Quatorzième Dimanche du Temps Ordinaire

La joie, mais quelle joie ? « Réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux ». Derrière cette inscription dans les cieux, il y a celui qui habite les cieux, notre Père qui est aux cieux ; c’est lui qui inscrit, c’est lui qui accueille. Etre accueilli par lui est la source de la joie inébranlable.
Bien sûr, les disciples se réjouissaient de tout ce qui se passaient dans leur mission. Voilà que les malades guérissaient ; et que les esprits mauvais leur étaient soumis. Un pouvoir extraordinaire passait par eux : pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et même : pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et cet Ennemi, Satan le Diviseur, en tombait du ciel ! Une joie forte, celle-là. Mais non encore la joie la plus solide, affirme Jésus.
La joie n’est pas tant dans l’éclatant résultat de leurs travaux, mais dans celui qui leur a donné une telle puissance. Derrière toutes leurs démarches, il y a une personne. Ils agissent « au nom du Seigneur Jésus », le Seigneur Jésus qui leur retransmet le mandat reçu du Père : aller annoncer le règne de Dieu. C’est le Père qui les a appelés à cette mission et les envoie, c’est avec lui qu’ils sont en route. Ils sont ainsi les premiers destinataires de leur message : le Seigneur Dieu est tout proche d’eux, et voilà la source la plus grande de leur joie.
Cette joie nourrit leur confiance. Avant même d’envoyer les disciples en mission, Jésus leur dit que, même si eux se mettent en route, la mission manque terriblement d’ouvriers. Ce n’est pas pour les décourager avant de commencer. C’est pour qu’ils se tournent vers Celui qui mène vraiment la mission, le « maître de la moisson ». Pas de problème pour qui fait confiance au « Maître de la moisson », pour celui qui fait confiance à notre Père. De lui, la paix et la joie.
D’ailleurs, le Père n’est pas à imaginer comme le maître qui commande depuis un palais lointain. La perspective est tout à fait inverse. Les envoyés n’ont qu’une seule parole, semble-t-il. La même  aussi bien pour ceux qui veulent bien les écouter que pour ceux qui les chassent. « Le Royaume de Dieu est tout proche » ; il est « tout proche de vous ».
Ce que le Père espère nous faire découvrir, c’est combien lui-même est proche. Quand tu pries dans le secret, quand tu as pitié de la personne près de toi, le Père est là dans le secret, il voit ce que tu fais. Quoi que nous fassions par égard pour ceux avec qui nous vivons, le Père le voit, et il est uni de cœur à nous dans ce que nous faisons. Son Esprit est là à l’œuvre avec nous.
Cette bienveillance totale du Père, c’est cela qui emporte dans le dynamisme de la mission, c’est cela qui rend plein d’audace, qui lance même vers les situations difficiles – au milieu des loups, dit Jésus -, qui permet d’accepter les rebuffades, les refus.
Ce n’est pas un parti qu’il s’agit de défendre, c’est une personne qui se présente. Elle n’est que bonté pour chacune et chacun, elle ne s’estime aucun droit sur qui que ce soit, mais elle propose son Royaume, cad là où la vie, la paix et la joie seront en abondance, parce que le Père les offre sans mesure dans la joie d’aimer chacun et d’en être aimé.

Père Abbé

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