Solennité de Saint Joseph

Le hameau de Nazareth n’avait rien d’une petite ville à l’époque de Joseph et de Marie. À peine quelques familles resserrées autour de la petite synagogue. Tous les habitants étaient fils de David. Après l’exil à Babylone les rejetons des rois avaient préféré s’installer à l’écart des querelles politiques et religieuses qui faisaient rage à Jérusalem. De là le nom du hameau, Nazareth qui contient la racine Netzer, noble ou prince. Pour d’autres il s’agit de la racine rejeton dans le sens de descendant.
La période glorieuse des rois de Jérusalem était pour eux un passé bien révolu, et la situation quotidienne était des plus humbles. À la synagogue ou ailleurs, les habitants du petit hameau se souvenaient de la prophétie de Nathan à leur ancêtre commun, David, annonçant que le trône de Jérusalem serait toujours pourvu d’un roi issu de sa lignée. Mais du temps de Joseph, il n’y avait plus de roi à Jérusalem… Les romains étaient les occupants, et les descendants de David avaient tout avantage à rester discrets dans leur petit hameau aux portes de la Galilée.
Joseph le charpentier avait un métier respectable à l’époque, mais sans briguer pour autant la gloire de ses ancêtres.   Il ne fut donc pas surpris lorsque l’ange du Seigneur l’appela Joseph, fils de David. Mais le reste des événements qu’il vivait avec Marie son épouse avait de quoi le surprendre.
Marie et Joseph n’étaient en réalité pas de trop, à deux, pour assumer, pour vivre la grâce insigne que Dieu leur faisait. Alors qu’ils n’étaient encore que fiancés, voilà que le Seigneur fait irruption dans leur vie, d’une manière telle qu’ils sont dans l’incapacité d’en parler à qui que ce soit. Même si tous les descendants de David espéraient plus ou moins être les parents du Messie ! La réalité qu’ils eurent à vivre ne fut pas de tout repos.
Si Marie eut le cœur transpercé par un glaive, comme le lui a prédit le vieillard Siméon (Lc 2,35), que dire de Joseph ? Son premier percement de cœur fut justement de décider par-devers lui de renoncer à prendre Marie pour épouse. Même si c’est pour le bien du Fils de Dieu, il en va tout de même de l’amour naissant entre le fiancé et la fiancée. La décision n’avait pas dû être aisée pour Joseph, et les retrouvailles de son épouse après son rêve d’autant plus intense.
Le fait que Joseph ne soit plus mentionné dans les Évangiles après le retour d’Égypte du jeune couple et la Bar-Mitsva de Jésus à 12 ans n’est aucunement une preuve que Joseph mourût prématurément. Rappelons que Saint Matthieu, au milieu de la vie publique de Jésus, le présente encore comme le fils de Joseph le charpentier (Mt 13,55). On peut imaginer que Joseph continuait à Nazareth son métier tandis que Marie accompagnait son Fils dans certaines de ses pérégrinations, en particulier lorsqu’il monta à Jérusalem pour y être crucifié.
En voulant insister sur la virginité de Marie, l’Église a peut-être trop vite mis Saint Joseph au rancart estimant qu’il pouvait gêner la dévotion des croyants. Reconnaissons que le silence des Évangiles ne veut pas dire absence ou mort. Nous avons le droit de croire que Joseph et Marie eurent une vie de couple modèle et qu’ils vécurent de longues années ensemble. Le fait de recevoir de Dieu la charge de l’éducation du Fils de Dieu renforça encore leur amour mutuel et leur dévotion envers le Seigneur.
On pense que Saint Joseph mourut à Nazareth où il fut inhumé. Quelques écrits apocryphes affirment même qu’il vécut jusque 90 ans. Sa tombe a été durant quelques siècles un lieu vénéré avant de tomber dans l’oubli.
En ce jour de la fête de Saint Joseph, reconnaissons en Lui le mari fidèle et passionnément amoureux de sa femme, le père attentionné et soucieux de l’épanouissement de son enfant-Dieu. Qu’il soit pour tous aujourd’hui un modèle de vie familiale. Qu’il nous apprenne également à renoncer à nos désirs personnels si la volonté de Dieu est contraire. Apprenons également de lui comment obéir aux appels de Dieu dès que nous les connaissons.
Que la participation à cette eucharistie nous incite à le vénérer comme il le mérite, en l’honneur de son épouse la Vierge Marie et à la gloire de son Fils Jésus notre Seigneur.
(Frère Bernard-Marie)
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