Trente-troisième Dimanche du Temps Ordinaire

La Parabole des Talents

« Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire,
et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire… »
Tel est le verset d’évangile qui suit immédiatement la péricope que nous venons d’entendre.  Dans l’Évangile selon Saint Matthieu, Jésus s’adresse aux disciples dans le jardin des Oliviers.  Ils viennent de quitter pour la dernière fois le Temple.  En effet, après la parabole du jugement dernier qui suit celle des talents, nous entrons dans le récit de la Passion de Jésus.  C’est donc un moment important, pour Jésus, mais également pour les disciples.
Alors que Jésus a annoncé à plusieurs reprises qu’il montait à Jérusalem pour y mourir de la main des grands prêtres, maintenant que son Heure est toute proche, Il ne parle plus de celle-ci, mais Il parle de la fin du monde.  La destruction du Temple, la persécution des Juifs et des chrétiens annoncent un jugement plus important, le grand jugement que Dieu accomplira à Son Heure, heure que même le Fils de l’Homme ne connaît pas.
C’est dans ce contexte que l’on peut comprendre les trois paraboles apocalyptiques du chapitre 25 de l’évangile de Matthieu.  La parabole des talents parle de la rétribution lors du jugement dernier.  La valeur du talent que l’homme donne à ses serviteurs, est de 6 000 pièces d’argent, soit le salaire de près de 20 années de travail…  Montant faramineux… ce qui pose la question de la manière de doubler  la mise pour les deux premiers serviteurs.  On comprend dès lors l’angoisse du dernier de se voir voler cette fortune qui ne lui appartient pas… Et les banques, à l’époque, ne devaient pas être des plus sécurisées.
Lorsque vient le moment de rendre des comptes, le maître nous surprend à nouveau.  En effet, la récompense du premier et du second serviteur est la même :
Entre dans la joie de ton Seigneur.
Voilà une réponse bien étrange… La pointe de la parabole est bien dans le monde à venir, lorsque le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui.
Oui lorsque le maître dit à ses serviteurs : entre dans la joie de ton Seigneur, oui, il s’agit bien de la joie d’être pour toujours avec lui, dans son Règne de gloire, dans le ciel.  La gloire éternelle, c’est à cela que nous aspirons tous.
La vie que nous menons sur terre, nous prépare à cette vie éternelle.  Elle sera une vie d’amour, d’amour de Dieu, d’amour de tous ceux que nous avons aimés sur terre.  La manière avec laquelle nous faisons fructifier l’amour que Dieu nous prodigue, par l’amour que nous transmettons autour de nous, c’est cela qui fait fructifier les talents reçus.  En amour, oui, il est possible de doubler la mise, même si le montant initial est exorbitant…
Les deux dernières semaines de l’Année Liturgique, qui débutent aujourd’hui, nous font regarder vers notre mort, vers la fin du monde, vers le monde après la mort.  Tout ce que nous vivons sur la terre est semence de vie éternelle.  C’est dans ce sens que nous pouvons comprendre la prière d’ouverture de la célébration eucharistique de ce matin :
Accorde-nous, Seigneur, de trouver notre joie dans notre fidélité :
car c’est un bonheur durable et profond
de servir constamment le créateur de tout bien.
La fidélité à Dieu, par la prière et par une vie quotidienne selon la volonté de Dieu, donne effectivement une joie profonde que le monde ne peut pas nous enlever.  La prière rappelle en outre que servir Dieu c’est servir le créateur de tout bien, c’est être co-créateur pour continuer l’œuvre de création, pour continuer à créer le bien.
Dieu nous a créés à notre naissance, Il nous a recréés par le baptême.  Et le bonheur durable et profond auquel nous aspirons est celui-ci : vivre de l’Amour de Dieu et transmettre cet amour.  Alors, lorsque viendra le Maître qui nous demandera des comptes, au terme de notre vie, nous serons invités à entrer dans la joie de notre Dieu et Seigneur.
Dans cette eucharistie, demandons à Jésus de nous faire entrer, petit à petit, dans le mystère de cet amour et que nous ouvrions notre cœur à la grâce divine qui ne demande qu’à nous combler de bonheur, durable et profond.
C’est ce que nous demandons encore dans la prière sur les Offrandes :
Que l’offrande placée sur ton autel nous obtienne la grâce de vivre pour toi et nous donne l’éternité bienheureuse.

Frère Bernard-Marie

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