Puisque Dieu nous a tant aimés…
Nous célébrons aujourd’hui la dernière fête du cycle de Pâques. Après avoir commémoré la passion, la mort et la résurrection de Jésus, nous avons suivi les disciples jusqu’à l’Ascension et avons reçu le Saint Esprit à la Pentecôte. Avec les disciples, nous sommes envoyés proclamer la Bonne Nouvelle de par le monde. Cette Bonne Nouvelle, nous l’avons méditée les deux derniers dimanches, en nous souvenant de la Sainte Trinité et du Saint Sacrement. Ces deux fêtes trouvent en la solennité de ce jour leur achèvement puisqu’elles débouchent de manière naturelle sur le rappel de l’amour de Dieu annoncé depuis les premiers Livres de l’Ancien Testament, jusqu’aux Évangiles et les Lettres de Saint Jean, derniers écrits du Nouveau Testament.
Moïse disait au Peuple dans le Désert :
Si le Seigneur s’est attaché à vous, s’il vous a choisis…
C’est par amour pour vous…
C’est un amour gratuit. Gratuitement, vraiment ? Non, Dieu a payé le prix fort pour oser nous demander un amour en retour. Dieu a donné son Fils Unique, qui est mort sur la croix par amour. Jusqu’au bout, Jésus a annoncé : Dieu est amour, je suis venu de la part de Dieu, répondez à notre amour.
C’est ce qu’Il dit dans la péricope de l’Évangile selon Saint Matthieu que nous venons d’entendre. Jésus s’adresse à son Père au tout début de sa vie publique. Les habitants de Galilée suivent Jésus et, émerveillés par les signes et les prodiges, ils reconnaissent en Jésus le Messie attendu. La partie semble gagnée, pour le moment, et Jésus exulte de joie en son Père. Et Il dit, en se répétant par trois fois avec d’autres mots, comme souvent dans la Bible : J’ai tout reçu du Père, je suis UN avec le Père. Je connais le Père, le Père me connaît. Jésus s’affirme ici clairement comme Fils Unique de Dieu, son porte-parole, son Messager.
Jésus ici fait éclater le langage humain, en essayant d’exprimer la réalité de sa relation à Dieu son Père. Dans l’expérience humaine, il n’y a jamais eu une telle réciprocité que celle que Jésus dévoile ici. Jésus affirme trois fois la même chose, la relation unique et incommunicable qui existe en le Père et le Fils. Et Jésus complète par la quatrième affirmation :
et celui à qui le Fils veut le révéler.
Le Fils veut nous communiquer quelque chose de ce mystère qui est le sien. L’expression « révéler » utilisée ici est la même que dans la réponse de Jésus à Pierre après sa confession de Césarée : ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux… (Mt 16,17)
Jésus nous invite donc à entrer dans l’intimité de la relation entre le Père et le Fils. Le Fils nous demande si nous voulons vivre de leur vie, vivre de leur Amour. C’est cette révélation extraordinaire que nous célébrons aujourd’hui. La relation d’Amour qui nous est proposée fait que Jésus peut dire ensuite avec force, dans la suite de la péricope de ce matin :
Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples,
car je suis doux et humble de cœur,
Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger.
L’amour fera en nous des merveilles, et le joug de la foi sera facile, le fardeau léger. La relation entre croyants, entre chrétiens deviendra telle que nous l’a rappelé Saint Jean dans la deuxième lecture de ce jour :
Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous :
ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés.
Mes bien-aimés, puisque Dieu nous a tant aimés,
nous devons aussi nous aimer les uns les autres.
Dieu est amour :
celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu en lui.
En ce jour de la fête du Cœur de Jésus, fête de l’Amour par excellence, que cette Eucharistie nous fasse vraiment entrer dans l’amour divin et nous aide à vivre de cet amour dans notre vie de tous les jours, dans notre vie de famille, dans notre vie de communauté. Que Dieu le Père change notre cœur de pierre en un cœur de chair à l’exemple du Sacré-Cœur de son Fils en nous donnant son Esprit. Amen.
Frère Bernard-Marie