Vingt-troisième Dimanche du T.O.

Tout ce qu’il fait est admirable

La semaine dernière nous avons entendu comment Jésus remettait les envoyés du Temple de Jérusalem en place par rapport à la tradition des Anciens sur le pur et l’impur.  Cette première grande controverse entre Jésus et la hiérarchie religieuse perturba tellement Jésus qu’il décida de se retirer en pays païen pendant quelque temps.
Jésus partit de là et s’en alla dans le territoire de Tyr.
Il entra dans une maison ; il voulait que personne ne le sache,
mais il ne put rester caché. (Mc 7,24)
Vient alors la guérison de la fille de la syro-phénicienne (Mc 7,25-30) et Jésus décide de revenir en Galilée mais en faisant tout un détour dans le territoire de la Décapole, territoire qui se trouvait de l’autre côté du Jourdain, alors que Tyr et Sidon sont des villes au bord de la Méditerranée.  C’est dans la Décapole que Jésus fait la guérison que nous venons d’entendre dans l’Évangile de ce matin.
La réputation de Jésus s’est propagée comme une traînée de poudre à travers le pays des incroyants, alors que les Juifs expriment beaucoup de réserves par rapport aux dons de guérison de Jésus.  Cette fois, Jésus ne demande pas la foi de ses interlocuteurs ni du malade qu’on lui demande de guérir.  Sans doute est-elle évidente, comme dans la guérison de la fille de la syro-phénicienne dont Saint Marc parlait juste avant.  Mais Jésus prend quand même la précaution de faire la guérison à l’abri des regards pour ne pas éveiller l’idolâtrie encore vivace dans les régions non-juives qu’Il traverse.  Quelques années plus tard Saint Paul à Lystres eut les mêmes problèmes :
À la vue de la guérison que Paul venait de faire, la foule s’écria :
« Les dieux, sous forme humaine, sont descendus parmi nous ! »
Ils appelaient Barnabé Zeus et Paul Hermès… (Ac 14,11-12)
Dans la lecture de l’Évangile de ce jour, la foule aussi s’écrie… pour exprimer son émerveillement.  Selon les habitudes des populations sémitiques, voilà qu’ils se mettent à chanter en chœur, sur un refrain connu de tous :
Tout ce qu’il fait est admirable :
il fait entendre les sourds et parler les muets.
Mais Jésus, ici comme en d’autres occasions, ne veut surtout pas que le merveilleux prenne le pas sur la foi !  Impressionner les gens par des actes admirables, par des guérisons spectaculaires, en marchant sur les eaux ou en procurant des pêches miraculeuses n’est pas le but premier de Jésus.
Toujours Jésus cherche à conforter la foi de ses interlocuteurs.  Si, dans l’Évangile de ce matin, Jésus n’a pas demandé la foi au sourd-muet ou à ses proches, n’est-ce pas parce que, par ce miracle, Jésus voulait donner un message fort à ses propres disciples ?  Pourquoi sinon faire la guérison à l’écart des regards curieux et des chercheurs de sensationnel ?
Les disciples, eux, étaient avec Jésus quand il fait le miracle.  Dans la section de l’Évangile selon Saint Marc que nous lisons actuellement, les miracles se succèdent les uns aux autres, tandis que les oppositions des envoyés du Temple de Jérusalem se multiplient.  Jésus veut donc, par touches successives, faire comprendre aux disciples qui Il est et pourquoi Il est venu.  Lorsque Jésus conduira les disciples à Césarée de Philippe, encore en pays païen, Pierre affirmera avec sa conviction coutumière :
Tu es le Christ, le Messie (Mc 8,29)
Nous aussi, nous sommes sur un chemin de connaissance progressive de Jésus.  Il est avec nous tous les jours et nous donne, aujourd’hui encore, son corps à manger et son sang à boire.  Reconnaissons qu’Il est également à l’œuvre dans notre vie, dans le monde, et osons chanter à notre tour :
Tout ce qu’il fait est admirable :
il fait entendre les sourds et parler les muets.

Is 35,4-7a ; Jc 2,1-5 ; Mc 7,31-37.
Frère Bernard-Marie

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