Quatrième Dimanche du T.O.

Déjà avant cet Evangile des « Béatitudes », S. Matthieu parlait de « bonheur ». C’est la « Bonne nouvelle », le bonheur du Royaume que Jésus a commencé d’enseigner à travers toute la Galilée. Et c’est en signe de bonheur qu’il guérissait toutes sortes de maladies et d’infirmités. La conclusion du tableau de Mt ne vous étonne donc pas : « De grandes foules commencèrent à suivre Jésus, depuis la Galilée, la Décapole, depuis Jérusalem, la Judée et la Transjordanie ». Autrement dit : de partout, on venait à lui.
Mais le bonheur que Jésus apporte n’est pas quelque chose qui nous reste extérieur : une sorte de confort. C’est quelque chose qui nous atteint à l’intérieur : c’est un bonheur du cœur, indéracinable. Encore faut-il que le cœur soit atteint, que le cœur soit « atteignable ».
Les béatitudes indiquent comme des voies pour ce bonheur du cœur. On peut y lire une série de modes de vie qui obtiennent, de suite ou avec un certain délai, le bonheur. Les pauvres de cœur : à eux dès maintenant le royaume ; aux affligés, la consolation est promise… Et les contraires que l’on trouve chez S. Luc sont bien plus nets encore : malheur à ceux qui vivent riches, à ceux qui vivent rassasiés…
Mais si l’on regarde de plus près ces modes de vie prônés par Matthieu, on verra que ces états de vie, loin d’être des situations stables, établies, sûres et sans risque, comme l’on dirait aujourd’hui, ce sont justement des états nettement instables. Autrement dit : loin d’être des ‘états’, ce sont des vies sans sécurité, des vies sans filet, des vies exposées, des vies à la merci d’autrui et des aléas de l’existence. Etre pauvre, être doux, avoir soif de justice, être miséricordieux…. Tout cela est loin d’être garantie de tranquillité.
Toutes ces portes d’accès à la Béatitude sont bien plutôt une fragilité, une faiblesse accueillie, portée, voulue. C’est plutôt une ligne de faille qui se découvre en nous un jour et que nous recevons comme notre chemin. Et ce bonheur auquel elle ouvre a pour nom ‘Royaume des Cieux’, Royaume de Dieu, dans la mesure où Jésus lui-même s’y manifeste.
Il vient en effet à la rencontre, non seulement des foules de tous les coins de Palestine mais de nous tous. Lui-même est passé par ces portes d’accès au bonheur. Lui qui était riche s’est fait pauvre au milieu de nous. Il s’est rangé du côté de la vraie justice, non celle qui regarde aux apparences. Il s’est laissé si souvent toucher, émouvoir de pitié par ceux qui venaient à lui ou le rencontraient. Il a aimé jusqu’à ceux qui l’on trahi, livré à la mort.
Le jour où le Seigneur passe dans notre vie et y entre ne sera pas un jour de gloire humaine. Ce sera un jour où notre chemin sera plutôt obscur ; le jour où notre cœur découvrira, par la grâce de Dieu, que l’une de ces multiples portes d’accès au bonheur est là toute proche, comme mise ce jour-là à notre disposition. Par là, Jésus et notre Père appellent. De ce côté, est la joie de Dieu, la joie du cœur.
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