Troisième Dimanche du Temps Pascal

Jésus ressuscité est au centre de l’Evangile de Luc que nous venons d’entendre et au centre de la première lecture tirée de l’autre livre de S. Luc, les Actes des Apôtres. Dans ces deux passages, il est aussi beaucoup question de récits et d’écrits, qui servent de points d’appui à Jésus et à S. Pierre. Mais Jésus n’est pas qu’une clé de lecture ni qu’un grand interprète de textes anciens et vénérables, ou même de récits d’événements récents ; il est bien plus central que cela. Dans ces passages, c’est lui-même qui vient à notre rencontre et envoie son Esprit illuminer notre cœur.
Dans les Actes des Apôtres, Pierre raconte au peuple,  en très condensé, l’histoire de Jésus lui-même : Jésus livré, Pilate, un meurtrier Barabbas gracié, Jésus tué, Jésus que Dieu a ressuscité. Ce n’est pas pour autant qu’il accuse le peuple ; il l’excuse plutôt et parle d’ignorance. Cette ignorance, selon lui, n’était pas invincible. Et Pierre évoque alors « la bouche de tous les prophètes » qui ont laissé une annonce de ce qui est arrivé à Jésus.
Jésus, lui aussi, dans l’Evangile, ne cause pas d’autre chose aux Apôtres réunis. Il se met à leur faire comprendre les Ecritures, nous dit S. Luc, et il y trouve sa propre histoire. Mais Jésus n’entre dans aucune démonstration, pas de références précises, pas de raisonnements élaborés. Et il leur signale qu’il leur avait déjà parlé de tout cela avant sa passion : « il fallait que s’accomplisse tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes ».
On pourrait penser que les apôtres, ayant avec eux les Ecritures, étaient donc tout à fait armés pour tout comprendre. Mais le fait que Jésus vienne à eux, se montre à eux, manifeste qu’ils n’avaient pas compris.
On peut aussi s’étonner de ce que S. Luc ne nous détaille absolument pas les sortes d’explications données par Jésus. Aujourd’hui, dans l’Evangile, on est bien frustré, de ce point de vue : « Jésus, est-il dit, leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Ecritures. Puis il conclut… » Et l’on n’a que la phrase de conclusion. Il en est de même dans le récit des pèlerins d’Emmaüs. S. Luc y donne assez longuement la parole à Cleophas mais il ne nous donne qu’une seule phrase de Jésus et c’est celle-ci : « Esprits lents à croire tout ce qu’ont annoncé les Prophètes ».
Jésus explique, mais il ne donne pas une démonstration qui ferait loi pour tous et pour toujours, Jésus ne met pas devant une évidence purement logique ou mathématique. Selon tous ces textes de l’Evangile et des Actes, Jésus montre
qu’il est lui-même l’objet central des Ecritures du peuple juif, Loi Prophètes Psaumes,
qu’il est lui-même le lien entre leurs écrits reçus de leurs pères et ce qui lui est arrivé à lui, Jésus de Nazareth.
En venant à eux, il ne les met pas devant un texte ; il leur propose une vraie rencontre personnelle. Et ceux qui l’accueillent deviennent ses témoins ; à leur tour, ils montrent Jésus à leur entourage.
Et par ses témoins, Jésus arrive à nous aujourd’hui. Il ne nous démontre pas plus les choses, il ne s’impose pas. Il propose de nous accompagner, de l’écouter lui-même racontant l’histoire d’Israël et sa propre histoire. Il nous propose de le rencontrer vivant.

Père Abbé

Ce contenu a été publié dans Homélies 2012. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.