Sixième Dimanche du Temps Pascal

Aimez-vous les uns les autres.

Au début du Livre des Actes des Apôtres, Saint Luc nous explique comment Jésus fut enlevé au ciel, après avoir donné, dans l’Esprit Saint, ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis.  C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu (Act 1,2-3).

Les Évangiles ne nous donnent aucun de ces discours de Jésus après sa résurrection.  Mais on peut imaginer que ce que l’évangéliste Saint Jean met dans la bouche de Jésus la veille de sa passion reflète ces dernières instructions de Jésus.  C’est pourquoi l’Église nous invite, durant le Temps Pascal, à méditer les discours d’adieux de Jésus.  On peut dire également que nous avons dans ces discours le testament spirituel de Jésus, ce qui donne encore davantage de poids aux paroles que nous avons entendues dans l’Évangile de ce matin.

Au moment où Saint Jean rédige cette partie de son texte, il donne également son propre testament spirituel dans les trois lettres qui lui sont attribuées, dont nous avons entendu un extrait en seconde lecture.  C’est ainsi que Jean nous disait tout à l’heure :
Voici en quoi consiste l’amour :
ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés,

Nous avons donc ici le cœur du cœur de la Bonne Nouvelle, ce qui fait la particularité de notre relation entre nous et avec Dieu.  Dieu est amour, nous dit Jésus tout au long des Évangiles, de manière encore plus forte, plus convaincante que ce que la Tradition biblique avait transmise avant Lui. 

Jésus commence par nous dire : Comme le Père m’a aimé…  L’amour vient du Père, par le Fils.  En nous ouvrant à l’amour de Jésus, nous découvrirons le Père.  En vivant de l’amour du Père, nous apprenons à aimer nos semblables, du même amour que Jésus a pour eux, du même amour que Jésus a pour nous, pour moi, pour chacun de vous.  C’est un message exigeant que Jésus nous donne ici.  Dans un autre extrait du Discours après la Cène chez Saint Jean, Jésus dit :
C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres
que l’on reconnaitra que vous êtes mes disciples (Jn 13,25).

Et, pour rappeler les paroles de l’Épître de Saint Jean : c’est Dieu qui nous a aimés le premier, Il nous demande seulement de répondre à Son amour.  Ou encore, comme le nous disait également Saint Jean :
Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu.

Cet appel à aimer Dieu et à nous aimer les uns les autres, semble aisé à mettre en pratique.  Mais nous savons tous que c’est un message exigeant.  Nous pourrions aussi quereller Jésus en lui disant, comme les disciples qui le quittèrent :
Cette parole est rude, qui peut continuer à l’écouter ?  (Jn 6,60)

Humainement, oui, nous avons tellement de raisons de faire semblant d’aimer nos frères, nos proches.  Nous avons tellement tendance à oublier, ou à ne pas voir, mon prochain dans le besoin, comme le prêtre et le lévite descendant de Jérusalem à Jéricho (Lc 10,30-35).  Mais, rappelons-nous, lorsque Jésus demanda à ses disciples :

Voulez-vous partir vous aussi ?   Pierre répondit :
Vers qui irions-nous, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. (Jn 6,68)

Dieu ne met pas de conditions pour nous prodiguer son amour.  Il fallait bien que Jésus naisse dans un peuple, qu’il pratique une religion, le peuple Hébreu, la religion juive.  Mais dès la première décennie après la mort de Jésus, comme nous le rappelle le texte des Actes des Apôtres que nous avons entendu en première lecture, Pierre reconnaît que
Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation,
celui qui le craint et dont les œuvres sont justes.

Contrairement aux dérives de tant de courants religieux, ce n’est pas la pratique pointilleuse de toutes les prescriptions de la Loi – quelle qu’elle soit – qui nous rend juste devant Dieu… mais les œuvres de justice que nous pratiquons.  Et parmi ces œuvres, la première et la plus importante est l’amour de Dieu et l’amour du prochain.  C’est ce que Jésus répond au scribe qui l’interroge dans l’évangile de Saint Marc (Mc 12,29-31).

Oui, au moment où Jésus ressuscité nous quitte pour remonter auprès du Père, rappelons-nous cette autre parole qu’il a dite à ses disciples :
Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. (Jn 13,34)

Tel est bien le testament spirituel de Jésus, ce testament qu’Il nous livre en ces jours qui précèdent son Ascension dans le ciel. 

Que la participation à cette eucharistie, qui nous fait déjà vivre le festin céleste avec les anges et les saints, nous donne la force de vivre selon les enseignements que Jésus nous a laissés par tous les actes de sa vie et par ses enseignements :
Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.

Frère Bernard-Marie

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