Cinquième Dimanche de Carême

La résurrection de Lazare, prélude la Passion.

La résurrection de Lazare, telle que nous la décrit Saint Jean, est pour Jésus une anticipation de sa passion, de sa mort et de sa propre résurrection.  Certains éléments bien connus des Récits de la Passion chez les Synoptiques ne s’y trouvent, pas, mais il y a quelques « parallèles » entre autres dans le texte que nous venons d’entendre.  En proposant ce texte johannique au cinquième dimanche de Carême, l’Église nous fait déjà entrer dans la Passion que nous célébrerons à partir de dimanche prochain. 

Si Jésus demeure encore deux jours où il était, Il lui fallut ensuite encore deux jours pour remonter à Jérusalem.  Pourquoi agit-il ainsi, alors qu’il affirme à ses disciples que « Lazare mon ami » est mort.  Jésus l’explique ensuite : pour que la gloire de Dieu soit proclamée et pour que vous croyiez

Jésus, sachant que sa tête est mise à prix, doit absolument faire comprendre à ses disciples que sa Victoire passera par la mort ignominieuse sur la croix mais que Dieu lui viendra en aide.  Il sait que la foi des disciples est encore bancale et que le scandale de la croix les fera vaciller.  C’est pourquoi, par la résurrection de son ami Lazare, Jésus donne un message fort à tous ceux qui sont rassemblés autour de Marthe et Marie.  En effet, Saint Jean précise que beaucoup de Juifs étaient venus de Jérusalem réconforter Marthe et Marie au sujet de leur frère.

Lorsque Jésus arrive près du tombeau, Il ne peut cacher son émotion.  Parmi ses opposants, certains ont vite fait de critiquer Jésus : Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ?  Et Jean continue : Jésus, repris par l’émotion, arriva au tombeau. Si Jésus est tellement pris par l’émotion, c’est d’une part par amitié pour Lazare, d’autre part parce qu’Il va faire un miracle retentissant, et enfin parce qu’Il va prier son Père de l’exaucer. 

Si on fait des parallèles avec les récits de la Passion chez les Synoptiques, l’angoisse de Jésus est décrite durant sa prière dans le Jardin de Oliviers avant son arrestation.  Les remarques cyniques des assistants sont exprimées au pied de la croix : qu’Il descende de la croix et nous croirons…   

Tout ceci permet de comprendre pourquoi Jésus, en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé.   L’émotion de Marthe et Marie, la mort de son ami Lazare, l’émotion de la foule accourue pour entourer les deux sœurs.  Mais également émotion de savoir qu’Il ferait un grand miracle pour essayer, une dernière fois, de retourner les cœurs des Juifs toujours à l’affût pour Le faire tomber.  Jésus espère également conforter la foi de ses disciples.  Dans les deux cas, le résultat ne sera pas concluant…  ce qui renforce le bouleversement profond que Jésus vit à cet instant précis.

Jésus est monté à Jérusalem, sachant qu’il y serait mis à mort.  C’est dans ce sens précis qu’il faut comprendre l’expression chère à Saint Jean parlant de « l’Heure ».  Jusqu’ici les Juifs n’ont pas arrêté Jésus, parce que son Heure n’était pas encore venue.  Désormais Jésus sait que son Heure est arrivée.  Il sait également que la résurrection de son ami Lazare va confirmer les chefs du peuple dans leur décision de Le tuer.  Un peu plus tard, le sanhédrin décidera de tuer également Lazare puisque c’était à cause de lui qu’un grand nombre de Juifs croyaient en Jésus (Jn 12,11).

Un peu plus loin, dans ce même chapitre 12, Saint Jean rapporte la discussion que Jésus eut avec quelques Juifs de langue grecque.  À cette occasion, Jésus s’adresse encore une fois à son Père et s’écrie : maintenant mon âme est troublée, et que dirai-je ?  Père, sauve-moi de cette heure ?  Mais c’est précisément pour cette heure que je suis venu.  Père glorifie ton nom !  Et le Père répondit dans le tonnerre : Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore.  C’est la fin de la prière au Jardin de Gethsémani dans les Évangiles Synoptiques.  Ayant donc placé l’angoisse humaine de Jésus quelques jours avant le Dernier Repas et l’arrestation, Jean peut ensuite présenter Jésus comme le Maître des événements.  C’est ainsi qu’il faut comprendre l’interrogation de Jésus à la soldatesque venue l’arrêter : Qui cherchez-vous ? – Jésus de Nazareth ! – C’est moi !  Et tous de faire un pas en arrière tombant face contre terre en geste d’adoration.

Et plus loin, pour ne relever que quelques exemples de ce comportement « divin », le dialogue entre Jésus et Pilate : Ma royauté n’est pas de ce monde… Je suis né et je suis venu dans le monde, pour rendre témoignage à la vérité.  Et, pendant à la croix, voyant le disciple bien-aimé et Marie sa mère au pied de la croix, Jésus dit à Jean : Voici ta Mère, signifiant que Marie devint à ce moment précis la Mère de l’Église naissante. 

Enfin, lorsque le soldat perce le côté de Jésus et qu’il en sort de l’eau et du sang, chacun sait que Jean veut signifier ici que dans la mort de Jésus en croix naît l’Église avec ses sacrements du baptême et de l’Eucharistie.

Alors que nous sommes maintenant à une semaine du Dimanche des Rameaux et des célébrations de la Grande Semaine, demandons au Seigneur dans cette Eucharistie de nous combler de ses grâces et de vivre très proche de Lui alors que nous sommes contraints à un confinement physique. 

Frère Bernard-Marie

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