Sainte Marie, Mère de Dieu, Solennité

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Nb 6, 22-27; Gal, 4, 4-7; Lc 2, 16-21.

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Dans la tradition de l’Eglise, au fil des siècles, cette Solennité du 1er janvier a pris plusieurs visages. Alors que dans la liturgie primitive, on célébrait, en ce jour, la mémoire de la Naissance et de la Maternité Divine, au VIe siècle, en Occident, la fête de la Circoncision du Seigneur remplaça la mémoire de Marie. Puis, au Moyen-âge, sous l’influence de Bède le Vénérable, de Saint Bernard et de Saint François d’Assise, se répandit la dévotion pour le Saint Nom de Jésus.

Nous retrouvons tous ces aspects, dans les lectures, que nous propose la liturgie de ce jour, qui nous invitent à méditer le mystère insondable de l’Incarnation. Au seuil de cette année nouvelle, que le Seigneur nous offre, laissons le mystère du Dieu fait chair transformer notre vie.

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Le passage de l’Evangile, que nous venons d’entendre, résonne comme l’accomplissement de cette très belle bénédiction, donnée à Moïse pour les fils d’Aaron, dans le livre des Nombres: « que le Seigneur fasse briller sur toi son visage, qu’il se penche vers toi, que le Seigneur tourne vers toi son visage, qu’il t’apporte la paix »! Le Dieu invisible, inconnaissable et infini, que nul n’a vu ni ne peut voir, a pris un visage humain. Il se penche vers nous, comme il s’est penché sur son humble servante! Le Seigneur fait, pour nous aussi, des merveilles! Saint est Son Nom! Le Magnificat n’est pas seulement la prière d’action de grâce de Marie, c’est également la nôtre.

Mais ce visage d’homme, ce visage de chair et de sang, ce regard de Jésus qui traverse tous les Evangiles, du jeune homme riche à la femme adultère, en passant par Zachée, perché sur son arbre, et Pierre, après sa trahison et après la Résurrection, ce regard de Jésus se pose encore aujourd’hui sur chacun d’entre nous. Si Dieu a pris un visage d’homme, c’est pour demeurer proche de nous, de chacun d’entre nous, tout au long des siècles.

Les artistes chrétiens ont bien compris cela, eux qui, au long des siècles, se sont plu à essayer de reproduire les traits de celui qui avait touché leur coeur et transformé leur existence. Mais ce visage de Jésus, s’il porte la ressemblance de celle qui l’a porté, de celle qui l’a enfanté, de celle qui l’a caressé, porte aussi cette ressemblance divine, cette image d’un au-delà de ce monde. En regardant Jésus, ses disciples pouvaient certes reconnaître les traits de Marie, Sa Mère, mais ils pouvaient voir aussi la marque invisible du Dieu très Haut. Et cette autre ressemblance, les artistes de tous les temps n’ont jamais réussi à la rendre vraiment. Comment traduire, en effet, la marque du Dieu invisible?

Cette marque-là, cette ressemblance divine, nous pouvons cependant la contempler, comme par ricochet, comme en écho, dans la vie de ceux qui furent transformés, transfigurés, par leur rencontre avec le Fils de Marie, le Fils du Dieu très Haut! C’est en contemplant la lente  transformation des Apôtres, la soudaine conversion de Marie-Madeleine, la lente maturation des Saints de tous les temps, que nous pouvons retrouver quelque chose de ce visage de lumière qui a bouleversé leurs vies, et qui attend de pouvoir bouleverser la nôtre.

Le signe particulier de cette rencontre avec le visage de Jésus, c’est encore la bénédiction du livre des Nombres qui nous en livre le secret, c’est la paix! Non pas la paix vide qui naît de l’absence de combats et de soucis, cette paix des morts dont Jésus Lui-même a dit: « laissez les morts enterrer les morts »! La paix de Dieu est une paix dynamique, jaillissante, vive comme un torrent de montagne, pure comme un matin de printemps.

Cette paix de Dieu, ce reflet du visage de Jésus, nous en voyons un merveilleux exemple sur le visage de Marie elle-même. Tout au long de la vie de Jésus, durant les trente années de sa vie cachée, ou durant sa vie publique, jusqu’au pied de la Croix et au matin de la Pentecôte, Marie est là, « méditant dans son coeur » le mystère de ce visage qui a transformé sa vie.  Derrière les traits de ce visage, si semblable au sien, elle a découvert la marque de cet autre visage, dont l’amour a transformé sa vie, en transformant le monde. Un amour qui ne nous abandonnera jamais, quoiqu’il arrive!

 

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