Sixième dimanche TO, C

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Jer 17, 5-8; 1 Cor 15, 12.16-20; Lc 6, 17.20-26.

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Nous cherchons tous le bonheur! Que nous soyons moines ou aventuriers, que nous fondions une famille ou cherchions la fortune et la gloire! Nous désirons tous que s’accomplisse pour nous ce désir universel de bonheur. Qu’ils croient au ciel ou qu’ils n’y croient pas, quelle que soit leur culture, leur race ou leur religion, tous les êtres humains sont à la recherche du bonheur. Et Jésus ne fait que reprendre ce trait fondamental de toute existence humaine.

Mais si nous sommes tous d’accord sur le but à atteindre, les avis divergent du tout au tout quand il s’agit de savoir comment y parvenir. En effet, si le but est unique, les voies qui nous sont proposées sont multiples. Nous n’avons que l’embarras du choix.

Dans la première lecture, le prophète Jérémie lui aussi, malgré sa réputation de prophète de malheur, proposait déjà un chemin de bonheur, en mettant Israël devant un choix. Pour lui, la voie du bonheur passe par la confiance « dans le Seigneur » et s’oppose de façon radicale au chemin du malheur où l’homme « met sa confiance dans un mortel », « un être de chair ». Dans les deux cas, c’est la confiance qui est en jeu, mais ce qui change, c’est son objet.

Car, ce qui caractérise toute existence humaine, c’est cette confiance, cette foi en la vie. Le problème, c’est de savoir sur quoi, ou sur qui nous allons appuyer notre confiance. Celui qui met sa confiance dans la réussite, dans le pouvoir, la richesse ou la gloire, dans la force, le plaisir, la drogue ou l’alcool, cherche lui aussi le bonheur. Le problème, c’est qu’il se trompe. Ce point d’appui risque bien vite de lui rendre la vie impossible, de le rendre malheureux.

C’est pour nous éviter ce piège des faux bonheurs, qui risquent toujours d’engloutir nos forces et notre espérance, que Jésus nous propose son manuel du bonheur. Car le Verbe de Dieu n’est pas venu au milieu de nous pour nous embêter, pour contrarier notre goût du bonheur. C’est Lui qui a mis en nous ce désir d’être heureux, ce goût de la béatitude, dès la création du monde. Mais, depuis le premier péché, nous ne savons plus comment y accéder. Nous n’en avons pas perdu le goût, mais le chemin. Nous courrons en tous sens, nous essayons tout ce qui vient à notre portée, avec une frénésie inquiète, mais nous ressortons de toutes ces expériences tristes et déçus.

C’est pourquoi, dans les béatitudes, Jésus nous donne la clé du bonheur, mais une clé plutôt surprenante et un peu dérangeante. Il prend en effet le contre-pied de toutes nos peurs, de toutes nos angoisses, de tout ce que nous fuyons habituellement. Car qui d’entre nous, s’il est un peu sensé, recherchera les larmes ou la pauvreté, la faim ou la haine, le mépris et la persécussion? Mais lequel d’entre nous, s’il est un peu lucide, n’a conscience d’avoir, un jour ou l’autre, traversé ces épreuves?

De même, dans ses malédictions, Jésus ne fait que prendre le contre- pied des fausses idées que nous nous faisons du bonheur. La richesse, le rire et la renommée ne sont-elles pas, pour nous, des icônes de ce bonheur que nous poursuivons?

Si nous pouvions seulement prendre conscience que le bonheur et le malheur ne ressemblent pas à ces images, que nous portons si profondément inscrites en nous, nous pourrions enfin commencer à chercher le véritable chemin du bonheur, ce chemin que Jésus nous trace, tout au long des Évangiles.

 

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