Jeudi Saint

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Ex 12, 1-8. 11-14; 1 Cor 11, 23-26; Jn 13, 1-15.

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« C’est une exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous »! C’est la seule fois, dans l’Evangile de Jean, et même dans les trois autres Evangiles synoptiques, où Jésus utilise le mot grec qui signifie « exemple », qu’il se propose ainsi Lui-même, de manière aussi explicite, comme un  « exemple » à imiter.  Tout ce qu’Il a enseigné, tout ce qu’Il a accompli se trouve donc ainsi concentré, résumé dans ce passage de l’Evangile de Jean, que nous venons d’entendre.

Mais quel est donc cet exemple, cette image que Jésus propose à notre imitation? Contrairement aux autres Evangélistes, Saint Jean ne nous raconte pas ici le récit de l’Institution de l’Eucharistie. En effet, si nous sommes invités à célébrer l’Eucharisitie en mémoire du Seigneur, nous ne pouvons L’imiter sur ce point. Lui Seul a donné, une fois pour toutes, Son Corps et Son Sang, pour le pardon de nos péchés.

Mais nous pouvons participer à l’oeuvre du Salut d’une autre manière, selon notre propre mesure. Ce que Jésus propose à notre imitation, c’est de suivre le  chemin qui L’a conduit à cette dernière place, dont le bienheureux Charles de Foucault disait que nul, désormais, ne pourrait la Lui ravir. Jésus est bien le « Maître et le Seigneur », mais Il nous révèle ce que cela signifie, dans le langage de Dieu.

Car pour Dieu, régner c’est aimer, dominer c’est servir, commander c’est prendre la dernière place. Nous sommes loin de ces grands de la terre, qui font tout pour  se faire admirer, qui se poussent à la première place, qui cherchent à concentrer toute l’attention sur eux, pour se faire servir. Nous sommes loin de cette image d’un Dieu Tout-Puissant qui ferait subir ses moindres volontés à des créatures soumises et impuissantes.

En s’agenouillant aux pieds de ses disciples, avant de prendre résolument le chemin de la Passion, Jésus nous révèle en fait le coeur de sa mission, le coeur de Dieu Lui-même. Et, en nous proposant de L’imiter,  Il veut nous aider à comprendre, à travers chacune des fibres de notre être, ce qu’aimer veut dire, Il veut nous enseigner la vie intime de Dieu.

Cependant, frères et soeurs, en disant cela, j’ai bien conscience, pour ma part, d’en être totalement incapable. Lequel d’entre nous, en effet, est prêt à prendre en vérité la dernière place? Cet amour là nous fait bien trop peur, et nous trouverons toujours de multiples raisons pour y échapper. C’est pourquoi Jésus nous a laissé le Sacrement de Son Corps livré et de Son Sang versé, car Il connaît notre faiblesse.

Pour en arriver là un jour, pour parvenir à aimer comme Il nous a aimés, nous avons besoin, un besoin vital, de nous nourrir de ce Sacrement de Salut. C’est pour cela qu’Il nous a laissé l’Eucharistie, ce Sacrement de la croissance, ce Sacrement de la force, ce Sacrement du courage, qui nous font si souvent défaut. Car Il sait bien que, sans Lui, nous ne pouvons rien faire.

 

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