Vendredi Saint

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Is 52,13 à 53,12; Hb 4,14-16. 5,7-9; Jn 18,1 à 19,42.

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Depuis que le monde est monde, l’une des questions qui hante la conscience humaine, est sans doute celle du mal. Même si elles semblent parfois envahir le champ de l’actualité, de nos histoires communes et personnelles, la haine, la souffrance, la mort demeurent pour nous un mystère, une énigme, un scandale. Nous ne nous y habituons jamais! Les idéologies à la mode ont beau vouloir nous faire croire que le bien et le mal sont des opinions relatives, qui changeraient au gré des sondages, le scandale nous rejoint bien vite, au détour de notre propre existence.

Sans doute est-ce la raison pour laquelle, après deux mille ans, la Passion du Christ nous touche encore à ce point. Au fur et à mesure que Jésus annonce à ses contemporains le Règne de l’Amour, l’hostilité et la haine, la jalousie et l’intrigue tissent leur toile autour de lui. Et cet affrontement trouve son ultime épisode dans ce récit de la Passion, que nous venons d’entendre.

Comment ne pas partager le découragement et le dégoût des premiers disciples? Comment ne pas comprendre qu’ils aient préféré prendre la fuite, pour ne pas regarder en face la faillite de leurs rêves d’une monde meilleur et plus beau? Comment ne pas être pris de vertige, comme les Apôtres, lorsque la méchanceté et la violence semblent tout emporter?

Notre tentation, c’est de ne plus voir que le mystère du mal, son emprise apparemment invincible sur le monde, et d’oublier que, dans ce même Evangile, il y a aussi et surtout cet autre mystère, infiniment plus discret, mais bien plus impressionnant: le mystère de l’amour, de la bonté, du pardon. Car la Passion, c’est d’abord ce choix de Jésus d’aimer jusqu’au bout, cette décision de donner sa vie pour que soit à jamais mis à nu et vaincu le mystère du mal.

Ce mystère de la bonté, de l’amour, de l’humble service, nous pouvons le voir à l’oeuvre autour de nous, mais aussi en nous, si nous sommes attentifs, si nous ne nous laissons pas trop impressionner par le vacarme et l’agitation du monde. Ce mystère de la bonté, que Jésus a inauguré durant sa Vie et sa Passion, travaille notre monde dans le silence, l’humilité, la simplicité. Il se moque du fracas des armes et des clameurs des foules.

Comment ne pas le reconnaître, ce mystère de bonté, dans cette présence silencieuse et aimante des saintes femmes, de Marie et de Jean, au pied de la Croix? Ou encore dans cette étonnante complicité de Joseph d’Arimathie et de Nicodème, qui osent braver les interdits, pour se joindre aux saintes femmes? Et comment ne pas le reconnaître aussi dans les hésitations de Pilate, qui fit tout pour sauver Jésus? Dans la Passion de Jésus, en fait, c’est l’Amour qui est le plus fort! Il a vaincu le mal, pour toujours. Rien ne peut plus désormais empêcher sa victoire!

 

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