Septembre 2006

Lundi 4 : Après plus d’un an d’absence, les frères ont vu leurs bureaux réinstallés au scriptorium. Fin d’un long chantier…

Jeudi 7 : La saison, pourtant si douce, va voir se multiplier les ennuis de santé : depuis ce soir une forte fièvre oblige P.Armando à garder la chambre ; elle lui a même occasionné des chutes pénibles qu’il prend avec une étonnante philosophie. À ce point qu’après 75 années de profession, il se félicite de se voir enfin marcher à pas de géant vers le but tant convoité. Mais la route reste longue et avant la fin du mois nous le retrouverons fidèle à son poste tant à l’église qu’au réfectoire.

Vendredi 8 : Père Abbé, rentrait ce matin tôt de Maromby. C’est qu’en ce jour de la fête de la Nativité de N.D., conjointe à celle du Bienheureux Guillaume de Saint Thierry, une grosse et grande journée l’attendait : la toute première visite de nos frères de Tilburg depuis leur fondation, il y a de cela 125 années. Ou, pour le dire autrement, ainsi que s’en exprima leur abbé Dom Bernardus, leur pèlerinage aux sources. Mère Iñès de Belval avait eu la délicatesse de venir partager la joie commune. Après l’eucharistie, la saison incroyablement douce et ensoleillée permit de nous retrouver tous au jardin pour partager à l’ombre d’un grand arbre un plantureux repas. Après le dessert, Dom Bernardus se plut à rappeler la consigne laissée par notre premier abbé Dom Dominique à son jeune prieur, le P. Sébastien Wyart, lorsqu’il l’envoya ouvrir un refuge en Hollande : « Laissez Tilburg être Tilburg ». Combien ce fut sage, l’histoire le dira, puisque Tilburg donnera au Mont des Cats deux abbés successifs. Dans sa réponse, Dom Guillaume laissa entendre que sa propre communauté brûlait de voir à son tour de ses propres yeux cette fille tellement plus grande que sa mère ! Après l’office de none chanté en néerlandais, nos invités ont pu visiter la maison, notamment une remarquable exposition montée par F. Daniel à partir des archives et des tableaux de la maison.

Samedi 9 : À l’insu de P.Abbé, un groupe folklorique polonais du Nord / Pas-de-Calais, Kalina, s’était offert dans le plus grand secret à venir se produire au monastère le jour de sa fête. Ce ne put être finalement que le lendemain mais, le secret ayant été bien gardé, ce fut pour tous une surprise inoubliable, encore agrémentée de la présence de Mme le consul de Pologne à Lille. Cela commença à l’église par des chants polonais exécutés depuis la tribune, pour se poursuivre dans le jardin de l’hôtellerie avec des quadrilles et autres danses, et enfin se conclure autour d’un buffet, typiquement flamand celui-là.

Dimanche 10 : Nouvelle moins joyeuse : F.Gilles, notre directeur de la fromagerie mis au repos à Belval depuis 2 semaines, y a été ce matin victime d’un malaise qui a nécessité son transport à la polyclinique de St Pol, qui l’a elle-même transféré à l’hôpital d’Arras, d’où il a été évacué au CHR de Lille.
Dans le même temps, notre infirmier F. Bertrand se préparait à partir, ce lundi à Saint-Anselme pour deux années d’études romaines. À cause de cela, P.Abbé avait réorganisé complètement et l’équipe médicale et l’équipe fromagère. F. Florent a remis la haute main sur l’infirmerie, secondé par nos frères Jean-Paul, Félix et Vincent, tandis qu’à la fromagerie une semblable direction collégiale est assumée par nos FF. Jacques, Philippe et Bernard-Marie. Seule parente pauvre, la boulangerie ne peut plus compter que sur les quatre bras – mais quels bras ! – de nos Fr. Marcellin et Pascal.

Mercredi 20 : Au lever de la communauté, nous apprenons que notre doyen d’âge, frère Joseph (94 ans), qui s’éteignait doucement depuis quelques jours, vient de nous quitter. Aveugle depuis plusieurs années, F. Joseph, oblat convers, comptait 51 ans de vie religieuse et ne savait plus que prier, sans se lasser jamais.
Les funérailles eurent lieu en fin d’après-midi du jeudi 21, sous une lumière d’une intensité et d’une douceur droit descendues du paradis.

Samedi 23 : Une vieille connaissance nous fait la surprise d’une courte apparition en communauté : c’est notre frère Arnold, venu passer quelques jours au milieu de nous. Et le soir au chapitre Père Abbé nous informe des derniers changements d’emplois à venir : F. Pierre quittera le magasin pour le poste de président du travail assumé jusqu’à présent par F.Philippe ; F. Nivard prendra la relève de F. Pierre au magasin et F. Gilles celle de F. Nivard à la bibliothèque.

Mardi 26 : L’hôtellerie accueille pour 48 heures la session semestrielle des chantres réunis autour de Mr Philippe Robert, compositeur à Liège. Autre nouvelle moins gaie : notre F.Yvon est transporté au Centre de soins palliatifs Jean XXIII de Frelinghien.

Samedi 30 : A l’invitation de nos frères de Sint-Sixtus Abdij, tous ceux qui ont pu se libérer aujourd’hui ont passé la frontière pour rejoindre les descendants des transfuges qui, voici 175 ans et par fidélité à leur vœu d’obéissance, quittèrent le Mont des Cats et allèrent s’implanter en Belgique. C’était pour nous la première fois que nous allions rendre visite en communauté à nos voisins les plus proches.

En lecture de réfectoire nous venons d’entendre avec grand plaisir et, souhaitons-le, plus grand profit encore, le roman que Maurice Bellet a offert au public voici dix ans : Les allées du Luxembourg (DDB 1996).

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