Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Dans le Livre du lévitique, d’où a été tirée la première lecture de ce jour, Dieu dit à Moïse : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais, dans le contexte que nous avons entendu, le ‘prochain’ est le co-religionnaire, celui qui est de la même race, de la même religion et qui vit dans le même pays avec les mêmes droits. C’est pourquoi Moïse précise dans cette péricope : fils de ton peuple, ton compatriote, ton frère.
Dans son discours sur la Montagne, lorsque Jésus reprend cette règle de la Loi, Il la place dans une perspective toute autre, en la rendant plus percutante et plus absolue :
Aimez vos ennemis, et priez pour ceux qui vous persécutent.
On comprend dès lors que Luc, dans son Évangile, fait poser la question par le pharisien « et qui est mon prochain ? », ce qui donna à Jésus l’occasion de raconter la parabole du Bon Samaritain (Luc 10,25-37). La question que Jésus pose au docteur de la Loi est : qui s’est fait le prochain de l’homme tombé aux mains des bandits ? À quoi il répondit : Celui qui a fait preuve de compassion envers lui.
Le prochain, pour Jésus, c’est le prochain, c’est-à-dire tout homme, toute femme, que l’on peut croiser sur notre route, et qui a besoin de notre aide. Cette aide peut être diverse. Elle peut n’être que notre prière pour elle, comme elle peut être une aide matérielle, spirituelle, un geste d’amitié, de fraternité, de compassion. Rire avec ceux qui rient, pleurer avec ceux qui pleurent.
Dans la seconde lecture, Paul s’adresse aux chrétiens de Corinthe. Il leur rappelle à raisons que nous sommes un sanctuaire de Dieu, puisque l’Esprit de Dieu nous a été donné à notre baptême. Nous sommes donc appelés à nous respecter, à respecter notre prochain. C’est une autre manière de rappeler la parole biblique aimez votre prochain, et plus encore appliquer la consigne de Jésus aimez vos ennemis, priez pour ceux qui vous persécutent.
Toute la Bonne Nouvelle se trouve en raccourci dans les textes de la messe de ce jour. L’Ancien Testament, les épîtres de Paul, Jésus lui-même nous invitent à respecter le temple de Dieu qu’est chaque personne humaine. Et, dans la Loi de Moïse Dieu termine en disant : soyez parfait parce que je suis le Seigneur. Et Jésus de confirmer : soyez parfaits comme (ou parce que) votre Père céleste est parfait.
De nos propres forces nous ne sommes pas en mesure de pratiquer cette loi d’amour. Jésus est venu parmi nous pour nous l’enseigner, oui, mais surtout pour la pratique lui-même. Il est notre modèle, notre exemple. Il est notre guide, mais également, mais surtout Celui qui nous donne la force sur cette route. Par l’Esprit Saint qui habite en nous, il nous est possible de vivre selon cette Loi d’Amour.
C’est pourquoi, dans l’Évangile de ce jour, Jésus nous rappelle qu’imiter l’amour de Dieu pour tous les hommes fait de nous de vrais
fils du Père qui est dans les cieux,
Lui qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons,
et tomber la pluie sur les justes et sur les injustes.
Prenons conscience que le Père nous aime, et fait tout concourir à notre bien, pour reprendre une expression chère à Saint Paul (Rm 8,28). Mais pour cela, nous devons évidemment être ouverts à l’amour du Père, et y répondre en actes. Nous pourrons alors, en vrai fils du Père, prendre à notre compte cette phrase de l’épître de Paul que nous avons entendu à l’instant :
tout vous appartient,
que ce soit Paul, Apollos, Pierre, le monde, la vie, la mort, le présent, l’avenir :
tout est à vous,
mais vous, vous êtes au Christ, et le Christ est à Dieu.
Rendons grâces à Dieu pour ce don qui dépasse l’entendement : nous sommes fils de Dieu, nous sommes au Christ, nous sommes invités à partager sa gloire. Demandons à Dieu Père, dans cette Eucharistie, que la communion au corps et au sang de son Fils fasse de nous de vrais témoins de notre foi. Que nos actes proclament au monde que nous sommes vraiment enfants de Dieu, fils avec le Fils. Que nous vivions au quotidien l’enseignement de Jésus :
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et
Tu aimeras ton prochain comme toi-même.
Ou pour reprendre la parole de Dieu dite par Moïse :
Soyez saints, car moi, le Seigneur votre Dieu, je suis saint.
Frère Bernard-Marie