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1 R 19, 4-8; Eph 4, 30-5, 2; Jn 6, 41-51.
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« C’en est trop »! Ce sentiment de raz le bol du prophète Elie, qui s’était retrouvé tout seul, pour proclamer sa foi, face à un peuple indifférent et à l’hostilité des puissants, n’est-il pas bien souvent le nôtre, aujourd’hui ? Pourtant, dans l’histoire d’Israël, ces moments de déliquescence, où Dieu semble avoir perdu la partie, où la foi semble ne plus tenir qu’à un fil, sont très nombreux. La Bible nous les raconte, sans ménagements, sans craindre de susciter en nous découragement ou lassitude.
L’Evangile de ce jour nous rappelle, d’ailleurs, que Jésus Lui-même fut également en butte à la dérision et au mépris de ses contemporains. Voilà qui nous met en face d’une réalité à laquelle, peut-être, nous ne nous étions pas vraiment préparés. Contrairement à ce que nous rêvions, la foi n’est pas un long fleuve tranquille, fait de certitudes bien assises et confortables. La foi est un combat. Mais un combat qui exclue « toute espèce de méchanceté », comme nous le rappelait Saint Paul, dans la seconde lecture, et qui choisit « la générosité et la tendresse » .
Même si la métaphore du combat nous gêne un peu, parce qu’elle évoque pour nous des réalités intolérables, celle-ci est très souvent reprise, dans les Ecritures, pour décrire l’aventure de la foi. En fait, loin des caricatures de combattants de Dieu, qui nous sont présentées aujourd’hui, cette image a surtout le mérite de nous ôter nos illusions sur le côté tranquille, sans histoires, et même un peu rassurant, que nous imaginons, quand nous parlons de la foi.
Pourtant, à cette image guerrière, les textes de ce jour apportent un correctif essentiel. Si le prophète Elie marche dans le désert, s’il refuse de se résigner, ce n’est pas par sa propre force. C’est parce qu’il est mystérieusement nourri, parce qu’un repos réparateur lui est donné, qu’il peut affronter l’épreuve.
Jésus le rappellera à ses adversaires qui refusent de reconnaître sa mission: « personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire » . Seul celui qui a reçu « la marque du Saint Esprit de Dieu », comme le déclare Saint Paul, peut affronter, contre vents et marées, les tempêtes intérieures et extérieures de l’aventure de la foi.
Ainsi, pour persévérer dans le combat de la foi, il ne s’agit pas d’abord de fourbir des arguments, de préparer sa défense, de se barder de certitudes. Non, le combat de la foi demande surtout de se mettre à l’écoute de l’Esprit Saint. C’est dans la prière, dans l’écoute amoureuse et silencieuse de la Parole de Dieu, dans la communion au Corps et au Sang du Seigneur, que nous trouverons les forces dont nous avons besoin, pour poursuivre notre route, quelles que soient les difficultés, l’hostilité des hommes, les doutes et les incertitudes.
C’est pourquoi Jésus invite ceux qui le suivent à ne pas céder à la peur du lendemain, car aujourd’hui se suffit à soi-même. Il n’y a pas de statistiques ni de prévisions à long terme, dans les Evangiles, mais une invitation pressante, tendre et bienveillante, à vivre aujourd’hui le miracle de la foi. L’avenir est à Dieu, celui de l’Eglise comme celui du monde qui nous entoure. Et c’est parce que nous sommes entre les mains de Dieu, que l’avenir est à l’aventure de la foi!