Deuxième Dimanche de Carême, Année B

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Gen 22, 1-18; Rom 8, 31b-34; Mc 9, 2-10.

 

 

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« Seuls, à l’écart, sur une haute montagne ». Ces quelques mots, qui introduisent l’épisode de la Transfiguration, que nous venons d’entendre, en disent long sur la façon dont Jésus se situe à l’égard de ce monde. Loin de rechercher l’admiration des foules et la gloire de ce monde, Jésus entraîne au contraire ses disciples à l’écart, sur une haute montagne, dans la solitude. C’est comme s’il craignait de forcer la conviction de ses contemporains. C’est pourquoi, sur la montagne, il choisit de n’emmener que quelques disciples, les plus fervents, les plus proches.

 

 

Cette manière de procéder, dans l’intimité, dans la discrétion, ne devrait pourtant pas nous étonner. En effet, Abraham, des siècles plus tôt, avait dû gravir seul la montagne du sacrifice, avec son fils unique, la joie de son coeur, Isaac. Sarah était restée au campement, loin de ce qui allait se passer. Les serviteurs fidèles qui l’avaient accompagné, eux aussi, étaient restés en bas. C’est dans l’extrême solitude de ce face à face avec l’enfant de la promesse, dans cet instant où la vie s’était révélée si proche de la mort, que Dieu s’était fait connaître à son serviteur, qu’Il avait parlé à son coeur.

 

 

Comme Abraham et Isaac, Pierre, Jacques et Jean ne sont pas redescendus indemnes de la montagne. Ils venaient, eux aussi, de contempler la gloire de Dieu, d’entendre sa voix. Comme Moïse et Elie, ils avaient été plongés dans la nuée de lumière et de nuit qui environne toujours le passage de Dieu dans nos vies. Ils s’en retournaient avec encore plus de questions, plus d’incertitudes, se demandant ce que cela voulait dire. Ils croyaient connaître Jésus, et voilà qu’il se révélait à eux autre, tout autre, infiniment différent de ce qu’ils auraient pu imaginer ou concevoir!

 

 

Cette montée et cette descente, ces moments de profonde intimité, de lumière et de nuit, nous pouvons nous aussi être appelés à les traverser, si la grâce nous en est donnée. Il peut nous arriver, à nous aussi, d’être invités un jour par Jésus à gravir la montagne, à laisser derrière nous les rumeurs et la présence rassurante de la foule, pour être conduits dans la solitude, à l’écart, sur la montagne. Ne nous étonnons pas, alors, si nous en redescendons avec plus de questions, plus de confusion, moins de certitudes! Quand Dieu se fait plus proche, il nous faut apprendre à vivre dans l’obscurité!

 

 

Cette expérience de la Transfiguration n’empêchera pas Pierre de tomber et de renier Jésus, elle ne rendra pas les disciples plus forts et plus courageux dans l’épreuve de la Passion. Ils auront beaucoup de mal à accepter et à comprendre le chemin que Jésus a choisi de suivre. La Transfiguration n’a pas empêché la Passion et la mort de Jésus. Elle n’a pas évité aux disciples de douter et de désespérer. Mais elle leur a permis de revenir. Elle leur a donné la force d’attendre et de croire.

 

 

Pourquoi nous étonner, alors, que l’Eglise de Jésus, cette Eglise fondée sur les Apôtres et leurs successeurs, traverse elle aussi parfois des tempêtes et des nuits? Comme les disciples de Jésus, nous devons, nous aussi, connaître ces temps de lumière et ces temps d’obscurité, afin que notre foi soit affermie, renforcée, rendue plus solide. Les turbulences d’un moment ne sont pas là pour éteindre notre foi, mais pour nous aider à retrouver, par delà nos difficultés, cette lumière de la Transfiguration qui, un jour, a traversé l’opacité de notre vie.

 

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