Vigile Pascale

La lumière pascale a vaincu les ténèbres. La vie jaillit là où règne la mort. Ou, pour rester plus près du texte de l’Evangile : le Vivant est retiré du nombre des morts.
Mais cette page montre la non-évidence de cette affirmation. Oui, il est Vivant, mais, pour l’accepter, il faut lire le reste de l’Evangile de S. Luc, avant et après ce texte.
« Au premier jour de la semaine, de grand matin », ce que ces femmes cherchent, c’est un mort. Tout parle du mort : ces aromates qu’elles ont préparés, ce tombeau où elles l’ont vu déposé, et finalement le corps qu’elles s’attendent à trouver. Et même la pierre roulée parle d’abord du tombeau et de ce qu’on y a mis. S. Luc conclut qu’ « elles ne savaient que penser ». Elles sont tout étonnées du corps absent et se posent bien des questions dont le centre est unique : le corps du mort.
Ceux qu’elles rencontrent en retournant à Jérusalem ne pensent eux aussi qu’à un mort. Les trois femmes nommées, Marie-Madeleine, Jeanne et Marie mère de Jacques, ont beau être appuyées par d’autres femmes encore, venues avec elles au tombeau. Rien à faire ! Les Onze et tous les autres ne bougent pas d’opinion. Pour eux, ces paroles de femmes sont du délire. Pas question d’entendre parler de « vivant ». Ils ne les croient pas.
Pierre, pourtant, veut vérifier les choses. De fait, il est bien obligé de constater que le corps manque, il n’y a que le linceul. Mais, pour lui, le mort est bien mort. La constatation le laisse étonné, mais elle ne le convainc de rien. Il rentre chez lui avec cette disparition de corps.
Les deux hommes en vêtement éblouissant avaient bien raison de formuler leur annonce sous forme de question : « Pourquoi cherchez-vous le Vivant parmi les morts ? » En effet, tous cherchent un mort et non le Vivant.
On les comprend. Jésus est bien passé par la mort. La mort corporelle qui est notre lot à tous. Mais il a vécu aussi cette autre forme de mort : le fait d’être rejeté par tous et d’être crucifié comme le dernier des malfaiteurs.
Mais il est à présent le Vivant. S. Luc en a donné un indice, dans la scène même de la crucifixion. Au larron qui lui dit : « Souviens-toi de moi », Jésus fait une promesse : « Aujourd’hui, tu seras avec moi ». Ce larron qui va mourir peu après Jésus ne cessera pas d’être en relation avec Jésus.
Et ces deux disciples qui s’éloignent de Jérusalem en font l’expérience concrète. Quand ils invitent cet homme à partager leur table du soir : « Reste avec nous, le jour baisse ». Dans ce moment de rencontre, leur cœur devient tout brûlant, et ils retournent sur le champ à Jérusalem. Ce qu’ils annoncent alors, ce n’est pas la perte d’un mort mais la joie d’un Vivant, de ce Vivant qu’il y a quelques heures ils avaient vu mourir.
Le Vivant, leur Seigneur Vivant, leur est apparu. « Pourquoi chercher le Vivant parmi les morts ? » Le Vivant, leur Seigneur, est désormais avec eux pour toujours. Invitons-le nous aussi à cette table, et acceptons qu’il soit le Vivant au centre de notre vie.

Père Abbé

Ce contenu a été publié dans Homélies 2013. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.