Troisième Dimanche de Pâques

« Jésus lui-même s’approche et fait route avec eux ». Ce fait bien concret raconté ici est comme une parabole du mystère de Jésus. Il s’est fait proche tout au long de sa vie, il a voulu rejoindre tous les gens de son peuple et même bien au-delà. Plus largement encore, il a voulu devenir homme parmi les hommes, il a voulu vivre au milieu de nous.
C’est ce qui se manifeste au temps de sa résurrection. Les récits de ses disciples sont des récits de ses venues. Les femmes s’en vont au tombeau : le voilà qui vient à leur rencontre et leur dit : « Je vous salue ». A Marie-Madeleine qui cherche son corps, il vient, l’interroge puis l’appelle par son nom. Quand les disciples se sont enfermés, Jésus vient au milieu d’eux et leur souhaite la paix. Le ressuscité vient à la rencontre des uns et des autres : il appelle à le reconnaître, à vivre le présent avec lui.
S. Luc nous l’explique en grand dans son récit des pèlerins d’Emmaüs. Jésus y a l’initiative. Ces deux-là avaient l’air d’avoir abandonné toutes leurs espérances, mais c’est d’eux que Jésus choisit de se rapprocher. Il choisit de « faire route avec eux ». Faire route avec quelqu’un : une démarche toute discrète ; Jésus ne les éblouit pas, ne les stupéfie pas. Simplement, il se joint à eux et les écoute. Il marche avec eux et échange avec eux un bon bout de route. Et, à l’arrivée, il semble vouloir poursuivre sa propre destination : il ne s’accroche pas à ces deux, il ne s’impose pas.
Le ressuscité n’est pas autre aujourd’hui. Tout ce qui s’est passé à Jérusalem est derrière nous comme derrière ces deux disciples et tous les autres. Mais Jésus continue de passer dans nos vies. Comme le dit Newman : « Le monde semble aller à son train accoutumé. Il n’y a rien de céleste sur la face de la société ; dans les nouvelles du jour, rien de céleste ; sur les visages de la multitude, ou des grands, ou des riches, ou de ceux qui s’affairent, rien de céleste. (…) Et pourtant l’Esprit de Dieu à jamais béni est présent. La présence du Fils Eternel, dix fois plus resplendissante et plus puissante qu’au temps où, revêtu de notre chair, il foulait cette terre,     Sa présence est avec nous. »
Et nous aussi, nous ne sommes pas différents des deux d’Emmaüs. Comme le dit encore Newman : « Nous sommes lents à nous rendre compte que le Christ est encore, en quelque sorte, marchant au milieu de nous, et que, de sa main, de son regard ou de sa voix, il nous fait signe de le suivre ».
Puisse-t-il se manifester aujourd’hui dans nos chemins. Lui sait l’heure et la manière favorables. Son écoute de nos cœurs éveille notre propre écoute, ses gestes ouvrent nos yeux, ses signes nous mettent en route.

Père Abbé.

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