Septième Dimanche du T.O., Année B

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Is 43, 18-25; 2 Cor 1, 18-22; Mc 2, 1-12.
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Quelle surprise! Voilà Jésus de retour à Capharnaüm! Pourtant, peu de temps auparavant, Jésus avait dû quitter Capharnaüm, de nuit, pour se réfugier dans un lieu désert, à l’écart. Sous la pression de la foule, émerveillée par les guérisons qu’il y avait opérées, il avait dû s’éloigner. C’est pourquoi il avait enjoint au lépreux, qu’il venait de guérir, de n’en rien dire à personne. Mais peine perdue, tout le monde le cherchait, sa renommée se répandait et l’on venait à lui de toute part. Jésus s’était alors enfui, loin des foules, loin de cette célébrité nouvelle, pour chercher le silence et le secret.
C’est pourquoi le passage de l’évangile selon Saint Marc, que nous venons d’entendre, marque un tournant dans son ministère. Jésus revient de lui-même à Capharnaüm. Il ne fuit plus, il semble plutôt vouloir enfin affronter les attentes et les questions de la foule. Il agit désormais au grand jour, devant tout le monde, en guérissant le paralysé et en pardonnant les péchés, et il n’hésite plus à répondre aux questions que tout le monde se pose sur lui, en provoquant ceux qui l’entourent. Quelque chose s’est passé en lui, quelque chose a changé en lui.
Cette transformation intérieure, pour spectaculaire et inattendue qu’elle soit, est pourtant bien dans la logique des choses. La puissance de la parole de Jésus, la puissance de sa présence, ne peuvent être dissimulées. S’il a été un peu dépassé par la force qui jaillit de lui, Jésus a très vite compris qu’il fallait la laisser s’exprimer, qu’il ne pouvait la contenir. Il a compris qu’il devait consentir à ce qu’il était, accepter sa mission, accueillir sa vocation.
Consentir à ce que l’on porte en soi, bien souvent malgré soi, accepter de laisser grandir en soi ce qui nous a été donné et le laisser fructifier pour le bien de tous, pour le bonheur des autres, voilà qui n’est pas toujours si évident que cela. Nous le savons tous! Nous faisons tous l’expérience de nos refus, de nos résistances! Nous contrecarrons si souvent l’appel que Dieu a déposé en notre coeur. Nous avons tant de mal à accepter la vocation que nous avons reçue.
Nous sommes à la fois « oui » et « non ». Tantôt « oui », tantôt « non ». Mais bien plus souvent « non » que « oui ». Pourtant, comme nous le rappelait Saint Paul, dans la seconde lecture, le Christ, lui, n’a jamais été que « oui ». Dès le premier instant de son incarnation, il s’est reçu de Dieu jusqu’au bout de lui-même. Il n’a pas résisté. Il a aimé jusqu’au bout.
Si l’Apôtre peut se reconnaître dans ce « oui » de Jésus, pour nous, il n’en est pas de même. Par contre, il nous est plus facile de nous reconnaître dans ce peuple à la nuque raide et au coeur révolté que le prophète Isaïe mettait en scène dans la première lecture. Nos révoltes, nos péchés, notre ingratitude devraient décourager notre Dieu. Et pourtant le Seigneur, Lui, ne se laisse pas décourager. Il réitère son appel, il renouvelle sa grâce, il fait preuve d’une infinie patience envers nous. Il nous cherche inlassablement pour qu’un jour, cédant à tant d’amour et de bonté, nous tournions enfin nos regards vers Lui!
En nous montrant comment Jésus entra progressivement dans sa mission, comment, tout Fils qu’il était, il apprit lui aussi l’obéissance, pour reprendre la formule de l’Epître aux Hébreux, Saint Marc veut d’abord nous aider à découvrir le chemin de la docilité et de l’obéissance à l’appel de Dieu. Il n’est pas facile de laisser Dieu accomplir son oeuvre de grâce en nous, parfois même malgré nous. A la suite de Jésus, il nous faut consentir à être dépassés par son appel, pour pouvoir nous dépasser. Il nous faut lâcher nos peurs, nos appréhensions, nos doutes, pour nous laisser emporter par le mystère de la vie de Dieu en nous.
Au seuil de ce carême, alors que, dans quelques jours, la liturgie des cendres va nous rappeler que nous sommes poussière et cendres, Saint Marc nous rappelle que cette poussière est appelée à laisser rayonner la gloire de Dieu, pour le salut du monde!
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