Vendredi Saint

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Is 52, 13 à 53, 12; Hb 4, 14-16. 5, 7-9; Jn 18, 1 à 19, 42.

 

 

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Nous gardons tous enfouie, au plus profond de notre coeur, la blessure d’une confiance qui fut un jour trahie, d’un amour humilié. Cette blessure, nous avons tout tenté pour l’oublier, et, la plupart du temps, nous y sommes parvenus. Mais il a suffi parfois d’un regard, d’un geste, d’une marque d’indifférence ou de mépris pour que cette blessure oubliée nous fasse de nouveau souffrir, sans que nous comprenions pourquoi.

 

 

Cette souffrance, qui sommeille en chacun de nous, au plus profond de notre coeur, est bien plus dure qu’une souffrance physique, car elle met à nu ce que nous avons de plus vulnérable et de plus fragile: notre soif d’être aimé. Et toutes les défenses que nous avons pu construire pour nous protéger n’y feront rien. C’est au moment où nous nous y attendons le moins que cette souffrance fera de nouveau surface pour nous surprendre et nous laisser sans défenses, infiniment seuls, infiniment tristes!

 

 

Cette souffrance, pourtant, n’est pas inutile, car elle peut nous aider à mieux comprendre notre Dieu. Elle peut nous aider à comprendre, de l’intérieur, ce qui s’est passé dans le coeur de Jésus, en ce Vendredi Saint. Lui qui avait tout donné, par amour, le voilà rejeté, méprisé, humilié, compté pour rien. La Passion de Jésus, c’est la Passion d’un amour qui n’est pas reçu, qui n’est pas accueilli, qui n’est pas reconnu. Le Vendredi Saint, c’est la mise à nu de la blessure d’amour du coeur de notre Dieu.

 

 

Car ceux qui l’insultent et le frappent au visage sont aussi ceux à qui il était venu annoncer les chemins du bonheur, de la joie et de la paix. Mais ils n’ont pas voulu l’écouter. Cette vérité qu’il est venu incarner au milieu d’eux, ils n’ont pas voulu l’embrasser. « Eux », ce sont certes tous ceux qui vivaient à l’époque de Jésus, qui l’ont porté en triomphe avant de le crucifier. Mais « eux », c’est également nous, qui sommes si prompts à nous détourner de lui, au gré de nos désirs changeants et des modes du moment. Nous ne sommes pas meilleurs que nos pères!

 

 

Pour comprendre ce que Jésus a souffert, pour comprendre ses larmes et son cri, son silence et sa nuit, il nous faut laisser venir au jour notre propre blessure. Elle peut nous aider à pressentir, ne serait-ce qu’un tout petit peu, l’amour blessé de notre Dieu, qui continue à nous aimer encore et toujours, malgré tout, malgré nous! Cet amour qui s’est donné pour nous, sur une croix, et sur laquelle il demeure crucifié, jusqu’à la fin des temps.

 

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