Vingt-sixième Dimanche du Temps

Lui, de condition divine…

D’après les historiens, Paul écrivit l’épître aux Philippiens vers l’an 60, alors qu’il est prisonnier à Rome.  Dans cette missive, comme dans d’autres épîtres, Paul reprend des textes liturgiques qui sont connus de ses destinataires.  L’un d’eux est la seconde partie de l’extrait que nous avons entendu en deuxième lecture.  Ce cantique montre que, très vite après la mort de Jésus, les croyants ont élaboré des expressions de leur foi.  Ici il s’agit de la foi en la divinité de Jésus.  Regardons d’un peu plus près ce qui y est affirmé.

Parmi les saints qui nous sont montrés en exemple, plusieurs ont quitté la gloire terrestre ou tel ou tel confort, pour se mettre au service des plus petits, ou pour se cacher et servir le Christ humble et pauvre.  Combien de fils et de filles de rois n’ont-ils pas choisi pour le Christ de renoncer à la gloire…  Jésus a renoncé à davantage que ces saints :
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu.
Mais il s’anéantit lui-même, devenant semblable aux hommes.

Pour devenir homme, Jésus n’a pas choisi les grands de ce monde, ni les puissants…  Il est entré par la petite porte dans une famille pauvre de Nazareth, lui le Fils de Dieu. 
Parmi les saints, non seulement ils ont renoncé à la gloire terrestre, mais certains se sont fait pauvre avec les pauvres, rejeté avec les rejetés, exclu avec les exclus.

Nous apprenons par les Évangiles que, au moment de la naissance de Jésus, il n’y avait pas de place pour eux dans la salle commune, et Jésus fut déposé dans une mangeoire dans l’étable (Lc 2,7). 

Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé,
Jésus a souffert des humiliations que tant de personnes connaissent dans leur vie.  Lorsque Philippe rencontre Nathanaël, celui-ci pose la question ironique : De Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? (Jn 1,46)

Rejeté par sa famille – Il a perdu la tête (Mc 3,21) – et par les habitants de Nazareth – D’où lui viennent cette sagesse et ces miracles ?  N’est-il pas de fils de Joseph ?  (Mt 13,54-56) – Jésus n’eut d’autre solutions que de se tourner vers les rejetés de la société.  À tel point que les scribes et les pharisiens le lui reprochaient : Il est allé manger avec les publicains et les pécheurs (Mt 9,11).

Jésus est venu nous apporter la Bonne Nouvelle, Il a enseigné l’amour du Père, l’amour de ses frères, la venue du Règne de Dieu.  Il est passé en faisant le bien (Ac 10,38).  Plus Jésus faisait le bien, plus il guérissait les malades en enseignait, plus les chefs du peuple, les pharisiens et les prêtres le critiquaient au point d’affirmer que c’est par Béelzéboul le chef des démons qu’il expulse les démons (Mt 12,24).  À tel point que Saint Jean, dans le Prologue de son Évangile affirme :
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu (Jn 1,11).

Combien de saints encore, à la suite du Christ, lorsqu’ils prennent les paroles de l’Évangile à la lettre, sont critiqués voire rejetés.  Mais Jésus a continué sa route, continuant à prier le Père la nuit – pour témoigner de l’Amour le jour.  Jésus ne s’est pas révolté, Il n’a pas crié, mais Il a continué à marcher. 
C’est ce que l’hymne des Philippiens rapporte : Il s’est abaissé, devenant obéissant,
Obéissant au Père, alors qu’Il ne comprend pas pourquoi son message d’Amour est rejeté par les foules, malgré les siècles de préparation par les Patriarches et les Prophètes de l’Ancienne Alliance.  Comment se fait-il que la haine réponde à l’amour ?  Question existentielle qui tarauda Jésus.  Mais, convaincu d’être sur la bonne voie en accord avec son Père : devenant obéissant jusqu’à la mort,

Alors qu’il annonçait sa mort prochaine à ses disciples, Jésus se fit rabrouer même par Pierre, tandis que Jacques et Jean faisaient des coudes pour obtenir les premières places dans son Royaume.  Jésus pouvait imaginer que les Juifs le livrent à l’autorité romaine et que sa mort serait atroce, mais cela ne l’a pas empêché de prendre résolument la route de Jérusalem (Lc 9,51),
devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix.

Combien de saints de tous les temps n’ont-ils pas suivi le chemin que Jésus nous a ouvert, en vivant les conseils évangéliques de manière héroïque.  Mais Jésus a fait infiniment davantage.  Lui, le Fils de Dieu, abaissé au plus bas… 

Jésus, Fils de Dieu et fils de Marie, ayant vécu parmi nous comme le plus petit de tous les hommes, est désormais exalté au-dessus de tous les saints :
C’est pourquoi Dieu l’a exalté, et lui a donné le Nom qui est au-dessus de tout nom…

Les saints sont pour nous des modèles à imiter, comme les saints ont imité Jésus dans son humilité, son abaissement, son obéissance.  Demandons à Jésus dans cette Eucharistie la grâce de vivre selon notre foi, et d’avoir ainsi la joie de partager un jour sa gloire dans le ciel. 

Frère Bernard-Marie

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