Nicolas Ruyssen naquit en 1757 au foyer d’un jardinier d’Hazebrouck. Il manifesta très tôt des aptitudes pour le dessin telles, qu’à dix-huit ans il remportait le premier prix de l’Académie des Beaux-Arts à Saint-Omer. Alors introduit dans l’entourage du prince de Montmorency-Robecque, châtelain de Morbèque, le jeune artiste dut à son insigne protecteur de séjourner longuement à Paris pendant 6 ans puis à Rome à l’école française des Beaux-Arts.
Rentré en France en juin 1791, il s’installa d’abord chez son ami le prince de la Basèque, près de Westouter sur la frontière belge. Fuyant la Révolution, il se réfugia en Angleterre en 1793. Son caractère aimable et son talent firent de lui un maître de dessin si réputé qu’il se vit un jour introduire à la Cour et chargé de leçons auprès des princesses royales. En 1803, il publia un cours d’anatomie d’après les cartons de Raphaël que possède Windsor. Les propositions qu’on lui fit étaient alléchantes, mais Ruyssen tint par-dessus tout à revenir au pays.
Il regagna la France en 1814 et fit des restaurations de tableaux et peignit quelques toiles pour l’Église d’Hazebrouck.
Cet homme bon et désintéressé rêvait de fonder une œuvre pour l’enseignement des enfants pauvres. En 1819, les ruines de l’ancien ermitage des Antonins au Mont des Cats étant en vente, Nicolas Ruyssen décida de les racheter. Il fit réparer et aménager les bâtiments où il s’installa lui-même en attendant d’y fonder une école.
Il alla frapper d’abord chez les Pères Jésuites, qui déclinèrent l’offre. Les Frères des Écoles chrétiennes de Saint-Omer ouvrirent un pensionnat qui eut un beau début. Dès 1821 l’école comptait une centaine d’élèves. Néanmoins, Monsieur Ruyssen résilia la convention pour des raisons que nous ignorons. L’école ferma ses portes en 1825.
C’est alors que le peintre se mit en contact avec l’abbaye du Gard. La communauté comptant 85 membres à cette époque, Dom Germain accueillit favorablement la proposition. Les premiers moines prirent possession des bâtiments le 26 janvier 1826.
Monsieur Ruyssen, alors âgé de soixante-huit ans, s’était retiré dans une petite maison au flanc de la colline. Sur la photo, remarquez la décoration et en particulier la pompe à main. Il n’y a à cet endroit ni source ni puits, mais c’est un aménagement d’artiste…
Il passait ses journées avec les moines, et assistait régulièrement aux offices et à la lecture. Cela fit dire à certains qu’il s’était fait trappiste lui-même.
Monsieur Ruyssen mourut subitement quelques mois après l’arrivée des fondateurs, le 7 mai 1826. Les moines lui rendirent tous les honneurs dus à son statut de fondateur et il fut enterré dans l’oratoire du monastère.
Quand la première église fut construite, ses restes furent déposés dans le chœur des Frères convers. Lors de la construction du nouveau monastère, on transféra son corps qui repose toujours dans notre église.
En 2005 on ouvrit la tombe pour la déplacer dans une chapelle rayonnante du sanctuaire au moment de la restauration de l’église. La tombe était un caveau voûté en briques, et les restes du fondateur avaient été placés dans un petit cercueil en bois, dont il ne restait que de la poussière. On trouva également des morceaux de la pierre tombale de 1895. Les différentes épitaphes furent, selon les documents d’époque :