Septième Dimanche du Temps Ordinaire, Année B

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Is 43, 18-25 ; 2 Co 1, 18-22 ; Mc 2, 1-12.

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Avait-il seulement encore la force de croire, ce paralytique, que quatre hommes avaient dû porter, à bout de bras, à travers le toit, pour l’amener aux pieds de Jésus ? En effet, de cet homme couché sur une civière, incapable de s’avancer vers Jésus, incapable de prononcer une seule parole, on ne connaît rien, sinon la foi et l’amour de ceux qui l’ont porté jusque là. Ce qui touche Jésus, et ce qui nous étonne encore, à deux mille ans de distance, c’est la force de  cet amour, qui a poussé ces quatre hommes à braver tous les obstacles, tous les interdits, pour porter leur ami aux pieds de Jésus.

Quelles merveilles de générosité, de courage et d’ingéniosité sont capables de susciter l’amour et l’amitié dans le cœur des hommes. Pour l’amour d’un frère, d’un ami, d’un enfant, à quoi ne sont pas prêts tant d’hommes et de femmes ? Ne serions-nous pas prêts à courir le monde, à renverser tous les obstacles, à braver tous les interdits, à lasser de nos plaintes le juge le plus tyrannique, pour ceux que nous aimons ?

C’est cette puissance de l’amour humain, cette force extraordinaire pleine de créativité et de ressources, que Jésus admire dans ces hommes. Ils ont cru que, grâce à leur amour, tout deviendrait possible. Ils ont osé croire que l’amour peut renverser les barrières les plus infranchissables, même celles de la maladie et de la distance. Et c’est parce qu’ils ont osé y croire, que Jésus les a exaucés !

Mais Jésus ne s’arrête pas là. Face à cette merveille de l’amour humain, il va déployer cette merveille plus grande encore et plus extraordinaire de l’amour de Dieu. Non seulement les péchés sont remis, mais la vie est rendue, en plénitude, en surabondance. Dieu ne fait jamais les choses à moitié. Il donne à profusion, sans retenir sa Main. Il donne avec cette démesure d’amour et de bonté qui le caractérise. À l’amour des hommes, Dieu répond avec une démesure d’amour.

Frères et sœurs, nous touchons ici du doigt l’un des mystères les plus extraordinaires, mais aussi les plus terribles de la Révélation. Pour donner de l’amour, pour répandre son amour sur la face de la terre, pour submerger le monde de son amour, Dieu n’attend qu’une seule chose, c’est que nous commencions à aimer.

C’est à la fois merveilleux et terrible ? Merveilleux, parce qu’il suffit d’un rien, d’un simple geste d’amour, même caché au plus secret du désert, pour que Dieu répande au centuple son amour en ce monde. Mais terrible aussi, parce que cela signifie que ce petit signe d’amour, bien souvent, nous refusons de le donner. Si le monde manque d’amour, si nos communautés et nos familles sont parfois si dures, c’est parce que nous refusons d’aimer.

Ce monde nouveau, que nous promettait le Prophète Isaïe, dans la première lecture, n’attend que notre « oui » pour exploser, à la face du monde. Dieu n’attend que ce petit « oui » de notre cœur, un « oui » qui pourrait transformer le monde, si nous osions y croire ! Mais voilà, nous préférons attendre que les autres fassent le premier pas, qu’ils se lancent d’abord. Nous attendons des preuves, des signes, nous voudrions être sûrs, alors que Dieu attend de nous le premier pas de l’amour, pour embraser l’univers !

 

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