Vingt-huitième Dimanche

Les invités au repas des noces.

Nous lisons en cette fin du Temps ordinaire, les derniers chapitres de l’Évangile selon Saint Matthieu. Jésus est à Jérusalem et il répond aux chefs des prêtres et aux Anciens qui le harcèlent de questions pour le mettre à l’épreuve et trouver une raison de l’arrêter et de le condamner à mort. Jésus est bien conscient de la situation. Il sait que ses jours sont comptés, et il met toute sa science au service de son message pour essayer de convertir ses interlocuteurs.
Mais plus Jésus leur parle, plus ils sont convaincus qu’il faut supprimer ce trouble-fête pour sauver l’unité du Peuple, comme le rapporte Saint Jean dans la condamnation par le sanhédrin, lorsque Caïphe affirme :
Il est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple. (Jean 18,14)
C’est dans un tel environnement crispé que Jésus, de plus en plus précisément, parle des événements qui se préparent. La semaine dernière nous avons entendu la parabole des vignerons qui tuent jusqu’au fils unique pour accaparer l’héritage. En filigrane il s’agissait évidemment de Jésus lui-même qui prévoit sa condamnation inéluctable.
Le repas auquel sont conviés les convives n’est pas un repas ordinaire, mais un repas de noces pour le Fils du roi. Cette image fait référence, pour les auditeurs de Jésus, à l’union nuptiale entre Dieu et son peuple, comme nous le rapporte le prophète Isaïe dans la première lecture de ce matin. Les invités refusant de venir, et maltraitant ou tuant les messagers, le roi ordonne d’inviter tous ceux qui se trouvent sur les chemins et dans les carrefours. On peut s’étonner que, alors que tout est prêt, le roi ait le temps d’envoyer chercher de nouveaux convives… mais cela fait partie de la puissance des paraboles. Cette fois, la salle des noces est pleine de convives.
Le roi vient saluer chacun des invités, avant que le repas ne leur soit servi… Et il s’arrête auprès d’un convive qui n’a pas le vêtement de noce. Et il est jeté dehors, sans autre forme de procès. Qu’est-ce que Jésus a voulu dire, et comment Matthieu a réécrit la parabole à l’intention des chrétiens de tous les temps ?
Jésus met les Juifs en garde contre le fait que, s’ils ne répondent pas à l’invitation de Dieu d’être Son Peuple, le Peuple de l’Alliance, le privilège leur sera enlevé et donné à un autre peuple qui en donnera les fruits. Dans les différentes paraboles que Matthieu rapporte dans ces derniers chapitres, Jésus interpelle les grands prêtres et les anciens du peuple. Il veut leur faire comprendre, par des images, qui Il est, pourquoi Il est venu et ce qu’Il espère du Peuple : sa conversion et la foi. Mais plus Jésus parle, plus les membres du Sanhédrin se braquent contre lui…
Lorsque Matthieu rédige cette parabole et qu’il annonce la destruction de la ville, il songe bien évidemment à la ville et au Temple de Jérusalem que l’armée romaine a détruits en l’an 70 de notre ère.
Les nouveaux invités, les méchants comme les bons, trouvés sur les routes et dans les carrefours, se rapportent à la communauté chrétienne pour laquelle Matthieu a rédigé son Évangile. Ils proviennent de toutes les nations, et ne peuvent se glorifier de quelque privilège que ce soit dans leur élection. C’est par pure grâce que Dieu nous a invités et qu’Il nous invite à célébrer la noce de son Fils.
Mais Matthieu les invite à ne pas se glorifier de remplacer les premiers invités qui n’en étaient pas dignes. Nul ne peut se glorifier devant la grâce que Dieu nous accorde, gratuitement.
Il en est de même pour chacun de nous. Nous devons nous revêtir de l’habit des noces. Nous devons accepter de vivre selon la loi de Dieu, qui est loi d’amour, et sans mépriser ceux qui s’éloignent de la religion ou de la pratique religieuse. Qui suis-je pour juger mon frère, comme le disait déjà Saint Paul à plusieurs reprises à ses correspondants…
Jésus nous invite au festin des noces éternelles, dans les cieux. À nous de nous y préparer, en mettant le vêtement de noce. L’eucharistie qui nous rassemble nous fait déjà goûter à la joie de l’union avec Dieu et à la communion entre frères. Demandons à Jésus de nous faire découvrir, toujours davantage, combien Il est heureux de nous voir nous rassembler et combien Il nous comble de ses grâces.

Frère Bernard-Marie

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