Vingt-sixième Dimanche de Temps Ordinaire

Prophètes pour aujourd’hui.

Jésus fait route pour Jérusalem, et Il a commencé à enseigner à ses disciples qu’il sera mis à mort dans la ville sainte.  Les disciples commencent à s’inquiéter, et chacun cherche à se situer dans la groupe, en se posant la question : Qui est le plus grand parmi nous ?  C’est l’évangile que nous avons entendu la semaine dernière.
Dans l’évangile selon Saint Marc, c’est ici la seule occurrence où un disciple autre que Pierre prend la parole…  Luc reprend cette péricope, après quoi Jacques et Jean, son frère, proposent à Jésus de faire tomber le feu du ciel sur le village des Samaritains qui ont refusé d’accueillir Jésus (Lc 9,54-55).  On comprend alors pourquoi Jésus leur donna le surnom de « Fils du tonnerre » (Mc 3,17).  Signe parmi d’autres que Jésus a choisi ses disciples dans la foule des gens rencontrés sur son chemin, sans leur demander de lettres de recommandations.
Jean donc, intervient auprès de Jésus pour dire qu’il est interdit de faire des miracles au nom de Jésus à ces gens qui ne sont pas de ceux qui nous suivent.  Non seulement ils ne suivent pas Jésus, mais ils ne sont pas avec les disciples.  Jean veut garder pour le petit troupeau des intimes le pouvoir de faire des miracles, tout comme Josué fils de Noun dans la lecture du Livre de l’Exode.
Dieu n’est pas aussi sourcilleux… Il n’est pas pointilleux.  Dieu donne sa grâce, Il partage ses dons avec générosité et ne demande qu’à ce qu’ils portent des fruits.  C’est la réponse de Moïse à Josué, c’est également la réponse de Jésus à Jean.
Dans la suite de l’évangile de ce jour, Jésus complète l’enseignement que nous avons entendu la semaine dernière.  Jésus a pris un enfant et l’a mis au milieu des disciples.  Il s’agit ici des causes de « scandale » qui risquent de faire tomber ces « petits ».  Dans la menace, Jésus parle de l’homme qui serait attaché à une meule et jeté au fond du lac.  Il est possible que Jésus se réfère ici à certains condamnés par le pouvoir romain qui subirent cette peine…  Mais la sentence dans la bouche de Jésus est particulièrement rude, surtout dans le contexte.
Les deux premières sentences Si ta main… si ton pied… représentent l’agir de l’homme.  La troisième Si ton œil… traduit les intentions profondes.
Les petits qui croient en moi… ce sont tous ces chrétiens, jeunes et vieux, dont la foi risque de vaciller par les scandales ou les actions déplacées.  Nous sommes tous concernés.  Nous sommes tous appelés à mettre nos actes en harmonie avec notre foi, avec notre pratique religieuse.
L’interpellation de l’apôtre Saint Jacques dans la seconde lecture de ce jour vaut également pour nous aujourd’hui.  Les « riches » que Jacques invective, pourraient être ceux que le pape François traite de cléricalisme.  Le pouvoir des clercs, quels qu’ils soient, est le même que le pouvoir des riches dont parle Saint Jacques.  Que faisons-nous pour aider les pauvres, « ces petits qui croient en moi » pour reprendre l’expression de Jésus ?  Nous sommes appelés à prendre la dernière place, avec Jésus.  Le prêtre n’est pas au-dessus de la mêlée, il est serviteur de la communauté à laquelle il est envoyé, comme le rappelle encore le pape François.  Le moine, quant à lui, est invité à une vie d’humilité et de disponibilité.  La tâche principale qui nous est demandée, est de prier.
Le Corps qui est l’Église souffre des scandales de certains de ses membres.  Ce Corps est aussi complexe, voire plus complexe, que le corps humain.  Dans le corps humain il y a les bras et les jambes, ceux qui agissent.  Il y a également le cœur et la respiration, ceux qui aiment et ceux qui prient.  Pour remédier au malaise qui secoue l’Église, le Pape nous demande de privilégier la prière et le jeûne.  C’est à tous les chrétiens que le Pape s’adresse.  Mais certains, dans le Corps qui est l’Église, sont plus spécialement dédiés à la prière et le jeûne : les moines et les moniales, les contemplatifs et les contemplatives.
Jésus et Moïse nous invitent tous à devenir prophètes pour notre temps.  Cela demande de chacun de nous une attention pour entendre la Parole que l’Esprit nous donne à dire, et la force de la dire.  Cela aussi demande humilité et écoute dans la prière.
La participation à l’eucharistie du dimanche, la prière quotidienne, sont des outils qui nous permettent de connaître ce que Dieu attend de nous.  C’est durant ces temps privilégiés avec Dieu, qu’Il nous parle, pour nous et pour nos proches.  Demandons à Jésus, au cours de cette Eucharistie, de nous éclairer sur notre agir.  Demandons-Lui aussi la force d’agir selon ce qu’Il nous inspire.  De cette manière, nous serons vraiment prophètes du Seigneur pour l’Église d’aujourd’hui.

Frère Bernard-Marie

 

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