mêmes.

 

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