Solennité de l’Annonciation du Seigneur

Et le Verbe s’est fait chair.

Au message de l’Ange à Marie, celle-ci pose la question que tout le monde se poserait : comment cela va-t-il se faire ?  Dieu demandant à la Vierge de recevoir en son sein le germe de l’Enfant-Dieu à naître, la question est obvie de demander le comment.  Puisque je ne connais pas d’homme, précise-t-elle, ce qui veut dire qu’elle est vierge, seulement fiancée à Joseph comme le précise Saint Luc. 

Les naissances miraculeuses dans l’Ancien Testament furent toujours un don de Dieu à des couples âgés.  L’annonce faite à Marie est un don à une jeune fille dans la fleur de l’âge.  Si Dieu peut faire des miracles pour les premiers, Il peut également le faire pour la seconde.  D’autant que l’ange de Dieu précise quel est l’Enfant que Marie mettra au monde :
L’Esprit Saint viendra sur toi,
et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre.

Le miracle est plus grand que de voir une femme âgée enfanter, puisque pour Marie il n’y a pas l’intervention de Joseph.  Et l’ange de continuer l’explication :
c’est pourquoi celui qui va naître sera saint,
et il sera appelé Fils de Dieu.

  Saint Paul, dans l’Épître aux Philippiens, affirme :
Le Christ Jésus, étant de condition divine,
ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu,
mais il s’anéantit lui-même, en prenant la nature humaine… (Ph 2,6-7)

C’est le péché des anges déchus et le péché de nos premiers parents, qui font que le Christ se fit homme.  Alors que Lucifer, Adam et Ève, chacun pour sa part, ont péché par jalousie, Saint Paul nous rappelle que Jésus ne retint pas jalousement… Il s’humilia comme aucun autre homme ne peut le faire.  Il le fit par amour pour Dieu son Père, par amour pour tous les hommes, et par obéissance à son Père. 

Jésus lui-même utilisa la parabole des vignerons infidèles pour exprimer son obéissance au Père.  Le propriétaire de la vigne
leur envoya son fils, en se disant : “Ils respecteront mon fils.”

La réponse de Jésus à son Père, nous l’avons entendue dans l’extrait de l’Épître aux Hébreux :
‘Me voici, je suis venu pour faire ta volonté.’

C’est cette obéissance du Fils que nous célébrons aujourd’hui.  Jésus durant sa vie publique, sait de plus en plus clairement, que sa vie se terminera comme celle de tous les prophètes et messagers envoyés par Dieu à son Peuple.  C’est pourquoi il affirme, dans cette même parabole des vignerons :
Mais, voyant le fils, les vignerons se dirent entre eux :
“Voici l’héritier : venez ! tuons-le, nous aurons son héritage !”
Ils se saisirent de lui, le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent.

Jésus s’était incarné en vue de réconcilier l’humanité avec Dieu.  Mais très vite Il constate que le peuple refuse d’entendre ses enseignements.  Plus la mission de Jésus avance, plus Il témoigne de l’amour du Père pour chacun de nous, plus les chefs du Peuple s’opposent à Lui.  Et finalement ils vont décider de le faire mourir. 

Jésus s’en rend compte, et se demande pourquoi sa vie va tourner à l’échec.  Il mourra de la main des hommes, de ces hommes qui ne reçurent pas son message d’amour.  Lorsqu’Il monte à Jérusalem où Il sera arrêté, Jésus sait qu’il est condamné à mort.  Mais il avance tout de même, selon un autre texte de l’épître aux Hébreux :
Pendant les jours de sa vie dans la chair, il offrit,
avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications
à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, …
Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance  (Hb 5,7…8)

L’histoire de l’Incarnation du Fils de Dieu avait tellement bien commencée.  L’ange envoyé à Marie reçut un OUI franc et plein de foi en l’action de Dieu.  Mais la vie de Jésus se termina sur la Croix, rejeté par son peuple et par le pouvoir romain. 

Aujourd’hui nous célébrons le début de cette grande Histoire, dans dix jours nous entrerons dans la Semaine Sainte qui nous rappellera, depuis les Rameaux de Dimanche jusqu’à la Passion de Vendredi Saint combien Dieu nous aime et veut nous sauver.  Préparons-nous à célébrer ce double mystère en demandant à Jésus dans cette Eucharistie de nous donner de l’accompagner dans sa Passion pour, à notre tour, ressusciter avec lui.

Frère Bernard-Marie

Ce contenu a été publié dans Homélies 2020. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.