Dix-neuvième Dimanche T.O.

Jubilé de 60 ans de profession

 

de S. Geneviève à ND de Belval.

 

+

 

1 R 19, 4-8; Eph 4, 30 à 5, 2; Jn 6, 41-51.

 

+

 

 

 

Comme le prophète Elie dut affronter l’hostilité de la reine Jézabel, de même Jésus fut confronté aux récriminations et à l’incompréhension des foules. Pourtant, l’un comme l’autre, Jésus comme Elie, furent-ils non seulement des maîtres de la parole, mais aussi des hommes d’action qui, par les miracles qu’ils accomplirent, bouleversèrent la vie de ceux qui ont croisé leur chemin. Pourquoi alors une telle hostilité, un tel refus, un tel aveuglement de la part de ceux qui bénéficiaient ainsi de la bienveillance de Dieu?

 

Cette question ne vaut pas uniquement pour le Seigneur et son prophète, mais elle continue à traverser les siècles et à retentir aujourd’hui encore. L’Eglise n’est-elle pas elle aussi en bute à cette hostilité, à ce refus larvé, quand elle se risque à défendre les pauvres et les petits, ceux qui sont sans défense ou qui sont gênants? C’est pourquoi la réponse de Jésus, dans l’évangile que nous venons d’entendre, de même que les recommandations de l’apôtre Paul, dans sa lettre aux Ephésiens, gardent leur actualité pour nous, aujourd’hui encore.

 

La réponse de Jésus aux récriminations de ses auditeurs est très simple, mais, dans sa simplicité même, elle nous invite à une profondeur telle que bien souvent nous n’en percevons pas la vérité. En effet, Jésus répond à ses détracteurs qu’il ne cherche pas à attirer, à se faire un public, mais que c’est le Père qui touche le coeur de ceux qui l’écoutent. Quand la parole de Jésus touche le coeur de quelqu’un, c’est parce cette personne vivait déjà, au plus profond d’elle-même, dans cette communion intime avec le Père. D’une certaine manière, la parole de Jésus nous touche dans la mesure où déjà elle travaille secrètement en nous. Nous la reconnaissons plus que nous n’en prenons connaissance.

 

Ainsi, la Parole de Dieu touche celui qui s’est déjà laissé transformer par la motion intime de l’Esprit-Saint. Dieu parle au coeur avant de s’adresser à nos oreilles. Il nous invite, dans les petites choses de la vie, à changer notre manière d’être et de vivre, à travers de tout petits signes, qu’il nous faut apprendre à reconnaître. Et c’est en développant cette sensibilité au bien, à la vérité, à la beauté, que peu à peu nous comprendrons davantage, toujours plus profondément, la parole que Jésus nous adresse. C’est pourquoi l’apôtre Paul, s’il insiste souvent sur l’approfondissement de la Parole de Dieu dans ses Epîtres, ne manque jamais une occasion de nous rappeler que nous devons y préparer notre coeur en modifiant nos comportements.

 

Ainsi, dans le passage de la lettre aux Ephésiens que nous venons d’entendre, il nous invite à « imiter Dieu », en faisant disparaître de notre vie « tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté ». Voilà bien des attitudes qui ne viennent pas de l’Esprit de Dieu et qui ne conduisent pas à la rencontre de Dieu, mais bien au contraire nous en éloignent. Et il nous invite à prendre le contre-pied de ces mauvaises habitudes qui empoisonnent notre existence et celle de nos proches en étant « pleins de générosité et de tendresse » entre nous.

 

Un ancien Abbé du Mont des Cats, Dom Achille Nivès, que Soeur Geneviève a bien connu, aimait à répéter aux frères, à la fin de sa vie, cette sentence d’un auteur spirituel qu’il affectionnait particulièrement: « quand vous serez bienveillants, seulement bienveillants, alors sachez-le, mes frères », mes soeurs, « vous serez très proches de Dieu ». Et peut-être faudrait-il ajouter, « et surtout Dieu sera très proche de vous »!

 

Chère Soeur Geneviève, tout ce que je viens de dire, vous l’avez vécu et pratiqué dans cette communauté de Belval comme à la Fille-Dieu, en Suisse, où vous avez formé de nombreuses novices à cet humble amour de Dieu et de vos soeurs. Que la tendresse et la bonté de Dieu illuminent votre vie et celle de vos soeurs, aujourd’hui encore et pour toujours.

 

Ce contenu a été publié dans Homélies 2009. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.