Je suis l’Immaculée Conception.
Dans le Jardin, ils étaient deux à pécher contre Dieu qui venait à eux dans la brise du soir. Il y avait Adam, il y avait Ève. Il y avait également le tentateur, représenté ici en serpent.
Pour réparer le péché de nos premiers parents, Dieu créa Marie de qui allait naître Jésus. Ils étaient également deux à devoir vaincre le démon. Après que Jésus eut vaincu le combat singulier avec le tentateur, Saint Marc dit qu’Il vivait parmi les bêtes sauvages, et les anges le servaient (Mc 1,13). Autour de Jésus, l’ambiance de paix du paradis perdu est recréée.
Marie a été « conçue sans péché », comme le promulgua le pape Pie IX en 1854. Elle était donc dans la même condition qu’Ève avant son péché. Marie aurait pu dire non à l’ange, comme Adam et Ève ont dit non à l’intimité avec Dieu dans la Jardin. Alors que l’Ange Gabriel attendait la réponse de Marie, le démon ne devait pas être loin et soufflait à l’oreille de Marie : Non ! Tu n’auras que des soucis avec cet enfant… moi je te rendrai heureuse…
Cela donne d’autant plus de puissance à ce texte de Saint Bernard dans la première homélie sur la Vierge :
L’ange attend ta réponse : il va être temps qu’il retourne auprès de Dieu qui l’a envoyé. Nous aussi, ô Souveraine, nous malheureux sur qui pèse la sentence de damnation, nous attendons une parole de compassion. Voici qu’on t’offre le prix de notre salut : si tu l’acceptes, nous serons aussitôt délivrés… C’est la supplique d’Abraham, de David, de tous les Patriarches, tes propres ancêtres, qui eux aussi habitent la contrée ensevelie dans l’ombre de la mort. Le monde entier, prosterné à tes genoux, se joint à cette prière… Hâte-toi de donner ta réponse. O Souveraine, prononce cette parole qu’attendent la terre et les enfers et les cieux. (Missus Est 4,8)
Et Marie a dit oui !
Lorsque Jésus fut tenté par Satan dans le désert, aurait pu lui dire oui, comme Ève avait dit oui pour obtenir la connaissance. Mais Jésus a dit non.
Dans la présentation du dogme de l’Immaculée Conception, il est précisé que cette sainteté absolument unique lui vient tout entière du Christ : rachetée de façon éminente en considération des mérites de son Fils qui mourut sur la croix pour nous sauver du péché (Catéchisme de l’Église Catholique 490-492). Marie fut donc sauvée dès avant sa naissance, par la grâce encore à venir de l’œuvre salvatrice de son Fils.
C’est ce que nous rappelle l’oraison d’ouverture de ce jour :
Seigneur, tu as préparé à ton Fils une demeure digne de lui…
tu as préservé la Vierge de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de ton Fils…
Sans entrer dans les méandres de christologie et de mariologie, reconnaissons la grâce qui fut celle de Marie, sans qu’elle en perdît pour autant son libre arbitre et donc la liberté de répondre librement à la demande que Dieu lui adressait.
C’est par l’humilité que l’on est capable de répondre positivement à la volonté de Dieu sur nous.
Marie s’écria, dans le Magnificat : le Seigneur s’est penché sur son humble servante. Comme l’affirme Saint Paul dans l’épître aux Philippiens, Jésus, de condition divine, s’abaissa… jusqu’à devenir semblable aux hommes… et il s’humilia plus encore, obéissant jusqu’à la mort sur une croix (Ph 2,6-8).
Mardi dernier nous entendions dans l’évangile Jésus proclamer : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits (Lc 10,21).
C’est ainsi que Marie apparaît à deux petites paysannes pour annoncer puis confirmer l’Immaculée Conception. La première des deux était Sainte Catherine Labouré, novice Fille de la Charité et vivant à la Rue du Bac à Paris. La Vierge lui demande de faire fabriquer des médailles avec l’image de Marie et l’inscription « Conçue sans péché ». C’était en 1830. Lorsque le pape Pie IX eut connaissance de l’existence de la « médaille miraculeuse » et de l’impact qu’elle eut, cela l’encouragea à promulguer le dogme.
La seconde voyante était Sainte Bernadette, en 1858 ; donc quatre ans après la proclamation du dogme par le pape Pie IX. La Dame vêtue de blanc et d’une ceinture bleue dit à Bernadette : « Je suis l’Immaculée Conception ».
Avec Marie, avec Catherine et Bernadette, entrons dans la gloire des petits et des humbles dans le Royaume de Dieu. C’est ce que Saint Paul proclame dans la deuxième lecture de ce jour :
Dieu nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde,
pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour.
Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ.
Marie est la mère de Jésus, le Christ. Nous sommes tous des fils adoptifs. Rendons grâce à Dieu pour ce don inestimable et à nul autre pareil. Rendons grâce à Marie dans son Immaculée Conception d’avoir dit oui à l’ange et d’être resté l’humble servante. Que la participation à cette eucharistie de fête nous aide tous les jours de notre vie à suivre ces modèles d’humilité pour partager ensuite la gloire au ciel.
Frère Bernard-Marie