Sg 9,13-19 ; Phm 9-10.12-17 ; Lc 14,25-33.
Si quelqu’un vient à moi…
De grandes foules faisaient route avec Jésus. Le Rabbi des bords du lac de Galilée parle bien, il ferme la bouche aux pharisiens, il nourrit les foules et guérit les malades… Les foules s’attachent à Lui et le suivent partout où Il va. Mais est-ce suffisant pour devenir vraiment disciple de Jésus ? C’est pourquoi Jésus demande à tous ces gens : que cherchez-vous ?
Et il proclame : Si quelqu’un vient à moi … Ce que Jésus demande, c’est un attachement à sa Personne sans conditions, définitivement et inconditionnellement. Il faut renoncer à tout : père, mère, femme, enfants, frères, sœurs, il faut même renoncer à sa propre vie… Comment ses auditeurs ne seraient-ils pas choqués d’une telle interpellation ?
Mais écoutons ce que Jésus dit ensuite. Il propose deux petites paraboles :
Quel est celui qui … ne commence par s’asseoir pour voir si …
Quel est le but de toutes ces foules qui suivent Jésus ? Cherchent-elles un gourou, un faiseur de miracles, un conteur de paraboles ? Ou bien sont-elles prêtes à mettre leurs actes en harmonie avec les paroles de Jésus ? Voilà la vraie question.
Jésus est venu dans le monde pour nous dire une Parole de Vie : Dieu est Père et Il nous invite à nous convertir pour entrer dans le Royaume des cieux, pour vivre de son Amour éternellement. Ce message apparaît déjà dans l’Ancien Testament, comme nous l’avons entendu dans la première lecture extraite du Livre de la Sagesse :
Nous avons peine à nous représenter ce qui est sur terre,
et nous trouvons avec effort ce qui est à portée de la main ;
qui donc a découvert ce qui est dans les cieux ?
Pour nous aider à comprendre, disait encore l’auteur sacré, Dieu nous a donné sa Sagesse et son Esprit Saint. Avec cette aide divine,
les chemins des habitants de la terre sont devenus droits,
les hommes ont appris ce qui te plaît et,
par la Sagesse, ont été sauvés.
Telle était l’intuition, on peut dire l’expérience, du peuple de l’Ancien Testament.
Lorsque les temps furent accomplis, Jésus est descendu du ciel pour confirmer et préciser la relation privilégiée que Dieu veut contracter avec chacun de nous. Oui, Il est venu nous libérer du poids du péché et nous montrer la route vers le Père. Pour cela Il nous invite à devenir son disciple, Il nous invite à renoncer à tout le superflu pour l’unique bien qui demeure : participer à la vie avec Dieu dans le ciel, éternellement. Mais pour obtenir ce privilège, il y a quelques conditions, qu’il faut accepter.
Regardons Saint Paul, dans l’extrait de l’épître à Philémon que nous avons entendu. Par deux fois il affirme avec force :
moi qui suis aujourd’hui en prison à cause du Christ Jésus,
et plus loin à cause du Christ Jésus,
Paul n’a pas honte de sa situation. Il sait qu’il est sur la voie menant à la grande rencontre avec son Seigneur. Lui qui se dit un vieil homme (Phm 10) fait un bilan de sa vie en disant à Timothée :
J’ai combattu jusqu’au bout le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi. (2Tm 4,7)
À la suite de Jésus, Saint Paul nous montre la route, l’objectif de notre vie, le sens de nos actions. C’est dans ces conditions qu’on doit relire les mises en garde de Jésus : calculer si avec dix mille hommes on peut vaincre l’ennemi qui vient avec vingt mille. Vérifier aussi si nous avons de quoi payer la construction de la tour. Si nous allons de l’avant, en faisant confiance à Jésus, en Le suivant sur la route qui mène au Père, nous entendrons cette autre parole que l’Évangéliste Saint Marc met dans la bouche de Jésus :
En vérité, je vous le déclare, personne n’aura laissé maison, frères, sœurs, mère, père, enfants ou champs à cause de moi et à cause de l’Évangile, sans recevoir au centuple maintenant, maisons, frères, sœurs, mères, enfants et champs, avec des persécutions, et dans le monde à venir la vie éternelle. (Mc 10,29-30)
(Frère Bernard-Marie)