Vingt-troisième Dimanche

Qui peut découvrir les intentions de Dieu ?

La première lecture, tirée du Livre de la Sagesse.  Ce Livre a probablement été écrit moins d’un siècle avant la naissance de Jésus.  Nous avons ici une réflexion déjà assez avancée de la compréhension de l’action de Dieu sur le monde. 

Le peuple de l’Ancien Testament avait été formé, progressivement, pour découvrir qui est Dieu, qui nous sommes, d’où nous venons et vers où nous allons.   Ce sont ces mêmes questions que se posaient depuis plusieurs siècles les grands philosophes païens de l’antiquité. 

Dieu, dans l’enseignement progressif qu’il donna au Peuple élu, lui a révélé qu’Il est Dieu, qu’Il est Père, qu’Il est Amour.  Dieu nous révèle notre état de créature, et Il nous invite à Le reconnaître comme Créateur du ciel et de la terre.  Comme le dit l’auteur du Livre de la Sagesse, l’homme a déjà de la peine à comprendre son environnement immédiat.  Comment alors comprendre les cieux et ce qui s’y trouve, ou « ceux qui s’y trouvent ». 

Déjà l’auteur de ce Livre de l’Ancien Testament affirme que nous connaissons la Volonté divine par le don de la Sagesse, par le don de l’Esprit Saint.  Jésus est venu compléter cet enseignement, en nous expliquant les cieux et ce qui s’y trouve, en nous découvrant que Dieu est notre Père, en nous donnant l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils. 

Mais l’enseignement qu’Il nous donne ne nous laisse pas indifférent.  C’est ce que l’évangile de ce matin nous rappelle.  Le contexte nous montre que les foules continuent à suivre Jésus, tandis que celui-ci parcourt les villages de Galilée et enseigne dans les synagogues.  Dimanche dernier nous entendions Jésus rabrouer les gens qui cherchent les premières places dans les repas.  Dimanche prochain nous entendrons la parabole des deux fils, qui met en exergue l’amour fou du Père. 

Telle est la Bonne Nouvelle que Jésus proclame dans cette section de l’évangile selon Saint Luc.  Tout en annonçant la venue du Royaume, Jésus décrit qui est le Père.  Il nous invite à devenir ses disciples, ses frères, pour devenir ainsi fils du même Père du ciel.  C’est dans ce contexte que Jésus nous adresse ce matin l’avertissement : celui qui (ne fait pas ceci ou cela) … ne peut pas être mon disciple

Dieu doit être premier dans nos vies.  Être disciple de Jésus, c’est se mettre à son école pour progresser dans notre intimité avec Dieu son Père.  Cette intimité nécessite des renoncements.  Tout choix de vie, quel qu’il soit, implique des renoncements d’autres opportunités, opportunités opposées ou contraires à la voie choisie. 

Être disciple de Jésus veut donc dire préférer Jésus par-dessus tout ou, pour reprendre l’expression de l’évangile aimer Jésus à tel point qu’on Le préfère à son père, sa mère, ses enfants, sa propre vie…  Par les deux petites paraboles Jésus nous fait ensuite comprendre qu’il n’est pas possible de s’asseoir entre deux chaises.  Si on choisit Jésus on construira sa tour sans encombre.  Si on choisit Jésus on partira en campagne et on vaincra ses ennemis.  Le combat est rude, mais pas contre des personnes physiques.  Il s’agit de combattre les vices, l’ambition, le mal, le démon.  Pour cela, difficile de faire dans les demi-mesures.  Ne pas choisir signifie qu’on veut manger à tous les râteliers.  Mais ce n’est pas possible.  En d’autres circonstances Jésus nous rappelle : Qui n’est pas avec moi est contre moi.  Ou encore Nul ne peut servir deux maîtres

Celui qui veut être mon disciple… doit me donner la priorité en tout, nous dit Jésus.  Mais, être disciple de Jésus, c’est une relation d’amour, une réelle relation entre Jésus et moi.  Jésus nous conduit ensuite à son Père, dans une relation miséricordieuse et filiale qui nous fait grandir en sainteté. 

Lorsqu’il s’adresse à Philémon dans l’extrait que nous avons entendu en deuxième lecture, Paul se réfère à cette fraternité de sainteté pour demander un geste en faveur d’Onésime.  Ce petit esclave, par l’intermédiaire de Paul, est devenu disciple de Jésus.  Paul le renvoie à son maître, en lui demandant de le recevoir comme si c’était lui.  Paul, Onésime et Philémon partagent désormais la même foi en Christ : ils sont fils d’un même père, frère en Jésus-Christ.  Paul, d’une certaine manière, applique à son ami Philémon la parole entendue en première lecture.  Pourquoi Onésime a-t-il fui son maître et est-il arrivé chez Paul ? 

Quel homme peut découvrir les intentions de Dieu ?
Qui peut comprendre les volontés du Seigneur ?

Demandons à notre Seigneur Jésus-Christ, dans cette eucharistie, d’ouvrir notre cœur à sa Volonté.  Qu’Il nous éclaire sur la voie où Il nous conduit, lui qui maintenant ne nourrit de son corps et de son sang.    

Frère Bernard-Marie

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