Troisième Dimanche de Pâques

Quand tu étais jeune…

Après la pêche miraculeuse, l’évangile de ce matin nous propose deux séquences de dialogue entre Jésus et Pierre.  La première concerne la triple demande de Jésus à Pierre, où Jésus l’appelle de manière très officielle Simon, fils de Jean.  Un ami ne s’adresse pas à son ami en l’appelant de son nom et prénom, mais seulement par son prénom.  Si Jésus le fait ainsi en cette circonstance tout à fait particulière, c’est que le message qu’Il va délivrer est de la plus haute importance, il a un caractère « officiel ».

Après avoir posé par trois fois la question de savoir combien Pierre aime son Seigneur, Jésus continue : Quand tu étais jeune… 

Le jeune homme, de tous les temps, décide de son avenir.  Il choisit ses études, son métier, son mode de vie, sa carrière.  Dans certains cas tout lui réussit et il croque la vie à pleines dents.  … tu mettais ta ceinture toi-même pour aller là où tu voulais.

Mais cela ne dure généralement pas bien longtemps.  On se marie, ou bien on choisit le célibat ou la vie religieuse.  Ou encore, le métier choisi ne nous convient pas… nous voilà obligés de changer de direction, de cap, de pays.  … un autre te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller…

Les circonstances, certains appellent cela la Providence ou, mieux encore, la Volonté de Dieu, nous font modifier notre route, prendre un nouveau départ, choisir une autre direction, un autre emploi, vivre dans une autre ville.  Il en est de même pour les moines.  Parfois on imagine notre route toute tracée, depuis l’entrée au noviciat jusqu’au jubilé de 50 ans de vie monastique.  Mais la Providence, ici encore davantage qu’ailleurs comprise comme la Volonté de Dieu, a parfois, a souvent, une autre vue sur notre devenir. 

À ce moment-là, il nous faut de l’humilité.  Accepter que nous ne sommes pas maître de notre vie, de nos choix, de notre avenir.  Humilité et écoute, pour bien comprendre ce que Dieu attend de nous.  Dans la mesure où nous croyons que Dieu dirige notre route, que nous soyons dans le monde ou dans la vie religieuse ou monastique, écoutons ce qu’Il nous dit, écoutons ce que les événements nous disent.  Ne cherchons pas à forcer le destin, mais en toute humilité acceptons ce que Dieu nous réserve.  Lorsqu’Il disait à Pierre : un autre te mettra ta ceinture, pour t’emmener là où tu ne voudrais pas aller… Jésus ne voulait pas seulement prophétiser de quelle mort Pierre mourrait, mais combien il aurait à souffrir de ne plus être maître de son destin.  Par amour pour Jésus son Seigneur, Pierre aurait à renoncer à sa propre volonté, bien avant qu’il ne meure crucifié…  C’est bien pourquoi Jésus termine ce petit dialogue par cette phrase bien connue de Pierre et de tous les disciples de Jésus : Suis-moi. 

Cela vaut aussi pour chacun de nous : dans les temps de grâces comme dans les épreuves, Jésus nous demande de Le suivre.  Il connaît nos besoins, Il nous donne la force dont nous avons besoin pour avancer sur notre chemin. 

L’Évangile de Jean se termine par la question que Pierre pose à Jésus, lorsqu’il voit marchant derrière eux, le disciple bien-aimé (ces trois versets ne sont pas repris dans la péricope de ce jour) Pierre dit : Et lui, Seigneur, que lui arrivera-t-il ? (Jn 21,21).  Jésus lui répond, de manière un peu brusque : Que t’importe ! Toi, suis-moi ! (Jn 21,22b)  La tentation est grande, de nous poser la question pourquoi moi, pourquoi pas lui ?  Pourquoi Dieu me demande cela à moi et pas à lui ?  Mais nous ignorons souvent ce que Dieu demande à l’autre, qui peut-être lui coûte bien plus que ce que Dieu me demande à moi… 

À chacun de nous Dieu dit : Suis-moi !  Il ne dit pas ‘suis-le’ ou fais comme celui-là, mais suis-moi !  Faisons confiance au Seigneur parce qu’Il donne effectivement à chacun la grâce de porter le fardeau qu’Il lui confie.  Ne soyons pas envieux des autres, mais en toute humilité répondons à cette injonction de Jésus : Suis-moi, et tout ira bien pour chacun de nous. 

Dans cette Eucharistie, demandons au Seigneur de nous combler de ses grâces pour Le suivre sur le chemin qu’Il nous propose.  Croyons que ce que Dieu nous demande est ce qu’il y a de meilleur pour nous.

Père Bernard-Marie

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