Solennité de l’Épiphanie

L’or, l’encens et la myrrhe offerts à Jésus

La tradition et la piété populaire s’en sont donné à cœur joie pour préciser les renseignements que Saint Matthieu ne donne pas concernant les mages venus d’Orient.  Origène déjà, au début du IIIème siècle croyait savoir qu’ils étaient trois, en se référant au fait qu’ils offrirent trois présents.  Si l’origine géographique laisse également quelque peu à conjecture, l’on imagine aisément que les mages étaient issus des peuples africains, indiens et asiatiques d’où on donne à chacun d’eux une couleur de peau différente.  On peut imaginer que les mages étaient des « sages », chacun dans sa religion, et qu’ils avaient interprété dans les astres qu’un sage plus grand qu’eux venait de naître en Israël.  Puisqu’ils s’informent ‘Où est le né le Roi d’Israël’, on leur donna à eux également le titre de rois.  Enfin, pour compléter le tableau, ils reçurent les noms de Gaspard, Melchior et Balthasar.  Voilà comment la piété populaire a progressivement enrichi le texte évangélique.

Si l’Église d’Occident célèbre plutôt la fête de la nativité du Seigneur, les Églises de tradition Orientale privilégient la fête de la présentation de l’Enfant-Dieu au monde.   Nous célébrons la naissance du Fils de Dieu dans un corps d’homme dans la lignée de David.  L’Église d’Orient célèbre la manifestation de Jésus à tous les peuples et toutes les races.  En effet, Dieu n’est venu uniquement pour les Juifs : Il est venu annoncer l’Amour infini du Père pour chacun et chacune de nous, quels que soient notre race, notre peuple, notre pays. 

Les trois mages venus d’Orient, selon la Tradition, cherchaient la véritable religion, qui pourrait répondre aux attentes de tous les humains.  Ils vinrent offrir au Messie qui venait de naître, les trois plus précieux cadeaux que l’on pouvait imaginer : l’or, l’encens et la myrrhe. 

L’or est utilisé par les grands de ce monde pour signifier leur puissance et leur richesse.  Seuls les plus puissants, les rois terrestres, eux qui ont pouvoir sur la cité et sur les peuples, peuvent frapper monnaie.  L’or offert par le premier mage veut signifier que l’enfant qui vient de naître sera roi.  

L’encens, dans toutes les religions, n’est utilisé que pour vénérer la divinité.  Dans tous les rites, l’encens monte avec les prières des fidèles.  Si le second mage offre l’encens à l’Enfant de la crèche, c’est pour signifier qu’Il a le pouvoir spirituel, qu’Il est Dieu. 

Enfin la myrrhe est un fruit odorant qui sert à fabriquer les parfums.  Ce parfum est mentionné à plusieurs reprises dans la Bible.  C’est le parfum que le bien-aimé a laissé sur le verrou de la porte lorsque la bien-aimée a ouvert, mais il s’était déjà enfui (Ct 5,5).  L’amour qui s’épanouit entre un homme et une femme est souvent décrit comme un parfum de myrrhe est d’aloès (Ps 45,8).  Si donc le troisième mage offre la myrrhe, c’est pour reconnaître en l’Enfant un homme comme nous, appelé à aimer et à être aimé dans son humanité.

Les mages venus d’Orient offrent donc à l’enfant des présents dignes de son « rang ».  L’or est offert au Roi des rois.  Jésus-Christ est en effet proclamé Roi de l’univers en tant que Fils du Père devenu fils de Marie.  À lui appartiennent toutes les richesses de la terre, à lui est offert le plus beau des trésors de la création : l’or.

L’encens est offert au Dieu des dieux.  C’est est le don le plus apte à signifier que l’Enfant qui le reçoit n’est pas un enfant ordinaire, mais qu’Il est Dieu et que nous devons l’honorer comme Dieu. 

La myrrhe, le parfum est offert à l’homme.  Ce don veut encore signifier que l’enfant est réellement fils de l’homme et homme comme nous.  Il sera aimé, il aimera tous ceux qui viendront à lui.  Le parfum veut signifier l’amour qui embaume la vie des hommes dans toutes les cultures.  Fils d’homme, cet Enfant est venu dans le monde pour nous révéler combien le Père nous aime et attend notre réponse d’amour. 

À notre tour, en cette fête de l’Épiphanie, allons à Bethlehem avec les mages, et offrons à l’Enfant de la crèche nos plus beaux cadeaux.  Donnons-Lui ce que nous avons de plus cher : nous-mêmes qui sommes appelés à suivre les exemples de Jésus venu vivre parmi nous ; notre piété envers le Christ, Dieu, le Fils du Père ; notre amour imparfait en réponse à l’amour divin et infini qu’Il est venu nous partager. 

Dans l’Eucharistie de ce matin l’Enfant de la crèche nous donne son corps à manger.  Que cette nourriture nous donne la force sur notre route d’hommes et sur notre route de croyants, pour continuer joyeusement notre marche vers notre éternité.  C’est là que nous reconnaîtrons à notre tour le Dieu des dieux, le Roi des rois, le Seigneur des seigneurs, Lui le Fils de Dieu et le fils de Marie. 

Frère Bernard-Marie

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