Solennité de l’Epiphanie

Les rois – mages

De tous les événements que nous racontent les Évangiles, seuls les récits de l’enfance de Jésus ont eu droit à une littérature de « contes », que l’on appelle à juste titre « contes de Noël ».  Des auteurs de tous les temps et de toutes les cultures, s’y sont essayés, avec plus ou moins de bonheur. 
Parmi les plus anciens de ces auteurs ayant commenté l’évangile de ce jour, mentionnons le Bienheureux Jacques de Voragine, religieux dominicain devenu archevêque de Gênes qui vécut de 1228 à 1298.  Dans la Légende Dorée, il présente la vie de nombreux saints et saintes, et en particulier les Mages venus à la crèche.  C’est grâce à lui que nous connaissons leur nom :
Le premier des Mages s’appelait Melchior,  le second Gaspard, le troisième Balthazar ;
Mais le Bienheureux ne s’arrête pas là.  Il précise également deux spécificités à chacun de ces trois mages, à savoir leur âge et leur origine géographique.
Le premier était un vieillard à cheveux blancs, à la longue barbe.
Le second, jeune, sans barbe, rouge de couleur,
Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe,
Nous avons donc ici les trois âges de la vie qui viennent adorer l’Enfant nouveau-né.  Le vieillard Melchior, le jeune homme Gaspard et l’homme d’âge mûr Balthazar.  Chacun d’eux vient d’une région différente, alors que Matthieu nous parlait de « mages venus d’Orient ».  Pour l’archevêque de Gènes, le vieillard est originaire d’Europe.  Il vient du Nord.  Le jeune imberbe, rouge de couleur, représente les populations d’Extrême Orient.  Balthasar au visage noir, vient d’Afrique, donc du Sud.  À l’époque où Jacques de Voragine écrivait, les Amériques n’étaient pas connues et on ignorait qu’il y avait des populations vivant à l’Ouest de l’Europe.  Les trois continents connus à son époque sont représentés aux pieds de Jésus.
Notre auteur précise les dons que font les trois hommes et en donne la signification, précision que l’évangile ne nous donne pas.  Le vieillard offre l’or à son Seigneur comme à son roi.  Le jeune homme offre l’encens, l’hommage à la divinité de l’Enfant de la crèche.  Et le dernier offre la myrrhe, annonce de la mort de Jésus et son ensevelissement.  Nous avons ainsi les deux Natures du Christ qui sont adorées ainsi qu’une prophétie de sa mort pour nous sauver. 
Pour d’autres auteurs, les dons que les mages apportent sont ceux que l’on faisait habituellement au Temple.  L’or servait pour la décoration, l’encens brûle devant le Seigneur, et la myrrhe servait pour élaborer l’huile d’onction pour la dédicace du temple et pour l’onction du Grand Prêtre (Ex 30,23).   Il s’agit donc dans ce cas d’adorer en Jésus Dieu-parmi-les-hommes et le Nouveau Grand Prêtre selon l’ordre de Melchisédech (Hb 5,10).
Quoi qu’il en soit, que ce soit le texte de l’évangile de Matthieu, la relecture du Bienheureux Jacques de Voragine, les contes de Noël de tous les temps…  le message est toujours le même : Jésus s’est fait connaître aux mages venus d’Orient, qui représentent toutes les nations à qui, un jour, la Bonne Nouvelle sera annoncée.  Jésus, en ce jour, et grâce aux mages, est révélé aux Nations.  Avant que les apôtres, les missionnaires, les chrétiens, ne se rendent dans tous les pays et sur tous les continents, les mages sont venus à Jésus pour lui offrir ce qu’ils avaient de meilleur : l’or, l’encens, la myrrhe.  C’est en raison de la richesse des dons offerts que, très tôt, les Mages de l’évangile sont devenus des rois, les rois-mages. 
Nous, aujourd’hui rassemblés autour de l’autel, nous sommes les mages venus de toutes les nations, invités à nous prosterner devant le Fils de Dieu fait petit homme.   Déposons devant la crèche, non pas l’or, l’encens et la myrrhe que nous n’avons pas, mais nos faiblesses, nos péchés, nos doutes et nos espoirs.  Jésus va les transformer en force, en puissance, en grâce. 
Regardons Joseph et Marie auprès de Jésus.  Ils n’ont pas vraiment compris la tâche que Dieu leur a assignée d’accueillir chez eux et d’éduquer son Fils unique.  On peut appliquer à tous deux la phrase énigmatique de Saint Luc Marie (et Joseph), cependant, retenaient tous ces événements et les méditaient dans leur cœur.  Demandons à Marie et à Joseph la grâce de la persévérance lorsque nous ne voyons ni ne comprenons où le chemin nous conduit.  C’est Dieu qui pourvoit.  Croyons fermement qu’Il veut notre bien, notre bonheur… 
Jésus ne se contente pas d’ouvrir ses petites mains pour recevoir nos insignes dons.  Il nous regarde avec amour, et Il nous donne ce qu’Il a de meilleur.  Dans l’Eucharistie que nous allons maintenant célébrer, Jésus nous donne encore une fois son corps à manger et son sang à boire.  Rendons grâce à Dieu et faisons fructifier ce don insigne chaque jour de notre vie.  Nous pourrons alors proclamer de par le monde que Jésus est Seigneur, et que toutes les nations sont associées au même héritage.

Frère Bernard-Marie

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