Christ, Roi de l’Univers, Solennité.

Le Christ, Roi de l’Univers, par sa mort sur la croix

Nous célébrons aujourd’hui la fête du Christ, Roi de l’Univers.  Roi ?  Mais de quel royaume parlons-nous ?  Comme le disait Jésus à Pilate, dans l’Évangile selon Saint Jean :

Mon royaume n’est pas de ce monde (Jn 18,36).

Le prophète Nathan fut envoyé par Dieu auprès du roi David pour lui dire :
J’élèverai ta postérité après toi… et j’affermirai à jamais son trône (2S 7,12-13).

L’attente d’un sauveur qui renverrait l’occupant romain hors des frontières hantait une partie de la population du temps de Jésus, au point que certains espéraient qu’il serait ce sauveur.  Mais Jésus fit tout pour éviter ce piège.  Nombre de fois, alors que le peuple voulait le faire roi, Jésus s’enfuit dans le désert ou dans la montagne, pour prier. 

Jésus avait conscience d’être le fils de Dieu.  Cela ne fait aucun doute, mais nous sommes bien incapables d’imaginer comment, en Lui, l’homme et Dieu ne faisaient qu’une seule et même personne.  C’est ce que Saint Paul essaye de nous expliquer dans l’hymne qu’il insère dans son épître aux Philippiens : 
lui de condition divine n’a pas usé de son droit d’être traité à l’égal de Dieu,
mais il s’est dépouillé, prenant la condition de serviteur,
devenant semblable aux hommes, (Ph 2,6-7)

Si les hommes ne comprennent pas le mystère de Jésus l’Homme-Dieu, les démons, eux, ne comprennent que trop bien.  Au début de sa vie publique, lorsque Jésus s’en alla jeûner quarante jours au désert, le démon vint à lui par trois fois avec le même refrain :
Si tu es le Fils de Dieu…  (Lc 4,3.6.9), et l’évangéliste de conclure par cette parole énigmatique : le diable s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé (Lc 4,13).

Ce moment fixé, c’est justement la crucifixion de Jésus.  Chacun des quatre évangélistes nous rapporte, à sa manière, les derniers moments de Jésus.  Nous avons entendu chez Luc comment les grands prêtres injuriaient Jésus en disant : 
Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même !

Et l’un des malfaiteurs de renchérir :
N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi !

À ces insultes inspirées par le démon, Jésus ne répond pas.  Comme le rappelle encore l’hymne reprise par Paul dans l’épître aux Philippiens :
il s’humilia plus encore, devenant obéissant jusqu’à la mort… sur une croix. (Ph 2,8)

La vérité doit être dite, surtout que c’est pour témoigner de cette vérité que Jésus s’est fait homme.  Mais devant l’opposition, le refus, l’incompréhension, Jésus ne répond pas.  Par contre, Jésus ne se tait pas lorsque son interlocuteur pose les vraies questions, ou lorsqu’il s’agit pour Jésus d’affirmer qui Il est.  C’est ainsi qu’en Saint Jean, lorsque Pilate lui demande s’il est roi, Jésus répond :  
Tu le dis, je suis roi. Je suis né et je suis venu dans le monde
pour rendre témoignage à la vérité.  (Jn 18,37)

De même, c’est du haut de la croix que Jésus affirme le plus fortement cette royauté nouvelle, dans la réponse qu’il fit au larron condamné comme lui : 
aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis !

Voilà la vraie royauté de Jésus.  C’est du haut de la croix que Jésus règne sur le monde entier.   C’est en passant par la mort sur la croix qu’Il règne désormais pour l’éternité.  C’est la Croix qui nous ouvre la voie du Paradis perdu.  C’est pourquoi Saint Paul chantait dans l’extrait de l’épître aux Colossiens que nous avons entendu en deuxième lecture :   
Dieu a voulu que dans le Christ toute chose ait son accomplissement total.
Il a voulu tout réconcilier par lui et pour lui, sur la terre et dans les cieux,
en faisant la paix par le sang de sa croix.

Nous sommes invités à suivre Jésus, sur son chemin d’humilité et d’obéissance, afin de le retrouver comme Christ et Seigneur, comme Roi de l’Univers, lorsque nous partagerons sa victoire dans le ciel.  Le Seigneur Jésus, dans cette Eucharistie, vient à notre secours pour nous montrer la route et nous donner la grâce nécessaire.

Père Bernard-Marie

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