Quinzième Dimanche du Temps Ordinaire

Un homme descendait de Jérusalem à Jéricho…

C’est ainsi que commence la parabole que Jésus présente au docteur de la Loi.  Cet homme quitte la ville sainte pour se rendre dans la ville de perdition.  Depuis Abraham et son neveu Lot, la vallée de Jourdain est réputée la région de toutes les débauches et de tous les péchés (Gn 19,1-29).  Quitter les sommets de la Sainte Jérusalem pour descendre dans les profondeurs des péchés de Jéricho, voilà le parcours que Jésus nous présente au début de la parabole.
Sur les montagnes de Judée et à Jérusalem les croyants reconnaissent que tout ce qui vit vient de Dieu.  La pluie tombant du ciel est don divin pour une nation qui a fait de la Ville Sainte le centre de sa relation à Dieu.  Dans la vallée du Jourdain par contre, il n’est pas nécessaire de travailler, l’eau coule toute seule et fait fructifier tout ce qu’on plante.  La vie est aisée, le travail peu contraignant.  Les habitants des villes des bords du Jourdain ont tout loisir de faire ce qui leur plaît et d’oublier que tout la nature et ses fruits sont dons de Dieu.  Devant la munificence de la nature les habitants négligent d’en remercier l’auteur de tous les biens de la terre.  L’orgueil augmentant avec l’ambition, le péché guette…
Lorsque Jésus parle de l’homme qui descend de Jérusalem à Jéricho, on peut y voir un parallèle avec l’homme qui, dans le jardin d’Eden, avait le privilège de voir Dieu mais qui, par le péché insufflé par le serpent, en arrive à pécher contre Dieu et à être renvoyé du paradis (Gn 3,1-24).  Lui aussi, il est descendu de Jérusalem à Jéricho, changeant les dons de Dieu pour travailler à la sueur de son front.  La proximité avec le Seigneur est rompue et l’homme ne sait plus comment obéir aux commandements.
De plus, l’homme descendant par le chemin…
tomba sur des bandits ;
ceux-ci, après l’avoir dépouillé, roué de coups,
s’en allèrent en le laissant à moitié mort.
Descendant vers les lieux de débauche et de péché, voilà que le mal est venu à se rencontre dans ces bandits de grand chemin qui profitent de la fragilité des hommes glissant déjà sur la mauvaise pente.  Le voilà dépouillé de tout et laissé pour mort physiquement, lui qui se préparait à profiter de la vie dans la ville pécheresse, ce qui allait le conduire à une mort spirituelle.
Et voilà que montent deux personnages, de retour de Jéricho et en route pour Jérusalem.  Un prêtre et un lévite font le chemin inverse de notre homme.  Ils le voient assommé et en sang sur le bord du chemin.  Leur religion, qu’ils s’apprêtent à pratiquer dès leur retour dans la ville sainte, leur présence pour les cérémonies dans le Temple, leur interdisent de s’approcher de la victime.  La pureté rituelle serait perdue et ils ne pourraient pas célébrer le culte du Seigneur avec leurs confrères.  Revenant de Jéricho, peut-être n’étaient-ils pas tout à fait purs, le péché rôdant dans cette ville… mais, estimant que cela relève de la vie privée, ici sur la route, il faut être pur et irréprochable.
De passage sur la même route, voilà le Samaritain qui s’arrête, saisi de pitié pour l’homme tombé aux mains des bandits.  Le Samaritain était un étranger dans son pays, rejeté par les juifs de souche qui refusaient d’accorder à ces immigrés de force droit de cité dans la ville Sainte de Jérusalem.
Nous pouvons reconnaître dans le Samaritain Jésus Lui-même.  Venu d’auprès de Dieu, Il s’est fait homme, mais les hommes ne L’ont pas reconnu.  Il a été rejeté puis condamné à mort.  Pourtant, Jésus est venu pour sauver tous les hommes.  D’abord ceux qui avec Adam et Eve ont été renvoyés du Paradis, ici représenté par l’homme qui quitte Jérusalem pour Jéricho.  Les bandits sur la route sont les démons qui nous assaillent et nous font tomber dans le péché.
Laissons-nous toucher par Jésus… nous sommes tombés aux mains des bandits et nous avons besoin des soins que Jésus est venu nous prodiguer.  Nourrissons-nous ensuite du pain eucharistique pour avancer sur notre route.  Demandons au Christ, le Fils de Dieu, de nous prendre par la main pour nous faire remonter vers la Jérusalem céleste, but de notre pèlerinage terrestre.

Frère Bernard-Marie

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