Vingt-quatrième Dimanche du T.O.

Pour vous, qui suis-je ?

Pas plus que les foules qui accourent et s’émerveillent des miracles accomplis, les disciples de Jésus ne comprennent les événements ni ne réalisent vraiment qui est Jésus.  C’est ce qui ressort de la petite péricope évangélique de ce matin.

Jusqu’ici, oui, tout réussit à Jésus.  Il n’y a aucune raison, selon Pierre, pour que quelque chose vienne enrayer le mouvement.  Et pourtant…  Lorsqu’ils doivent dire à qui ils pensent lorsqu’ils voient Jésus à l’œuvre, ils parlent d’abord de Jean Baptiste qu’Hérode vient d’assassiner (Mc 6,21-29).  Ils parlent ensuite d’un des prophètes, oubliant peut-être un peu vite que presque tous ont eu une mort tragique.  Ils ont tous été persécutés par le pouvoir politique ou religieux en place. Même Élie, qui fut emporté au ciel dans un tourbillon (2R 2,11-12) eut droit à sa part de persécutions, au point qu’il s’enfuya au Mont Horeb pour échapper à la vengeance de la reine Jézabel (1R 19,1-10).

Le fait de comparer Jésus à l’un des grands prophètes du passé était certainement lié aux difficultés qu’Il rencontrait face aux scribes et aux pharisiens venus de Jérusalem tant pour le questionner que pour vérifier s’il respectait toutes les prescriptions de la Loi.  Il pardonne les péchés, Il guérit le jour du sabbat, Il mange sans se purifier les mains, Il ne prescrit pas à ses disciples de jeûner…

Jésus quant à lui se rendait bien compte que puisque les foules couraient à sa rencontre, la hiérarchie religieuse y prenait ombrage.  Elle commençait à préparer une intervention pour faire taire celui qui n’était pas de leur clan.  C’est dans ces circonstances que Jésus demande aux disciples pour vous qui suis-je ? Mais eux ne voient pas le danger arriver.  Ils ont encore les yeux et les oreilles pleins des merveilles réalisées par leur Maître.  C’est pourquoi Pierre peut affirmer sans l’ombre d’un doute : Tu es le Messie.

Ensuite, tout entier pris dans la réussite de Jésus, il ne supporte pas d’entendre celui-ci prophétiser sa mort prochaine de la main des Juifs.  Comment serait-ce possible, puisque tu ne fais que du bien et que tout le monde t’acclame ?  Et il se mit à lui faire de vifs reproches.

Jésus le remet en place vertement, par l’expression Passe derrière moi, Satan ! dont Pierre se souviendra longtemps après.  Mais le soir, Jésus explique plus clairement le sens de ses paroles de la journée.

La voie que je vous ouvre n’est pas un chemin facile.  C’est la voie des prophètes et des serviteurs de la Parole de Dieu.  Les écueils, les contestations, les oppositions y sont courantes.  N’ayez crainte, avancez.  J’ai pris ce chemin avant vous, je vous ai tracé la voie.  Prenez votre croix, quelle qu’elle soit, et suivez-moi.

L’important selon Jésus n’est pas la réussite ici-bas.  Les paroles des bien-pensants, les éloges des populations à l’affût de tout merveilleux…  cela passera. Mais le plus important est de garder sa vie, la vraie vie, la vie avec Dieu, et d’obtenir ensuite la vie éternelle.

Aujourd’hui, Jésus nous pose à nous aussi la question : Pour vous, qui suis-je ? Comment répondons-nous ?  Est-il un prophète parmi les autres ?  Peut-être le plus grand des prophètes ?  Est-il pour nous le Messie ?  Mais que veut dire ce titre dans notre bouche ?

Oui, Jésus est le Messie, le Fils de Dieu.  Il est venu nous montrer la voie de la conversion, la voie du retour au Père, la voie de la vie éternelle.  Mais cette voie n’est pas un chemin de facilité.

À nous aussi, Jésus demande de prendre notre croix et de Le suivre.  Après la mort et la résurrection de Jésus, après les nombreux exemples que nous ont donné les saints au cours de la longue Histoire de l’Église, nous savons ce que cela veut dire de prendre sa croix.  Chacun à notre place, gardons en mémoire la dernière parole de Jésus dans l’Évangile de ce matin :

Celui qui perdra sa vie pour moi et pour l’Évangile la sauvera.

Amen.

Frère Bernard-Marie

 

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