Troisième Dimanche de Carême

La Samaritaine.
La femme de Samarie criait une autre soif, lorsqu’elle descendit au puits. Il était midi précise Saint Jean. Ce n’est pas une heure pour aller chercher de l’eau, puisqu’on est au plus chaud de la journée. Comment en effet remonter à la ville sous le soleil brûlant, la cruche sur la tête ?
La femme avait vu de loin qu’il n’y avait qu’une personne au puits. Elle pensait faire là une nouvelle conquête. Bien lui en prit, puisque Jésus aussi voulait faire une conquête, mais à un autre niveau.
Nous avons donc en face à face un homme et une femme qui se disent l’un à l’autre : « j’ai soif de toi ».
Mais chacun le comprenant à sa manière, le dialogue pourrait aboutir à une incompréhension complète. La femme reconnut rapidement qu’elle s’était trompée de proie, puisqu’elle avait en face d’elle un Juif et un rabbi à qui elle donne même le titre de prophète.
Jésus de son côté avait reconnu qui était la femme qu’Il avait devant Lui. Il brise immédiatement les convenances sociales et religieuses, en s’adressant à la samaritaine. Jésus mène le débat, sachant très bien où Il veut conduire cette femme qui est, elle aussi, aimée de Dieu. De la soif d’eau il passe par la soif d’affection pour l’inviter à reconnaître sa soif de Dieu.
Si tu savais le don de Dieu…
La samaritaine joue un peu au chat et à la souris avec Jésus, posant des questions à côté du sujet lui-même. Ne sachant pas trop qui elle a en face d’elle, et ne voulant pas trop savoir où Il veut la conduire, elle a beau jeu de faire des remarques sur les querelles de pratiques religieuses qui brouillent les relations entre Juifs et Samaritains.
Mais Jésus ne se laisse pas démonter pour autant. Vient alors la proclamation
L’heure vient – et c’est maintenant – où les vrais adorateurs
adoreront le Père en esprit et vérité.
La femme accepte de continuer à creuser ces vraies questions, le fondement de toute religion. Elle qui était venue chercher de l’eau, la voilà qui puise dans un puits tellement profond… Elle reconnaît attendre, comme beaucoup en Israël, la venue du Messie. La réponse de Jésus est exceptionnelle par la précision, lorsqu’on la traduit littéralement :
Moi qui te parle, Je Suis.
Jésus se réfère explicitement au Nom de Dieu qui fut révélé à Moïse lors de la rencontre au Mont Sinaï (Ex 3,14) :
Je Suis Celui qui Suis.
C’est la seule fois où cette expression dans la bouche de Jésus est une confirmation de sa propre origine divine. La femme ne s’y est pas trompée, puisqu’elle s’en va proclamer dans la ville qu’elle a rencontré celui qui pourrait être le Christ. Difficile pour elle d’expliciter ce qu’ils se sont dits, sauf à en rester à des généralités.
Les habitants de Samarie ne s’y sont pas non plus trompés, puisqu’ils reconnaissent croire en Jésus non plus seulement à cause des paroles de la femme :
nous l’avons entendu par nous-mêmes,
et nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde.
Que ce temps de Carême nous aide à écouter toujours mieux ce que Jésus nous dit à nous, personnellement. Nous pourrons alors, avec plus de conviction encore, affirmer à notre tour que, oui, Jésus est vraiment le Sauveur du monde.
Frère Bernard-Marie
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