L’accès au paradis fermé, l’accès au ciel ouvert
Cette nuit, nous avons entendu le récit de la Création, au Livre de la Genèse. Suite au péché de nos premiers parents, Dieu plaça un chérubin à la lance de feu à l’entrée du Paradis dont Adam et Ève furent expulsés. La relation privilégiée entre Dieu et ses créatures était rompue.
Durant tout le Carême nous avons suivi le Peuple d’Israël, sous la houlette de Moïse, pérégriner dans le désert. La Tente de la rencontre fut montée selon les instructions données par le Seigneur. Moïse voyait Dieu face à Face, mais pour le peuple un voile cachait la présence de Dieu dans la Tente, et un voile sur le visage de Moïse cachait le rayonnement de sainteté qui suintait après chacune de ses rencontres avec le Seigneur.
Le prophète Ézéchiel nous rapporte la vision de la gloire du Seigneur quittant le Temple. Cet événement dramatique eut lieu alors que le peuple était déporté par le roi de Babylone (Ez 10-11). Dieu ne peut demeurer dans le Temple si le Peuple le trahit et ne le célèbre plus.
Au moment de la mort de Jésus sur la croix, les trois évangiles synoptiques nous rapportent que le voile du Temple se déchira de haut en bas (ou par le milieu). Qui déchira ce voile ? Voici deux interprétations complémentaires.
On peut penser aux chérubins à la lance de feu qui vinrent ouvrir le passage direct entre la terre et le ciel pour que Jésus puisse l’inaugurer. Ces chérubins, quittèrent définitivement l’entrée du Paradis, parce que personne ne souhaite plus y retourner. Les chérubins donc, ouvraient toutes grandes les portes du ciel, pour faire entrer tous les défunts, depuis Adam et Ève, jusqu’aux contemporains de Jésus. Comme on voit sur certaines icônes, Jésus ressuscitant tient par la main Adam qu’il est allé chercher dans le royaume des morts pour l’emmener avec Lui dans le Royaume du ciel et des vivants.
On peut penser également à Dieu lui-même qui, de manière définitive, quitte le Temple. Celui-ci n’a plus lieu d’être puisque le Christ est vainqueur et que nous sommes invités à honorer Dieu en esprit et en vérité en tous lieux où nous prions. Jésus, ayant traversé le voile entre le monde terrestre et le monde divin, nous invite à Le suivre. D’abord sur nos routes humaines, ensuite dans la mort avec un passage vers la Vie, vers la vie éternelle.
Nous pouvons toujours regretter d’avoir perdu le charme du paradis et la proximité de Dieu se promenant dans la brise du soir… Nous ne sommes pas invités à rebrousser chemin, comme l’homme adulte n’est pas invité à retourner dans le sein de sa mère. Mais, en allant de l’avant, nous savons que la vie terrestre n’a qu’un temps et qu’une autre réalité, bien plus belle, grandiose, glorieuse, éternelle, nous attend.
C’est ce que nous enseigne Saint Paul dans l’extrait de l’épître aux Colossiens que nous venons d’entendre :
Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre.
Les choses d’en haut, ce n’est pas le Paradis, celui-ci est perdu. Nous n’avons pas à rêver d’y retourner, car nous avons un autre objectif, une autre raison d’espérer, une vraie raison de vivre et de croire. Oui, comme le dit encore Saint Paul dans la suite du texte :
Vous êtes passés par la mort,
Même si nous sommes encore sur cette terre, nous savons que le chemin est ouvert et que nous sommes attendus au ciel auprès de Dieu et de tous les Saints. Par notre baptême, nous sommes passés par la mort, et nous sommes fils avec le Fils. En cette période de confinement, prenons l’expression de Saint Paul à la lettre :
Votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu.
Que le Christ, notre Vie, nous anime, nous donne paix, force et joie durant le temps Pascal. Demandons à Jésus Ressuscité dans cette Eucharistie de vivre toujours davantage dans son intimité et de progresser en amour pour Dieu et nos frères. Rendons grâce à Dieu de pouvoir proclamer cette année encore :
Le Christ est ressuscité, Il est vraiment ressuscité ! Alleluia !