Solennité de l’Epiphanie

Il doit naître à Bethlehem

Jésus était né à Bethléem en Judée, au temps du roi Hérode le Grand.
Or, voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem.
La ville de Jérusalem à l’heure des événements rapportés par les évangélistes, ne devait plus être qu’un bourg de quelques milliers d’habitants avec, en son centre, le Temple que le roi Hérode était en train de reconstruire à grands frais, pris sur ses propres deniers.  La reconstruction prit 46 ans, comme nous le rappellent les pharisiens dès leur première controverse avec Jésus (Jn 2,20).  Commencés en 19 avant l’ère chrétienne, cette reconstruction battait son plein lorsque les mages venus d’Orient arrivèrent dans la Ville Sainte.
Arrivés avec toute leur suite, chameaux et serviteurs, ainsi que des coffrets plein de cadeaux, ces mages durent faire forte impression aux habitants de la ville.  Présentés au roi Hérode pour lui expliquer les raisons de leur voyage, celui-ci
fut pris d’inquiétude, et tout Jérusalem avec lui.
Les mages se devaient de se rendre auprès du roi du lieu pour demander des renseignements sur nouveau-né…  Mais voilà que Hérode chancelle et craint que son trône ne chancelle à son tour…  Et tout Jérusalem avec lui.  Au point qu’on convoque tous les sages du Royaume pour se faire expliquer l’énigme (cf Dn 2,2).
Les scribes et les chefs des prêtres donnèrent la bonne réponse au roi, à savoir que le Messie devait naître à Bethlehem.  Les mages seuls se rendent dans la bourgade et se prosternent devant l’Enfant Jésus.  Mais alors, où sont restés les spécialistes de la Torah qui, à la lecture des textes sacrés avaient confirmé les dires des mages.  Pourquoi ne les suivirent-ils pas pour adorer Celui que les prophètes avaient annoncé ?  L’Évangile ne mentionne aucun d’eux qui suit les mages.  Saint Jean nous rapporte que seul parmi les Pharisiens, Nicodème venait rencontrer Jésus, mais en cachette (Jn 3,1-2).
Hérode le Grand était allé demander le titre de roi à l’occupant romain.  À son retour il n’avait pas hésité à tuer tous ses opposants, y compris parmi les membres de sa propre famille et du Sanhédrin (cf Lc 19,12.27).  Il nomma ensuite lui-même le grand-prêtre, qui n’était plus de la descendance d’Aaron, et ne lui attribua qu’un pouvoir purement religieux.  Dans ce contexte, les chefs des prêtres et les scribes ne pouvaient rien faire sans l’accord du roi, s’ils ne voulaient pas être privés de leurs privilèges et de leurs richesses.
Hérode étant habituel des assassinats, les prêtres et les scribes se gardèrent bien d’intervenir pour éviter le massacre des quelques Innocents de Bethlehem.  Ils auraient risqué de subir le même sort.  De plus, ils ne souhaitaient certainement pas la venue d’un Messie qui, prophète de la trempe d’Ézéchiel ou de Jérémie, leur reprocherait leur collusion avec le pouvoir politique et leur manque de religiosité.
Ne soyons pas comme les chefs des prêtres et les scribes.  Suivons les Mages venus d’Orient et allons adorer l’Enfant né dans la crèche.  Il est le Sauveur pour toutes les nations et tous les peuples.  Nous qui sommes issus de toutes les nations, c’est pour nous que Dieu a fait venir les Mages, afin qu’ils transmettent à tous les peuples la Bonne Nouvelle.  Ne soyons pas craintifs comme les Juifs, et avançons heureux d’être invités à partager leur joie.
Lorsque nous sommes pris à partie ou critiqués pour notre foi, restons les yeux fixés sur l’Étoile, sûrs que Dieu nous viendra en aide.  Avec les Mages ne craignons pas de chercher le Messie là où Il nous appelle, sans faiblir face à l’adversité.  Avec les Mages, ne craignons pas de persévérer dans notre quête et écoutons Dieu s’il nous demande de rentrer par un autre chemin.  Avec les Mages, ne craignons pas de porter la Bonne Nouvelle de Jésus-Sauveur à ceux que nous rencontrons au quotidien, même si nous en recevons moqueries et incompréhension.
Que la participation à cette Eucharistie nous aide à suivre l’Étoile où qu’elle nous conduise.  Sachons que Jésus nous parle par les événements et nous conduit vers son Père dans son Amour.

Frère Bernard-Marie

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