Premier Dimanche de l’Avent, année B

Une nouvelle année liturgique

Le premier Dimanche de l’Avent, c’est le commencement d’une nouvelle année liturgique.  Année après année, nous reprenons le cycle de la relation entre Dieu et les hommes.  Nous rappelons les œuvres de Dieu dans l’Ancien Testament, puis nous commémorons la vie et la mort de Jésus.  Et nous clôturons par la méditation de l’action de l’Esprit dans l’Église au long des siècles. 

Revivre ainsi toute l’Histoire Sainte, année après année, n’est pas se remémorer une boucle perpétuelle.  Non, pour nous les croyants, la vie est une progression, l’Histoire a un sens et un avenir.   La Création vient de Dieu : c’est ce que nous révèlent, de manière imagée, les Récits de la Création du Livre de la Genèse.  Dieu a créé le monde et Il a placé l’homme et la femme dans le Jardin pour qu’ils le cultivent et le fassent fructifier. 

La première question existentielle que chacun se pose au moins une fois dans sa vie : d’où venons-nous et où allons-nous ?  Qui a créé le monde, et pourquoi ?  Dans la mesure où nous n’imaginons pas que nous sommes purement fruits du hasard, il y a certainement Quelqu’un qui a créé l’univers et nous a donné la vie. 

S’il y a un Dieu créateur de tout ce qui nous entoure, Il a voulu se révéler aux hommes comme un Dieu d’amour cherchant à entrer en relation avec nous.  Mais le processus a été long et compliqué.  Car lorsque Dieu entre en relation avec sa créature, Il le fait dans la discrétion et l’humilité.  Dieu veut une relation libre, une relation filiale et de confiance.  Impossible pour Dieu de s’imposer, puisqu’Il nous a créés libres ! 

Dieu dit à Abraham : « Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te donnerai… » (Gn 12,1)
Dieu dit à Moïse : « Je suis le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob… Tu feras sortir d’Égypte mon Peuple… vous rendrez un culte à Dieu sur cette montagne » (Ex 3,6.12).

Ce n’est que plusieurs siècles plus tard que Dieu, par la bouche du prophète Isaïe, peut dire au Peuple d’Israël, comme nous l’avons entendu dans la première lecture :
maintenant, Seigneur, c’est toi notre père.
Nous sommes l’argile, c’est toi qui nous façonnes :
nous sommes tous l’ouvrage de ta main.

Dieu n’est plus seulement le Créateur du Ciel et de la Terre, Il Notre Père.  Et, encore plusieurs siècles plus tard, le Père nous donnera son Fils Jésus qui nous dit : je suis le Fils et je suis venu pour faire de vous mes frères, cohéritiers du Royaume.  Ce qui n’a pas empêché les chefs du Peuple de refuser le message de Jésus et de le faire condamner à mort. 

Ce rapide survol de l’Histoire Sainte, en ce premier Dimanche de l’Avent est une invitation pour chacun de nous à méditer notre propre relation à Dieu.  Dans toute vie chrétienne, dans toute vie monastique, il y a des hauts et des bas, de période fastes et de périodes de tentations, de découragement.  Dieu nous accompagne toujours, mais nous ne Le voyons pas à nos côtés.  Les épreuves peuvent sembler dépasser nos forces, au point de douter que Dieu nous a parlé dans le Buisson Ardent.

Comme le peuple au désert, nous avons vite fait de douter de la présence de Dieu avec nous et d’adorer de faux dieux.  C’est tellement plus rassurant de mettre la main sur une divinité qui nous comprend et ne contrarie pas nos ambitions.  Il peut arriver aussi que Jésus nous invite avec lui sur la montagne de la Transfiguration.  La gloire expérimentée alors ne doit pas exacerber notre ambition de siéger à droite et à gauche de Jésus dans son Royaume.  Nous ne devons pas non plus freiner des quatre fers si Jésus nous parle d’épreuves et de tentations, cela fait partie de la vie de chaque croyant. 

Jésus est à la fois présent à nos côtés et absent, dans la mesure où nous ne pouvons pas mettre la main sur lui ni le voir de nos yeux de chair.  Mais Il nous donne la grâce de la persévérance et de la confiance, comme le rappelle Saint Paul aux Corinthiens :
C’est lui qui vous fera tenir fermement jusqu’au bout,
et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ.

Dieu donne en effet à chacun la grâce nécessaire et la force dans l’épreuve, pour ne pas tomber dans le découragement et garder confiance.  Oui,
Dieu est fidèle, lui qui nous a appelés à vivre en communion avec son Fils.

C’est pourquoi, dans l’évangile de ce premier dimanche de l’Avent, Jésus nous invite à veiller !  Nous ne savons pas à quelle heure du jour – ou de la nuit – le Fils de l’homme viendra.  Veillons, car Il est toujours à nous côtés.  Ainsi, même si nous ne le voyons pas et que la route semble rude, parsemée d’embûches de toutes sortes, Jésus est à nos côtés, Il nous accompagne, Il veille sur nous. 

Que le maître mot, tout au long de cette nouvelle année liturgique soit, veiller et prier, pour ne pas être surpris lorsque le Seigneur reviendra pour nous prendre auprès de lui.  Demandons à Jésus, dans cette Eucharistie, la grâce nécessaire pour avancer joyeux sur notre route humaine. 

Frère Bernard-Marie

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