Vingt-huitième Dimanche du Temps Ordinaire

Un homme, qui pourrait être chacun de nous, arrive en courant auprès de Jésus et l’arrête en tombant à genoux à ses pieds. Il a une question capitale à poser sur la suite de la vie. Jusqu’ici, tout va bien pour lui, semble-t-il. Mais l’après ? Il voudrait s’assurer sur la suite. Cette « vie éternelle » qu’il veut avoir, Jésus l’annonce en effet, en fin d’évangile, mais l’homme n’est plus là pour l’entendre. Notre aventure à nous, sera-t-elle la même ?
Jésus dit en effet que recevra la vie éternelle celui qui aura opté pour lui et pour l’Evangile. Et tellement clairement opté qu’à cause de Jésus, il aura quitté tout ce qui est le meilleur ici-bas : les relations les plus précieuses – frères et sœurs, père et mère -, aussi bien que « la maison » et « la terre », c’est-à-dire le lieu de tous les biens. Quitter tout cela pour le suivre, lui, Jésus.
Mais Jésus répond-il vraiment à la question que se pose cet homme ? « Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » L’homme est prêt à tout pour obtenir l’héritage. Il cherche que faire. Il fait beaucoup, et même il fait bien ; ce qu’il dit à Jésus. Il accomplit les bonnes actions, celles qui ne vont pas contre les commandements fondamentaux du respect des père et mère mais aussi du respect de n’importe quel homme. Il s’appuie sur sa bonne observance de la loi. Malgré tout il ne lui paraît pas tout à fait sûr que la « vie éternelle » tombe dans son escarcelle au bout de ce chemin-là.
Cet homme semble bien avoir contraint Dieu à se mettre à table, pour traiter avec lui un bon et honnête contrat. Je fais ci et çà, et toi tu donnes. Et, prudent, il suppute que, pour « la vie éternelle », il pourrait bien y avoir quelques conditions supplémentaires…
De fait, il y a une petite différence, en réalité une différence immense. « La vie éternelle » n’est pas au bout de nos actions. Elle est un trésor autre, impossible à atteindre pour les hommes, dit Jésus.
Nous ne la connaissons pas. Et nous sommes bien dans la même situation que cet homme, ou que les disciples absolument stupéfaits d’apprendre que l’entrée dans le Royaume de Dieu pourrait bien ne pas aller de soi et que çà pourrait bien leur échapper. Et l’on voit que Pierre ne peut supporter çà ; il a besoin, comme nous, qu’on lui éclaircisse les idées.
Dans la vie de chacun d’entre nous, tout est possible à Dieu. Possible à Dieu …au jour de Dieu, et non au jour que moi-même j’aurais fixé. Mais Dieu sait saisir les occasions. Pour l’homme de notre évangile, cela aurait pu être le jour. « Posant son regard sur lui, Jésus l’aima. » Un événement dans la vie de Jésus. Un événement possible dans la vie de cet homme.
Or, cet homme ne comprit pas. Dieu donne généreusement, hors de tout contrat ; il vient à lui et espère voir surgir une joie et un amour en réponse. Or, rien ne vient. L’homme s’est cramponné à ce qu’il a dans les mains, la Loi et les biens. Il ne donne pas de réponse, au moins pour aujourd’hui.
Mais Dieu est patient : il reviendra frapper à la porte de cet homme un autre jour. Il espère le voir naître et respirer à pleins poumons dans le monde du centuple, là où, s’il peut bien y avoir quelques persécutions, il n’y a pas de « sombre » « tristesse ».

Père Abbé

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